Chapitre 7 - Partie 2

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Samedi quatre décembre deux mille vingt-et-un

Sibylle en avait marre. Elle en pouvait plus. Elle ne voulait qu'une chose c'était boire. Ou alors s'asseoir. Ou encore retirer ses chaussures dans lesquelles ses chaussettes mouillées glissaient. Ou peut-être manger. Elle ne savait plus. De toute façon ça faisait un petit moment qu'elle était déconnectée. Pourquoi ? Pourquoi elle l'avait choisit lui ? Pourquoi lui et pas un autre ? Son pantalon de jogging imperméable et ses chaussures de rando auraient dû lui mettre la puce à l'oreille. Son sac à dos avec un tuyau qui dépasse aurait dû crier carton rouge. Mais non, elle l'avait choisit lui et comme les deux idiots qu'ils sont ils l'avaient suivit. D'abord jusqu'à la gare. Rien de fou ou d'intéressant. Mais quand ils l'avaient vu rejoindre un groupe de personne habillé comme lui, ils avaient vu un potentiel en Ottho. Oui Ottho, c'est le petit nom qu'ils lui avaient donné après que Gaël soit tombé dans la boue et que sa veste fut trempée. C'est le nom qu'ils lui avaient donné quand ils commençaient déjà à souffrir de leur balade. Ottho parce qu'entre le « M » de Marco et le « P »de Paulo il y a le « N » et le « O ». Ils n'avaient rien trouvé pour le « N », alors ce fut Ottho. Elle n'arrivait plus à réfléchir, alors elle se répétait ça en boucle. Quand ils l'avaient vu prendre la direction de la grande cascade, ils s'étaient dit que ça serait super comme idée pour une sortie en amoureux pour les deux protagonistes, alors ils avaient scruté les moindre fait et gestes d'Ottho. Sa façon de sentir les arbres, de poser ses bâtons de marche sur le sol. Voilà, elle savait. C'est ça qu'elle voulait le plus. Une paire de bâton, pourque ses bras puissent soulager ses jambes endolories. Quoi que, elle commençait à avoir des fourmis dans les bras aussi à force de porter son sac à main qui pesait une tonne. Pourquoi elle prenait autant de chose ? Et pourquoi elle ne prenait pas un sac qui se porte en bandoulière ?

Elle continua de marcher en suivant le dos de Gaël, sans rien dire, sans regarder les paysages devant elle, seulement avec le bruit de son souffle lourd qu'elle ne cherchait même plus à contrôler. Elle soufflait comme un bœuf et bah tant pis ! De toute façon son ami, même en étant un grand sportif, avait aussi du mal dans cette randonnée. Et ce n'est pas Ottho qui l'entendrait vu qu'ils l'avaient perdu de vue depuis un bon kilomètre déjà.

Sibylle sentit son souffle se couper quand son pied glissa d'une pierre. Elle eut à peine le temps de mettre les mains en avant qu'elle s'étalait de tout son long. Gaël qui l'avait entendu se rétamer s'arrêta et se tourna. Elle prit appuis sur ses mains et se tourna pour s'asseoir. Une de ses bottines neuve était éraflée sur tout le côté, son jean préféré était troué au genou, mais elle n'avait même plus la force de râler. Peut-être que dans une autre situation elle en aurait même pleuré, mais là rien. Le néant, même pas un pincement au cœur de voir son sac à main en cuire tremper dans la neige. Il sera foutu et bah tant pis. Elle attrapa la main de son ami et se releva. Elle grimaça en posant son pied au sol, une petite douleur au genou la gênait, mais ils devaient continuer à avancer, suivre Ottho pour écrire ce putain de livre.

Elle souffla en laissant tomber ses bras le long de son corps quand elle vit le groupe juste devant elle. Ils regardaient le Roc du Cuzeau en sortant leurs sandwichs. Voilà que la faim lui reprenait. Son estomac gargouilla et elle sentit ses bras redevenir lourd. Ça ne servait à rien de regarder dans son sac, elle n'avait rien, ni eau, ni barre de céréale, ni même un vieux chewing-gum, elle avait déjà regardé. Elle sorti son téléphone pour s'informer de l'heure. Midi. Ça faisait deux heures et demi qu'ils crapahutaient en suivant le groupe qui avait l'air de faire une balade pépère un jour de marché, alors que eux ressemblaient à deux marathoniens qui auraient fait leur quarante deux kilomètres dans la boue. Mais ce n'était pas son état physique le pire, c'était sa santé mental qui était mise à rude effort depuis qu'ils étaient parti et le coup de grâce arriva sans qu'elle ne le voit venir. Ottho c'était approché d'eux, l'air de rien, en mordant dans un bout de pain à moitié sec qui avait l'air vachement bon, et qui leur avait dit, comme si c'était tout à fait normal d'aborder les gens pour leur dire ça « Mais il ne faut pas se lancer dans une telle randonnée sans être équipé. Les touristes me feront toujours rirent. ». Elle aurait pu lui arracher la langue pour ça. Et d'ailleurs elle en avait bien envie. Quand elle vie la veste boueuse de Gaël se secouer parce qu'il rigolait, elle comprit que son ami avait une crise de nerf, que lui aussi n'en pouvait plus. Elle posa sa main sur son bras valide et lui dit simplement qu'ils rentraient. Voilà, plus rien à faire d'Ottho. Ils allaient redescendre jusqu'en ville sans se retourner. Ils n'étaient pas monté à plus de mille sept cent mètres d'altitude en chaussures de ville et sans eau, pour se faire traiter de pecnot par le premier venu. Ils n'avaient pas marché plus de cinq kilomètres et demi sur des sentiers casses gueules pour qu'Ottho ne soit finalement pas mieux que le Paulo de base.  

Un livre de noëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant