Chapitre 21 - Partie 1

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Samedi onze décembre deux mille vingt-et-un


Sibylle relu le passage qu'elle venait de modifier. Le dernier paragraphe du dernier chapitre. Celui où Marco et Paulo s'embrassent pour la première fois. Celui où ils se disent à demis mots qu'ils s'aiment. Celui qui donne tout son sens à la magie de noël. Celui qui clôture cette histoire. Celui qui se termine par « fin ». Le passage qu'elle avait écrit il y a quelques jours et qu'elle venait de reprendre en entier, en le rendant plus réel, en décrivant le contraste entre la douceur de leur échange et le brasier qui les animaient.

Quand ses yeux passèrent sur les mots qui l'emportait dans le baiser des deux hommes, elle passa son index sur sa lèvre supérieur. Un frisson remonta le long de son dos et de petits picotements engourdirent sa bouche. Sa poitrine se gonfla en repensant à la sensation du baiser qu'elle avait échangé avec son ami. Elle avait l'impression de redevenir adolescente. Elle retrouvait les mêmes sensations que les baisers échangés avec Clément, le frère de sa meilleure amie, lui procuraient. Caché dans la pénombre du couloir, ou encore en ayant trouvé une excuse bidon pour l'accompagner à la cave, ou encore quand ils se caressaient du bout des doigts assit l'un à côté de l'autre sur le canapé pour regarder un film. Des picotements descendirent de son estomac pour aller chatouiller son aine, ses oreilles vrombirent en sentant une caresse imaginaire parcourir son dos pour s'arrêter sur sa chute de reins. Un frisson plus fort que le précédent la fit revenir à la réalité quand son doigt passa sur le coin de sa bouche, celui que Gaël avait embrassé furtivement devant Miguel hier, quand ils partaient. Elle ferma fort les yeux et secoua la tête. Elle était en manque et elle ne pouvait pas le nier. Si un faux baiser la mettait dans un état pareil, elle ne pouvait pas faire l'autruche.

Sibylle s'appuya contre le dossier de sa chaise et attrapa machinalement son collier qu'elle coinça entre ses lèvres, alors que ses doigts faisaient faire des allers retours au pendentif qu'elle malmenait à chaque fois qu'elle se perdait dans ses pensées. Elle est en manque c'est réel, mais en manque de quoi ? Est-ce que c'est la relation interdite qui les obligeaient à se cacher qui lui manquait ? Ce flirt maladroit sans jamais savoir vraiment ce que l'autre pense, sans jamais rien se promettre. Ou est-ce qu'elle voulait quelqu'un dans sa vie ?Quelqu'un avec qui rire et tout partager. Ou est-ce qu'elle avait tout simplement besoin de tirer un coup ? Besoin qu'on la désire et de désirer quelqu'un ? Peut-être tout à la fois ! Elle avait envie de flirter, de se chercher, de tout faire pour plaire à l'autre, de tout partager avec quelqu'un. Même les premiers ébats maladroits lui manquaient, essayer de faire plaisir à l'autre sans faire foirer, se mettre la pression pour rester sexy et glamour, pour finalement passer un moment moyen qui les ferait rire plus tard quand ils auront trouvé leur rythme.

Elle avait envie de regarder son téléphone, regarder les réseaux sociaux de Clément, voir où est-ce qu'il est, s'il a quelqu'un dans sa vie. Mais elle repoussa encore plus son cellulaire. Elle travaillait et elle n'avait pas envie d'être interrompu, manquerait plus qu'un message de Miguel arrive ou alors que quelqu'un de sa famille est entendu parler de leur mensonge, elle n'avait pas le temps de leur expliquer maintenant.


Elle se redressa et remit ses lunettes. Ce n'était pas le moment de penser à ça. Elle était sur la fin de son histoire et elle devait rester concentrée. Surtout qu'elle n'allait pas trouver ce qu'elle souhaitait ici. Clément était parti depuis longtemps et il était hors de question qu'elle ne puisse même qu'imaginer un truc entre elle et Miguel, elle était en manque certes, mais pas désespérée, tout ça attendrait qu'elle retourne sur Clermont-Ferrand.  

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