Chapitre 14 - Partie 3

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Lundi six décembre deux mille vingt-et-un

Sibylle s'installa rapidement entre Idris et Gaël pour être sûr de ne pas être assise à côté de Miguel. Sa mère avait insisté pour qu'ils mangent avec eux avant d'aller travailler dans sa chambre, elle avait l'impression d'être une ado dans un film à l'eau de rose. Ils avaient donc ajouté un couvert à table et elle se retrouvait prise en sandwich par les deux autres qui se passaient le téléphone d'Idris qui montrait des photos de Solange à Gaël. Elle adorait son frère, mais là elle voulait qu'il arrête de parler de future femme et tout autre chose qui était en rapport et qui pourrait relancer les adultes dans leurs idées de la mettre en couple avec Miguel qui parlait d'un chantier qu'il faisait avec son père. Gaël aussi avait eu le droit à quelques questions en arrivant, est-ce qu'il à quelqu'un dans sa vie en ce moment, comment va son épaule et tout le charabia habituel. Sibylle ne fut pas étonnée que Selena soit déjà au courant de tout, la femme se vendit elle même en avouant que Romane leur avait dit qu'ils s'étaient croisé. Elle fit semblant de s'inquiéter pour son épaule puis lui demanda ce qu'il allait faire de son temps libre, alors que les autres parlaient foot. Elle rigola doucement, quand il lui répondit  qu'il baladait le chien de sa voisine, qu'il donnait un coup de main au petit garçon qui habitaiten face de chez lui pour apprendre sa poésie, ou encore qu'il pensait à aller voir Eugène pour lui proposer de l'aide pour ranger son hangar.

Sibylle bu une gorgée pour cacher son sourire. Le hangar du vieux Eugène était connu dans tout le village, un débarra de chose qu'il avait récupéré et entassé aux fils des années. La dernière fois qu'ils y étaient allés, ils avaient compté huit voitures et trois tracteurs abandonnés, des tonnes de radiateurs, une caravane qu'ils n'avaient pas réussit à ouvrir tellement la porte était rouillée, des pneus à ne plus pouvoir les compter, un abreuvoir et une remorque complète de ski dépareillés. Un vrai musé qui retraçait l'histoire de tout ce qui avait pu être abandonné ou jeté dans le village. Mais le plus important dans ce hangar était la distillerie que le vieux avait installé en cachette et où il fabrique son propre calvados ou tout du moins quelque chose qui y ressemble. Un liquide assez fort avec une couleur ambrée qu'il mettait en bouteille et qu'il stockait caché dans son bazar. Stock qu'ils avaient trouvé un jour au hasard, qu'ils avaient volé en partie avec Gaël et qui était à l'origine de sa première cuite. Personne n'avait jamais rien vu, ou alors le vieux s'en était rendu compte, mais n'avait rien pu dire parce que son laboratoire de fabrication n'est pas vraiment légal. De toute façon ce n'est pas une bouteille qui allait lui manquer, c'est l'excuse qu'elle avait sorti quand son ami lui avait proposé d'en prendre une. Pendant que tous leurs camarades de lycée étaient à une fête, il avait fait leur contre soirée dans la forêt, à deux. Sur le coup elle s'était sentit minable de voler un vieille homme, mais ça faisait déjà un moment qu'ils l'arnaquaient impunément pour que ça morale reprenne le dessus ce soir là. Eugène avait décidé que tous les enfants du village devaient savoir skier pour porter haut et fièrement leurs couleurs jusqu'aux jeux olympiques. Il leur donnait à chacun une somme d'argent pour les subventionner, comme ils disaient, mais les adultes ne devaient pas être au courant, c'était leur petit secret. Sibylle avait détourné cette argent pour s'acheter des livres et Gaël pour son équipement de rugby. Finalement, c'était peut-être eux à qui ça avait le plus profité. Sacré Eugène, personne ne savait d'où venait sa fortune, certain disaient qu'il avaient dû être champion de ski pour vouloir que tout le monde en fasse, d'autre disaient qu'il avait fait fortune en trouvant un trésor dans son bazar, mais ce qui se disait le plus quand elle était à l'école, c'était qu'il était un gangster et qu'il avait volé cet argent à un autre gangster.

Sibylle se mit à rire en y repensant. Le raclement de gorge de sa mère lui fit revenir à l'endroit présent.

- Tu es vraiment sans cœur pour rire de cette histoire. Sa mère lui jeta un coup d'œil en biais. Romane a vraiment mal vécu de ne pas pouvoir se marier à la date souhaité.

- Je rigolais pas pour ça, je repensai à un truc.

- Tu pourrais te concentrer sur la conversation quand même. Sa mère se redressa. On a des invités.

- Sans vouloir vous vexer, je m'en fou. Elle se leva. Elle ne savait pas d'où venait cet audace de dire ce qu'elle ressentait comme ça venait, mais elle en profita. J'en ai rien à faire de ce que ressent Romane, car elle est et restera toujours une emmerdeuse. Elle nous faisait la misère au lycée et maintenant elle arrive aussi à plomber nos repas. Elle mit ses mains devant elle pour désigner la table. Elle repoussa sa chaise. Ensuite, je suis certaine que vous trouverez une femme qui aime rester chez elle à s'occuper de sa famille pour Miguel, mais ce n'est pas moi. Sur ce, je monte continuer mon livre, car ce n'est pas que un hobby, c'est mon travail. Elle contourna la table. Bon fin d'appétit. Elle commença à monter les escaliers alors que ces jambes flageolaient. Elle ne savait pas ce qui lui avait prit, mais elle se sentait à la fois soulagée et penaude.

- Tu vois que t'avais pas besoin de moi, t'as géré comme un chef. Gaël posa sa main sur son épaule pour la faire avancer plus vite. Tu m'as épaté poids plume.

- Tu crois que j'ai fait une connerie.

- Se battre pour ce en quoi on croit ou pour sa liberté, morale ou physique, n'est jamais une connerie. Après, il faut voir la forme qu'on y met, mais là la discussion n'aurait pas été possible.

- Merci. Elle appuya sur la poignée pour rentrer dans sa chambre. Les mots de son ami la rassurèrent un peu. Elle n'était pas complètement folle, c'est eux qui faisaient des manières pour pas grand chose.    

Un livre de noëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant