Chapitre 23 - Partie 3

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Lundi treize décembre deux mille vingt-et-un

Sibylle regarda Gaël récupérer les miettes de son croissant sur sa serviette et les mettre dans sa bouche. Il avait l'air de se régaler autant avec les miettes de sa troisième viennoiserie qu'à la première bouchée de sa première.

- Quoi ? Il la regarda le regarder.

- T'as rien mangé à ton premier petit déjeuner pour en reprendre autant ?

- Si, je me suis fait un smoothie pêche framboise, avec des flocons d'avoine, du cacao en poudre, de la noix de coco et j'ai même rajouté du fromage frais pour que ça soit plus onctueux. Il lui sourit. Avec une tartine de camembert confiture de fraise.

- Mais ... mais ça doit être dégeu ! Comment tu peux mélanger autant de truc ? Elle secoua la tête pour chasser l'image.

- Que veux-tu ? Je suis une mutation génétique entre un clébard et une poubelle, rien n'a changé depuis le lycée. Il lui tira la langue.

- J'imagine même pas l'odeur du truc. Elle secoua de nouveau la tête. Je suis bien mieux avec mon café au lait et c'est tout.

- Mais c'est pas bon de rien manger la matin.

- Je sais, mais j'ai pas faim. En général j'attends une bonne heure et là je me fais un bol de céréale.

- Mais comment tu fais ? Je pourrais pas tenir. Il secoua la tête en rigolant.

- Je vous ressers quelque chose les amoureux ? Maël s'accouda à leur table.

- T'es déjà là ? Gaël se tourna vers son frère. Je t'ai pas entendu à la maison et en général tu ne sors pas avant midi.

- J'avais de la compta à faire ce matin. Il leva les yeux au ciel.

- C'est plutôt que tu rejoignais quelqu'un pour prendre un café ce matin. La serveuse attrapa leurs tasses vide. Vous voulez quelque chose ?

- Pas pour l'instant merci. Sibylle lui sourit.

- Non plus merci. Gaël se pencha vers son frère. Le mec de samedi soir ?

- Il est passé vite fait prendre son café avant d'aller travailler et on s'est croisé. Il leva les mains en l'air. Du pur hasard.

- Ouai c'est ça. Gaël leva les yeux au ciel.

- T'as revu Paulo alors. Sibylle posa ses coudes sur la table et se pencha aussi vers lui.

- Paulo ? Non il s'appelle Guillaume.

- Tu as retenu son prénom! Gaël secoua la tête. Félicitation.

- Il est venu ici ce matin, alors oui j'ai retenu son prénom. Il se tourna vers Sibylle. Mais c'est qui Paulo ?

- C'est le nom qu'on lui avait donné quand on ne savait pas le vrai. Mais je crois que j'aurais préféré ne pas savoir, ça ne lui va pas Guillaume.

- Je suis d'accord. Gaël tendit son index vers elle. On va garder Paulo.

- Sinon vous pouvez l'appeler par son vrai prénom aussi. Maël haussa les épaules.

- Ça, ça veut dire que tu comptes le revoir. Il lui sourit.

- Il habite à Mont-Dore, alors je risque de le recroiser oui.

- Oh mais quel drame. Gaël posa sa main sur son front et fit semblant de défaillir. Tu vas le recroiser sans le vouloir. Ô désespoir. Il mit sa main sur sa joue. Ô tristesse. Il descendit sa main sur son cœur. Ô tragédie.

- Ça suffit oui ! Il poussa son frère pour qu'il arrête sa comédie. Il n'y a rien entre nous alors tu arrêtes. Surtout qu'il a emménagé ici pour rejoindre son « meilleur ami ». Il mima des guillemets avec ses doigts. Un certain Nélio. Il se tourna vers Sibylle. Il bosse à la mairie si j'ai bien comprit.

- Oui, c'est un collègue de ma mère. Elle lui sourit. Pourquoi je suis toujours surprise que le monde soit si petit ? Elle rigola. En tout cas, Nélio est super. Hyper drôle, super sympa et canon, on peut pas lui retirer. Elle se pencha vers lui. Tout ce que tu n'es pas. Elle rigola en regardant Gaël, mais son ami ne souriait même pas. Elle espérait ne pas avoir dit de connerie, Maël avait toujours été un peu comme ça alors elle espérait ne pas lui avoir fait mal en rigolant.

- Tout ce que je ne suis pas ? Il posa sa main sur sa poitrine. Je suis drôle, d'ailleurs je l'ai fait rire toute la soirée. Il posa ses mains sur la table. Je suis sympas, je lui ai proposé de mettre des cartes de visites de sa boite ici pour se faire de la pub. Et je suis canon. Il posa son bras autour du cou de Gaël. Les frères Axud sont canon et tu ne peux pas dire le contraire.

- C'est vrai. Elle leva son verre de jus d'orange vers eux alors que Gaël retirait le bras de son frère.

- Même si le plus grand l'est un peu plus. Il se repencha vers elle. Mais à la base on ne parlait pas de moi. Il s'accroupit et posa sa tête sur ses bras qui étaient croisés sur la table. Je suis content que vous soyez ensemble. Vous avez toujours eu un truc spécial entre vous et en plus ... Il se releva. C'est hyper pratique parce que vous habitez tous les deux sur Clermont-Ferrand. Vous avez pas besoin de venir ici pour vous voir « par hasard ». Il mima encore les guillemets avec ses doigts.

- Tu sais qu'on faisait semblant. Sibylle lui sourit. On est pas ensemble, c'était juste pour éloigner un autre mec.

- Me faites pas croire que vous n'êtes pas ensemble. Y'a un truc trop fort entre vous.

- Oui on est ami. Pourquoi on se mettrait ensemble ? Sibylle planta ses yeux dans les siens. Ça devenait un peu malaisant et gênant. Elle ne comprenait pas pourquoi il restait sur cette idée. Il n'y a rien entre nous.

- Vous devez tenter. Vous êtes fait l'un pour l'autre. Et vous habitez dans le même coin.

- C'est pas parce que deux personnes s'entendent bien et vivent pas trop loin l'une de l'autre qu'elles doivent sortir ensemble. Sibylle se pencha et sortit son téléphone qui sonnait dans sa poche. Elle venait de recevoir un message de son éditrice qui lui disait qu'elle lui avait renvoyé son texte avec quelques annotations pour guider ses corrections. Je dois vous laisser, j'ai du travail. Elle se releva et enfila son manteau. Et Maël. Elle posa ses mains sur ses épaules. Concentre toi sur ton gars que tu as revu sans faire exprès et oubli cette idée qu'on est ensemble avec ton frère. Elle se tourna vers Gaël qui était silencieux. Je t'envoie un message pour te dire ce qu'elle en pense. A plus. Elle sortit du bar en ouvrant le mail de son éditrice, elle avait du pain sur la planche et pas de temps à perdre.    



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