Qu'est-ce qui se passe ici ?

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a sonnette résonna sur des notes intrigantes.

Joakim alla jeter un coup d'œil par la fenêtre de sa chambre, il aperçut Patsy en bas devant la maison.

– Entre !

Et il se remit à son rapport de stage en l'attendant.

Il l'entendit ouvrir la porte d'entrée et la refermer derrière elle. Il entendit ses pas traverser lentement le living room, s'arrêter, s'engager dans l'escalier. Il l'entendit monter les marches une à une. Ça semblait lui prendre une éternité.

Arrivée à l'étage, elle frappa enfin à sa porte, la poussa et resta sur le seuil avec des yeux grands comme des hublots.

– Qu'est-ce qui se passe ici ?, fit-elle, pendant que Hanternoz en profitait pour se faufiler entre ses jambes.

– De quoi tu parles ?

– Eh bien, de tout ce qui se passe chez toi ! Tu as entendu la sonnette de ta maison ? Et regarde à ta fenêtre : le bateau brodé dans le rideau est en train de bouger comme s'il était secoué par une tempête ! Ou la plante sur ton bureau : on dirait que les feuilles sont sculptées dans la même matière que le pot ! Et là, les draps de ton lit viennent de changer de couleurs !

– C'est ce qui se passe partout, non ?

– A certains endroits de la ville. Pas partout. Dans ma chambre, ce n'est pas du tout comme ça !

– Je ne sais pas quoi te dire, répondit Joakim en haussant les épaules. Tu sais, ça ne change pas grand-chose à ma vie. Tu voulais me voir pour quelque chose ?

– Oui.

Patsy entra vraiment et rejoignit Hanternoz sur le lit, elle sortit de sa poche une feuille qu'elle tendit à Joakim.

– C'est Barnaby qui l'a fait. Hey ! Coucou, toi !

Hanternoz venait de lui grimper sur les genoux. Joakim attrapa la feuille du bout des doigts. C'était un dessin d'enfant, des traits de toutes les couleurs qui faisaient des lignes et des boucles.

– C'est nul, dit-il.

– Barnaby a trois ans : évidemment que c'est nul. Mais ce n'est pas la question. Regarde ce que ça représente.

– Des lignes et des boucles?

– Regarde mieux.

Pendant que Patsy caressait Hanternoz et que Hanternoz cherchait à diriger ses caresses derrière ses oreilles, Joakim entreprit d'analyser le dessin plus attentivement. Rien que des lignes et des boucles, se dit-il d'abord une nouvelle fois. Mais les lignes se mirent à frémir et les boucles à tournicoter. Ça le fit rire malgré lui, c'était idiot et ça ne ressemblait à rien... Sauf peut-être, d'accord, admettons : à une clé dans une chaussure.

– Une clé dans une chaussure ?, répondit-il sans y croire.

Il rendit le dessin à Patsy.

– C'est ça !, fit-elle en souriant. Hier soir, mon beau-père cherchait ses clés partout. Il les avait posées sur le meuble de l'entrée, mais quand ma mère a pris son manteau elle les a faites tomber dans une chaussure au pied du meuble. Barnaby a vu ça, ça l'a fait rire et il en a fait un dessin.

– OK, c'est marrant.

– Je me suis dit qu'on pourrait peut-être trouver des indices comme ça pour le trésor de Bilz.

Joakim fronça les sourcils.

– Comment ça ?

– Il faut qu'on aille au musée. On trouvera sûrement des peintures d'artistes de l'époque qui ont vu quelque chose ou qui avaient des infos, et ça se manifestera d'une manière ou d'une autre. Je suis sûre qu'on arrivera à en tirer quelque chose !

– Le musée, dit Joakim en grimaçant. Vraiment ?

– Je pensais que tu trouverais que c'est une bonne idée.

– Je ne fais pas trop confiance à tout ça, je préfère qu'on continue de se fier à des méthodes rigoureuses.

– Mais tu te plains tout le temps que ce qui se passe avec l'art ne sert à rien, que ça ne change rien à ta vie. Peut-être que ça pourrait.

– Tu veux juste t'amuser.

– Non. Enfin, pas seulement. Et puis même, pour une fois que je propose quelque chose, on pourrait essayer. Moi je te suis toujours.

Joakim fit la moue.

Le musée n'était pasloin, un quart d'heure plus tard ils arrivaient devant l'entrée.

Le Pouvoir des ArtistesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant