Quand Joakim ne fut plus capable de distinguer sa silhouette parmi les ombres de la ville, il se tourna vers Elgud d'un air décidé.
– Bon. Je vais rentrer chez moi.
Elgud sanglota timidement. Joakim eut une seconde d'hésitation, mais il pivota quand même et il le laissa là.
Il rattrapa les traces que Brewal avait laissées dans la neige. Il fit quelques mètres, il entendit des pas crisser et un nez renifler derrière lui. Il se retourna : Elgud le suivait de près.
Ils s'arrêtèrent tous les deux.
– Tu n'habites pas à l'opposé, Elgud ?
– Si si, bien sûr, mais tu sais, avec ce qui vient de se passer...
– ... Eh bien ?
– Eh bien, j'habite de l'autre côté de la ville. Ce ne serait pas prudent que j'aille aussi loin. Il vaut mieux que je dorme chez toi cette nuit.
Joakim eut un mouvement de recul.
– Mais ma mère va se poser des questions si elle te voit débarquer !
– Alors qu'est-ce que je vais devenir ?!, fit Elgud en laissant tomber ses bras.
Et il termina sa phrase par un « bouhouhou » pitoyable.
– Je ne suis qu'un vieux bonhomme, Joakim. Si les Agents Proconsulaires m'arrêtent, qu'est-ce qu'ils vont faire de moi ?
– Brewal a dit que tu ne risquais rien.
– Il a dit qu'ils ne viendront pas me chercher. Mais si je me fais arrêter ce soir, dans la rue ? Je n'ai pas de raison d'être dehors, ils se douteront de quelque chose, c'est certain. Tout ça est sérieux, Joakim. Moi je voulais juste vivre des aventures, mais c'est sérieux !
Joakim baissa les yeux.
– S'il te plaît, reprit Elgud. Ce ne serait que pour ce soir. Demain, je m'en irai. Le parc d'Ynys n'est pas loin d'où j'habite. On n'aura qu'à y aller ensemble sur le chemin.
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Le Pouvoir des Artistes
ParanormalRejoignez un groupe d'artistes révolutionnaires au moment où l'art devient magique ! A bientôt vingt ans, Joakim ne croit plus aux légendes de son île Celte : en vérité, le monde est beaucoup plus ordinaire que ça. Sa seule chance de vivre une vie...