Joakim resta abasourdi encore un moment.
Ils rejoignirent Elgud et Patsy, cette dernière avait ramené de chez elle des pièces d'or et des pierres précieuses, pour prouver au Proconsul Anthony que le butin existait vraiment.
Ils le retrouvèrent aux pieds des montagnes, ils lui montrèrent leur petite fortune et lui expliquèrent où trouver le reste.
Bien entendu, il se fâcha de voir les jeunes finalement de mèche avec l'Association, il se dit déçu, il se moqua d'eux : comme ils étaient naïfs ! C'était trop tard, ils n'avaient plus aucune chance contre Soverinn !... Mais après tout, il n'avait rien à y perdre. Il accepta leur offre et il ordonna à ses hommes de les laisser passer.
En marchant devant les Agents Proconsulaires, Joakim aurait sans doute dû être en train de penser au trésor qu'il laissait derrière lui, ou alors à celui qu'il allait bientôt avoir le pouvoir de se fabriquer. Au lieu de ça, il n'arrêtait pas de se demander... que ferait-il, s'il pouvait tout faire ?
Il agrippa machinalement le Granit qu'il avait repassé autour de son cou.
Il traversa sans s'en soucier les Agents qui les scrutaient d'un air incrédule. Patsy et Brewal les ignorèrent aussi, seul Elgud s'agitait, retirant et remettant son béret sur sa tête en glapissant.
Quelques mètres plus loin, ils passèrent tous ensemble derrière une petite crête, laissant les Brassards derrière eux pour de bon. Elgud poussa un soupir.
– On est loin d'être tirés d'affaire, dit Brewal.
– On est bientôt arrivés, non ?
– C'est pas encore gagné. Faut s'attendre à pire que le Proconsul.
Joakim sortit de ses rêveries.
– Vous voulez parler de...
– Shona, dit Brewal en grognant.
Les autres échangèrent un regard incertain.
– Shona ?, fit Elgud avec un petit rire nerveux. Mais en quoi Shona serait-elle dangereuse ?
– S'il y a besoin, j'ai ramené ma flûte, dit Patsy.
– Et moi je peux lui réciter un poème, dit Elgud.
– Vous ferez pas le poids, répondit Brewal en s'assombrissant.
Ils rattrapèrent un petit sentier qui remontait le long de la falaise. Rapidement, celle-ci se rétrécit de part et d'autre pour devenir aussi étroite que le chemin lui-même. Libéré des obstacles, le vent soufflait fort. En contrebas, les vagues claquaient contre la roche avec un grondement d'orage.
Après quelques mètres, le chemin s'évanouit au pied de la roche abrupte. Brewal ne ralentit même pas : il se jeta dessus et commença à la grimper. Joakim, Patsy et Elgud le suivirent comme ils purent. Ils devaient s'accrocher fermement pour ne pas être désarçonnés par les rafales, même les goélands curieux qui venaient planer à côté d'eux se faisaient malmener.
Presque arrivés au sommet, ils se retrouvèrent sur une petite plateforme au-delà de laquelle la montagne montait si haut et si vite que Joakim se demanda s'ils n'étaient pas finalement coincés. Mais Brewal continua de s'en moquer, il alla sur le côté tout au bout.
Ici, il se mit de profil, face à la mer. Et il commença à se glisser le long de la falaise, marchant latéralement sur un petit rebord irrégulier et friable, suspendu très haut au-dessus des flots.
Joakim se pencha pour regarder en bas : des écueils tranchants émergeaient de l'écume comme des poignards pointés vers eux. Patsy, sans hésiter, se tourna à son tour vers la côte et se mit à suivre Brewal. Elgud se remit à jouer avec son béret, marmonnant des mots indiscernables d'une voix aigüe. Puis il se mit aussi de biais et il s'engagea sur le rebord, tout tremblotant.
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Le Pouvoir des Artistes
ParanormalRejoignez un groupe d'artistes révolutionnaires au moment où l'art devient magique ! A bientôt vingt ans, Joakim ne croit plus aux légendes de son île Celte : en vérité, le monde est beaucoup plus ordinaire que ça. Sa seule chance de vivre une vie...