La légende de Brewal

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Il se trouva que creuser la terre n'était en fait pas bête du tout. Brewal ne fut pas long à y faire un trou, du jour en jaillit aussitôt, de l'oxygène aussi.

– De l'air !

Joakim et Elgud se joignirent à Brewal. Ils continuèrent jusqu'à ce que le passage qu'il avait commencé à creuser fût assez large pour leur permettre de passer à travers.

Patsy fut la première à s'y faufiler, à peine de l'autre côté Joakim l'entendit aspirer l'air d'un coup comme dans une espèce de hoquet.

Il franchit le passage en deuxième, il n'était pas encore là que son amie lui donnait déjà des petits coups comme si elle avait tâtonné dans le noir, sans même le regarder, les yeux toujours rivés devant elle.

– Oh mais arrête !

Il se déplia en arrivant à côté d'elle et il se trouva cloué sur place. Patsy continuait de le bousculer mais il la laissait faire.

Alors, tout était possible ?

Ils venaient d'arriver dans une sorte de grotte remplie de lumière. Elle émanait d'une lanterne posée sur le sol, et autour se tenaient rassemblés une dizaine de petits bonhommes et de petites bonnes femmes.

Les hommes étaient habillés de culottes bouffantes et de vestes couvertes de boutons, les femmes de robes aux teintes profondes, leurs vêtements étaient pleins de broderies qui changeaient lentement. Ils portaient des chevalières ou des pendentifs sertis de cailloux dont l'aspect et la forme évoluaient. Leurs oreilles étaient grandes comme des coquilles d'huître. Et surtout, ils ne devaient pas mesurer plus d'une vingtaine de centimètres de haut.

Ils semblaient avoir été surpris en train de se reposer : l'un d'eux était assis sur une motte de terre, un autre était en train de s'étirer, une troisième sautillait sur place en équilibre sur un pied, vraisemblablement en train de vider la terre d'une de ses chaussures. Cette danse maladroite était d'ailleurs le seul mouvement parmi eux, à part ça ils étaient tous immobiles, observant Joakim et Patsy.

Pendant ce temps-là, Elgud s'extirpait du souterrain à son tour. Dès qu'il fut arrivé dans la grotte, il arracha le béret de sur sa tête et il s'illumina.

– Vous êtes des korrigans !!

Puis il se mit à se mordre le revers d'un doigt comme pour s'empêcher de crier.

– Je crois ils peuvent nous voir, murmura l'un des korrigans.

Elgud se mit à sautiller d'un pied sur l'autre.

– Et on peut aussi vous entendre, fit Brewal en finissant de sortir du souterrain.

– Comment c'est ?, demanda celle qui remettait à présent sa chaussure. Ce n'est pas normal !

– Ils parlent bizarrement, remarqua Patsy tout bas.

– Ce jeune homme a un Granit, dit Brewal en pointant Joakim du doigt.

– Un Granit ?! Un humain ?!

– A qui vous l'avez volé avec ?

– Je n'ai rien volé !, dit Joakim.

– C'est un de votre peuple qui lui a donné, dit Brewal. Kenan Kalon. Savez qui c'est ?

– Attendez, fit Joakim. Kenan est un korrigan ?!

Brewal leva les yeux au ciel.

– Au moins, oui, on sait qui c'est !, répondit un des korrigans. C'est ça qu'il disait il avait mis son Granit à l'abri ?

Brewal se redressa de toute sa hauteur, à s'en cogner la tête contre le plafond de la grotte.

– Aïe ! Vous avez eu des nouvelles de Kenan ?!

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