Chapitre 23

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Retenir son souffle. Et avancer... lentement sous une musique trop calme, trop silencieuse. L'air de ce soir semblait lourd. Possédé à l'odeur de l'absinthe, leurs yeux presque trop secs ne voulaient pas pleurer, ou s'humidifier, alors que leurs rétines les brûlaient. Le souffle court mais puissant, le pas du temps paraissait éternel. Il y avait dans l'air quelque chose de pesant. Une fumée de cigarette narcotique gisait sous le vent faible de ce soir. La nuit était dégagée, la lune elle se caché. Minuit, l'heure des meurtres... le sommeil n'était pas l'invité ce soir. Non, aucunement. La fumée opaque s'élevait sous une foulée saccadée, alors que la nicotine envahissait leurs poumons essoufflés. La lumière rouge éclairé le bout de leur nez, leurs lèvres humides tenaient ce mégot orange entre elles. Leurs doigts ne servaient qu'à le retirer de temps en temps. Mais le goût amer du meurtre tenait à vif leurs nerfs.

Le tintamarre calme et silencieux, ils étaient comme loin. Déambulant lentement, les deux frères étaient d'un pas déterminé dans les ruelles presque trop antiques de la ville. Ils soufflaient. La cathédrale résonnait dans le dernier retentissement de ce clocher. Les prostituées sortaient, et les dealer s'amusaient comme ils le pouvaient : meurtre, drogue, règlement de comptes. Certains étaient même sous leurs ordres. Une tension palpable allait arriver, sans nul doute, alors, ils traçaient leur chemin. Ils n'avaient pas que ça à faire... autre chose perturbait leurs esprits. Un désir de vengeance sûrement, ou une histoire dont ils avaient l'habitude de gérer. Enfin, un de ces rendez-vous qu'ils ne connaissaient que trop bien. La rue était sombre, le centre-ville baroque, dessinait sur le sol des flèches lumineuses. Tout était étroit, ils s'engouffraient dans une espèce de grotte profonde cette pièce spacieuse, comme une forêt dense. Les châteaux du moyen-âge s'imposaient dans les allées particulières.
Le vaste immeuble poisseux était devant eux. Et lui, il s'y trouvait. Pourquoi la rage envahissait son corps subitement... le blond n'avait pas de réponse. Un désir de vengeance probablement. L'autre avait le teint pâle, un suçon dans son cou.

- « C'est quoi ce suçon dans ton cou ? » finit par déclarer le blond, alors que ses mèches s'envolaient lentement dans la brise du soir.

- « Et toi, pourquoi on est ici ? » questionna son frère en se renfrogna sur lui-même. Il souffla, tournant son visage vers ce cadet déterminé. « C'est pour ton mec ? »

- « Hum... et le tiens, il va bien ? »

- « Ta gueule Rin... » soupira-t-il de presque gêne, alors que l'autre riait d'un léger pouffement à peine audible.

Tout était d'une crasse écœurante. Les escaliers tanguaient sous leurs poids, le parquet grinçait et les murs défrichés ne tenaient qu'en quelques lambeaux qui tombait à même le sol. Des toiles d'araignées jonchaient les coins des plafonds, alors que les vieilles lumière sûrement presque trop morte grésillaient de vieillesse, alors que d'autre ne fonctionnaient pas. Tout était d'une laideur. L'odeur de drogue désagréable se mélangeait à toute l'odeur autour... écœurante, donnait la nausée.

- « Sanzu est dedans... » annonça le blond. Qui marchait avec son ainé.

- « Et il a ramené son frère ? » pendant que l'autre souriait assez bizarrement, Ran jouait avec sa matraque. Pendant que son autre main était dans sa poche.

- « Peut-être, je ne sais pas... »

- « Quelle idée... c'était quoi nos règles ? »

- « On en n'a jamais eu de règles Ran. » dit en riant Rindo qui s'amusait avec sa barre en fer.

- « Bah, je pense qu'il est temps d'en faire. » fit-il un peu plus fermement, alors qu'un léger sourire décorait son visage fatigué, mais assez ferme.

𝘕𝘰𝘵𝘦 𝘦𝘵 𝘔𝘦́𝘭𝘰𝘥𝘪𝘦  | ʳⁱⁿᶻᵘ | Note et MélodieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant