Chapitre #29

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Après quelques minutes de recherche, je finis par trouver Gally dans le bois, assis près de la tombe de Nick. Il me tourne le dos et je n'ose pas le déranger.
Je recule sans bruit jusqu'à un banc suffisamment loin pour qu'il ne détecte pas ma présence et qu'il conserve son intimité mais assez près pour qu'il me voit en repartant. J'attends qu'il ait terminé.

« Ho ! » s'exclame t-il surpris lorsqu'il se retourne pour sortir du bois.

Il à l'air mal, psychologiquement je veux dire. Je ne sais pas trop quoi dire alors je me contente de lui sourire tristement, lui signifiant que je m'efforce de comprendre sa peine. Je ne peux pas m'imaginer la tristesse que l'on doit éprouver lorsque l'on perd un proche, et pourtant j'ai l'impression de connaître ce sentiment sans parvenir à le ressentir. C'est bizarre comme sensation. Plutôt...perturbant.
Je lui emboîte le pas et nous marchons en silence jusqu'à l'orée du bois où Gally ralentit un peu pour que je puisse marcher à sa hauteur.

« Je viens ici une fois par semaine » me confie le bâtisseur « j'en ai besoin pour... »

Il s'arrête de marcher et s'interrompt comme si trouver ses mots était douloureux. J'ai l'impression qu'il se sent obligé de me donner des explications. Je pose une main sur son épaule et essaie de transmettre sur mon visage toute la gentillesse et la douceur dont je suis capable.

« Tu n'es pas obligé d'en parler Gally, tu n'as aucun compte à rendre. » je le rassure avec bienveillance.

Ça paraît le soulager. Ses épaules s'affaissent et il prend une grande inspiration. Comme pour sceller notre accord tacites, nous nous remettons à marcher.
Je lève les yeux vers la cime des arbres, m'apercevant que seulement quelques rayons de soleil sont parvenus à percer l'épais bouclier de feuillage.

« ...du Bloc ? »

Je sursaute quand j'entends le son de la voix de Gally à mes oreilles.

« J'étais ailleurs excuse moi, tu peux répéter ? » je demande en détournant mon regard de la végétation pour me te concentrer.

« Qu'est ce que tu penses de ta première semaine au Bloc ? »

Je croise les bras derrière ma nuque tout en continuant de marcher. Je prends le temps de me pencher sur la question avant de répondre.

« J'ai l'impression que les journées deviennent vite répétitive par ici. » je soupire.

« Quand tu auras trouvé ta place, tu t'y sentiras beaucoup plus à l'aise. » m'assure t-il bien que je ne comprenne pas vraiment.

« Trouver ma place ? Qu'est ce que ça signifie ? »

« Bah, quand tu auras trouvée le job que tu voudras faire » m'explique t-il en fronçant les sourcils comme si c'était évident.

« Quoi ? Attend mais la situation me convient très bien comme elle est, il est où le problème ? » je lui réponds paniqué.

Nous arrivons enfin à la sortie du bois, nous continuons de marcher vers les champs.

« Théna, il faut que tu te trouves un vrai boulot. Enfin je veux dire un truc permanent quoi, c'est comme ça qu'on fonctionne. »

« Alors vas-y, dis moi, dans quel travail tu me verrais le mieux. » je lui demande en me plantant devant lui, poings sur les hanches.

Il me regarde bouche bée, ne s'attendant pas à cette réplique. Je le regarde dans l'attente d'une réponse. Il jette des regards paniqués autour de lui comme si il avait dit quelque chose qu'il n'aurait pas dû.

« Et bien quoi ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? » j'insiste en croisant les bras, bien décidée à obtenir des réponses.

« Je ne cherche pas la confrontation, je t'assure. »

Il essaie de calmer le jeu en jouant la diplomatie mais je ne compte pas le laisser s'en tirer comme ça.

« Alors dis moi ce qu'il y a et pourquoi tu as l'air si affolé tout d'un coup. »

Il me dévisage longuement.

« Non, il n'y a rien, c'est juste que je n'ai pas envie qu'on se dispute. »

Il ment, je le sens, je le sais, il ment. Sa panique augmente peu à peu.

« Théna ! J'ai besoin de ton aide ! » nous interrompt Winston qui arrive en courant à notre rencontre.

Je me tourne vers lui avant de lui signifier d'un mouvement de tête que j'avais entendu et que j'arrivais. Avant de le rejoindre en trottinant, je me tourne une dernière fois vers Gally qui à l'air soulagé que cette conversation soit interrompue et lui lance un petit "notre conversation n'est pas terminée, on a des choses à se dire toi et moi".
Le trancheur m'emmène devant l'enclos des moutons.

« Et bien quoi ? Qu'est ce qu'il y a ? » je dis en essayant de repérer l'origine du problème.

« Regarde par toi même. » dit-il en tendant le doigt vers les barbelés, au fond de l'enclos.

Je me glace d'horreur.

« Ho mon dieu » je murmure en remarquant pour la première fois les bêlements frénétique du petit agneau.

« Je l'ai trouvé comme ça il y a 5 minutes, il ne me laisse pas approcher, il s'affole dès que je suis trop près et ça le blesse encore plus. Et puis, tout seul, je ne peux rien faire pour lui. Il faut faire vite, il perd beaucoup de sang. »

J'entre dans l'enclos, suivie de près par winston et m'approche du petit animal tout emmêler dans les barbelés, saignant à divers endroit et bêlant à fendre l'âme.
Je m'approche doucement, mains tendue vers lui, en lui parlant sur un ton calme pour qu'il ne sente pas la panique.

« Hé, chuuut, doucement.Calme toi. On va te sortir de là. Mais pour cela, il va falloir que tu me laisses t'approcher, d'accord ? »

Il se calme, arrête de s'agiter et j'espère que c'est grâce à moi et pas parce qu'il perd trop de sang.

« Ok. » chuchote le maton à mon oreille. « Tu lui parles, tu le caresse, et moi je le libère. »

Je hoche la tête et continue de m'approcher. Quand je suis suffisament proche, je m'agenouille et caresse la tête du bébé mouton en lui parlant, toujours calme et douce.
Au bout d'environ un quart d'heure, Winston me signale qu'il a finit et je porte l'agneau dans mes bras jusqu'à l'endroit où il vérifie que ses bêtes sont en bonnes santé. C'est un équipement rudimentaire bien sûr, il n'est pas vétérinaire. Disons qu'il y a le minimum mais qu'il a tout de même du fil, une aiguille et du produit désinfectant.

« Tu m'aides ? Il va falloir que tu le tiennes pendant que je le recouds. »

J'acquiesce.

« Il va surement se cabrer, donner des coups, et geindre. Tu es toujours partante ? »

« Allez dépêche il perd du sang » je le presse en me disant qu'il perdait du temps à bavarder.

Il se met au boulot, désinfectant, pensant et recousant l'agneau qui, effectivement, se mit à donner des coups, à essayer de s'enfuir. Mais, au bout d'un moment, voyant qu'il ne partirait pas, il se calma peu à peu tandis que je continuais à lui parler doucement pour l'apaiser.

« J'ai terminé, j'ai bien peur qu'il ait une patte sacrément amochée mais j'imagine que ça se remettra. »

« Tu pense ? » je m'enquière réellement inquiète.

« Je ne sais pas, je ne suis pas véto » répond le trancheur en haussant les épaules, aussi impuissant que moi face au problème.

Je soupire et ramène le bébé dans son enclos, aide Winston à le nourrir et file changer mon débardeur qui est plein de sang d'agneau.

Courir ou Mourir ? [The Maze Runner]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant