Chapitre #44

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Newt se réveille deux jours plus tard, je suis en train de travailler aux jardins en compagnie de Zart et Adam. Nous finissons de cueillir les tomates quand Jeff arrive en courant plus vite que si il avait un Griffeur au cul.

« C'est Newt, il te demande » m'annonce le garçon tout essoufflé.

Je me relève et m'essuie les mains sur mon short avant de prendre la parole ce qui, ces dernier temps, s'avère relativement rare.

« Je passerais le voir ce soir si j'ai le temps, je travaille là. » je lui réponds sans émotions.

Je lui jette un regard montrant qu'il n'est pas nécessaire de protester. Il me regarde à son tour, tentant sûrement de jauger ses chances de réussite en cas de tentative de me convaincre d'y aller tout de suite mais de résigne et hausse les épaules avant de détaler vers la ferme.

« Tu ne veux pas le voir ? » me questionne Adam timidement.

Je crois que j'impressionne les blocards arrivés après ma Transformation. Ça me va plutôt bien au final, au moins ils n'osent pas trop m'approcher.

« J'irais ce soir. » je répète sur un ton signifiant clairement que la discussion est close.

Nous reprenons notre boulot. Pour ne pas penser à Newt et à sa tentative de suicide, ça fait deux jours que je m'abrutie de travaille, quand je travaille je ne pense pas. Et franchement, je ne peux pas rêver meilleur répit.
J'ai refusé de le voir quand il était dans le coma malgré l'insistance de Minho et des medjacks.

Le soir durant tout le repas, Jeff me fixe à répétition, cherchant à croiser mon regard. Je l'évite et fait comme si de rien n'était. Je vois bien qu'il ne comprends pas ma réaction, mais je n'ai pas envie de me justifier, de toute manière je sais bien que je vais finir par y aller. À la fin du repas, je prends une assiette et pars en direction de l'infirmerie sous l'œil approbateur du garçon.
Je frappe doucement à la porte, espérant qu'il dorme.

« Oui ? » appelle Newt malgré ma prière silencieuse.

Je m'encourage mentalement et pousse la porte, un peu nerveuse. Quand j'entre, il se redresse dans son lit et me sourit. Je ne lui rends pas.
Sans un mot, je dépose l'assiette de pâtes sur sa table de chevet et tire une chaise pour m'asseoir à ses côtés.

« Théna... » commence t-il d'un air penaud.

La gifle part, incontrôlable, laissant une trace vive sur sa joue pâle. Ho que non, si il croit pouvoir s'excuser avant même que je n'ai le temps d'en placer une, il peut toujours rêver.
Il me dévisage longuement, choqué, et lâche un soupire. Je le toise d'un air glacial.

« Comment t'as osé ? » je lâche d'un ton plein de reproches.

« Tu es en colère. » dit-il finalement en cherchant mon regard.

Je le fixe, droit dans les yeux. Je me lève et lui tourne le dos, m'appuyant sur le rebord de la fenêtre fermée. Au dehors, j'aperçois les lueurs du feu de camps.

« Non. » je dis en me retournant de nouveau pour lui faire face. « Je suis furieuse. » je corrige froidement.

Il baisse les yeux.

« Je ne suis pas idiote tu sais. J'ai pas besoin de détails pour comprendre ce qu'il s'est passé. » je continue avec toutes les peines du monde de pour ne pas trop hausser le ton.

« Je sais. » réponds le blocard d'une petite voix. « Je voulais pas que ça se passe comme ça. »

« Porte tes couilles alors Newt ! Porte les, regarde moi et dis le ! » j'exulte d'une voix vibrante de colère. « Regarde moi dans les yeux et ose me dire que tu n'as pas sauté de ce mur dans l'espoir d'en finir. »

Il lève les yeux, soutient mon regard cinq seconde et le détourne, les yeux mouillés de larmes. J'utilise des mots crus, je le sais, c'est violent mais j'en ai marre de prendre des pincettes. Il n'en a pas pris lui quand il a contraint Alby à le retrouver face contre terre, en sang, entre la vie et la mort. Pourquoi je me gênerais ?

« Je...je...ne... » balbutie le garçon.

Je peux lire la souffrance sur son visage mais à ce moment là, je ne ressens même pas une pointe de culpabilité. Je veux qu'il comprenne.

« Tu quoi ? » je le presse en hurlant, exaspérée.

Comme il ne répond pas, je continue.

« On est quoi pour toi putain ? Est ce que tu as pensé a nous ? À Minho ? À moi ? À Alby et aux autres ? » je ne vais pas le lâcher comme ça. « On se casse le cul tous les jours comme toi, nous aussi on veut que ça s'arrête. Mais on est pas des putains de lâcheurs, on prend sur nous, on relève la tête et on avance. Parce que c'est comme ça que ça marche, y a aucune autre solution envisageable Newt. Tout le monde compte sur nous. »

« Excuse moi. » murmure t-il tandis que des larmes coulent sur ses joues. « Je suis désolé. Ça m'a pris d'un coup, je l'avais pas calculé ou quoi. »

Je le regarde, la gorge serrée, je déglutis difficilement.

« On a dit aux autres que c'était une attaque de Griffeurs. Ils ont pas besoin de ça. » je réponds sans relever ses excuses.

« De toute façon, ma jambe est foutue je crois, je ne pourrais jamais plus courir dans le Labyrinthe. » murmure t-il en regardant le gros bandage qui entoure sa cheville et son tibia.

Je le dévisage froidement.

« Et c'est censé me consoler ? Ne compte pas sur moi pour te plaindre. »

Il me regarde, bouche bée.

« Non ce n'est pas ce que je...Merde ! Putain ! Théna, je suis désolée d'accord ? » répète le garçon.

Son désespoir me frappe soudain violemment. Je me calme instantanément quand je vois passer sa propre colère sur son visage. Il s'en veut d'avoir eu ce moment de faiblesse. Du remords, c'est ça que j'avais besoin de voir. Newt sait à quel point son action est débile et lâche, ça donne une bonne garantie qu'il ne refera jamais ça. J'ose l'espérer tout du moins.

« D'accord. » je concède.

Il ne dissimule pas sa surprise face à mon changement de comportement, écarquillant les yeux comme si ses globes oculaires essayaient de sortir de leurs orbites. Je me rapproche et m'assoie au bord de son lit.

« D'accord ? » répète le blond hébété par mon brusque changement d'humeur.

Je hoche la tête sans détourner le regard, je veux qu'il puisse lire dans mes yeux que je suis sincère.

« Tu me pardonnes ? » demande t-il avec une pointe d'espoir dans la voix.

Je pince les lèvres.

« Non, et je te pardonnerais probablement jamais. C'est injuste, mais j'aime autant que tu le saches. » je réponds d'un air désolé. « Mais je t'aime Newt, et ça changera probablement jamais non plus. » j'ajoute devant son expression décomposée.

Je pose une main sur la sienne et la serre délicatement.

« Je sais que je suis pas facile à vivre ces derniers temps. Ça tourne pas très rond depuis l'épisode du Griffeur. Je suis désolée. »

Newt me souris et serre ma main à son tour.

« On t'aime toujours autant en tout cas même si, c'est vrai que l'ancienne Théna nous manque. »

Je desserre mon étreinte mais lui ne me lâche pas.

« Ça prendra du temps mais j'y reviendrais. Je te jure que je serais de retour un jour ou l'autre. »

Fatigué par cette éprouvante discussion et endoloris par ses blessures, Newt se rendort sans manger. Je vais chercher du film plastique pour conserver son plat au chaud. Je le laisse dormir et pars rejoindre Minho. Je ressens le besoin de parler avec quelqu'un, ce qui n'est plus si courant ses derniers temps. Je passe d'abord dire à Jeff d'arrêter de s'inquiéter, que je suis allé voir son patient.

Courir ou Mourir ? [The Maze Runner]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant