Courir ou Mourir ? [The Maze Runner]

Chapitre #39

La semaine suivante, la Boîte n'apporta rien de ce que j'avais demandée. Perturbée de ne pas comprendre ce que veulent les Créateurs, je reste quelques temps debout devant les boites noirs alignées dans l'herbe, plongée dans mes pensées.
Peut être qu'un jour on se souviendra, peut être qu'un jour on sortira, peut être qu'un jour on aura des explications. Ha ! Si on pouvait refaire le monde avec des "peut être". Malheureusement, nous sommes condamnés ici, seuls avec nos questions sans réponses. Je soupire, déprimée, puis me détourne et vais me poser au calme complétement terrassée par ma journée de course.
Ma migraine a l'air de s'être installée pour rester depuis le jour où j'ai reçu les photos. En revenant du Labyrinthe en compagnie de Minho chaque soir, j'ai de plus en plus de mal à ne pas foncer me coucher. C'est à peine si je réussis à tenir debout au cours des soirées.
Mais qu'est ce qui ne va pas chez moi ?
Je m'adosse au mur Ouest du Bloc, le contact froid de la pierre dure contre ma nuque m'apaise quelques instants.
Sans faire attention, je me met à fredonner, yeux clos, tête appuyée contre le mur. Je ramène mes genoux contre ma poitrine et me laisse aller à mes pensées tout en continuant de chanter.

"Mirrors on the wall,
Here we are again
Through my rise and fall
You've been my only friends"

Je m'arrête quelques secondes, reprends mon souffle et continue.

"You told me that they can't
Understand the man I am
So why are we here
Talking to each other again ?"

« C'est pas la joie hein ? »

J'ouvre les yeux et adresse un sourire las à Gally, lequel se tient devant moi.

« On a tous nos manières de s'exprimer quand on va mal tu sais »  continue le garçon en s'asseyant à mes côtés.

« Ah oui ? » je lui demande un peu curieuse.

« Moi par exemple, j'ai tendance à m'énerver pour rien, Minho devient de plus en plus sarcastique et frôle même la méchanceté parfois, Newt se mure dans le silence, Alby ne donne pas des ordres, il les abois. T'as compris. Ta manière est simple à gérer au moins. »

« Oui, enfin je ne dois pas être de compagnie très agréable en ce moment. »

Il hausse les épaules.

« On a tous des petits coups de mou, c'est normal. »

Je hoche la tête, le silence s'installe. Je referme les paupières mais les rouvres dès que j'entends Zart crier mon nom et accourir vers moi.

«  Théna ! On a besoin d'aide ! » s'affole le blocard hors d'haleine.

« Qu'est ce qu'il y a ? » je lui demande en me relevant d'un bond.

Il me regarde sombrement, son visage est fermé.

« C'est Ben. » dit-il gravement.

Il se détourne et s'en va en courant vers les portes Est, j'échange un regard avec Gally et nous lui emboîtons le pas sans attendre.
Quand on arrive sur place, je suis horrifiée de voir Ben, en train de  frapper violemment contre le mur.

« Ho mon dieu. » je murmure en rejoignant Alby qui tente de résonner le blocard.

Les mains du garçon sont en sang, il en a partout, sur le visage, sur ses habits, le mur en est aussi recouvert.

« Ben, arrête ça ! S'il te plaît, arrête ça, on va s'asseoir et on va discuter. Dis nous ce qui ne va pas » Alby se tourne vers moi et ajoute à mon attention : « Théna, on ne sait pas quoi faire. Ce tocard se défoule depuis tout à l'heure. Il va finir par se casser quelque chose. »

« Qu'est ce qu'il s'est passé ? »

« On ne sait pas, c'est Minho qui l'a trouvé comme ça en arrivant. Il refuse de nous laisser approcher. »

« Et qu'est ce que je peux faire pour aider ? » je demande sans vraiment comprendre pourquoi on m'avait fait venir exprès alors qu'ils étaient presque tous déjà là.

« Je ne sais pas moi ! T'es une fille, parle lui tu trouveras bien. » répond t-il en levant les bras en signe d'impuissance.

Alby me jette un regard lourd de sens et j'avance doucement vers le coureur, avalant ma salive.

« Ben ? Tu m'entends ? » je demande en restant tout de même a une distance respectable du garçon.

Il ne réagit pas. Je prends une profonde inspiration et fais un pas en avant.

« Bon, ok, je sais que tu m'entends, je ne te demande pas de me répondre mais tu vas m'écouter d'accord ? »

Aucune réaction. Je déglutis et cherche du soutient auprès des autres qui observent la scène en retrait. Ils me font tous signe de continuer.

« Ben, quoi qu'il ce soit passé, ça ne peut pas être aussi grave n'est ce pas ? » je continue. « Hey, sérieusement, tu vas finir par te faire mal, c'est ce que tu cherches à faire ? Tu pourrais te fracturer un truc. »

Je note une légère hésitation dans l'attitude du blocard.

« Et si tu te provoques une hémorragie interne, on va faire comment sans toi ? On a trop besoin de toi Ben, alors s'il te plaît, arrête et dis moi ce qu'il t'arrive. »

Je franchis les derniers mètres qui nous séparent et pause une main amicale sur son épaule.
Il tressaille mais finit, enfin, pas s'arrêter. Il me tourne le dos.

« Ben, c'est pas grave, franchement, t'as le droit de pas aller bien mais tu n'es pas obligé d'en venir là. »

Il me fait face, le front et les mains en sang, les joues mouillées de larmes.

« Pourquoi tu t'infliges ça ? » je lui demande complétement abasourdie.

Et enfin il me parle.

« J'avais besoin de me défouler. »

« Il va falloir demander un punching-ball digne de ce nom aux créateurs pour la semaine prochaine, parce que t'es pas le seul. »

Il baisse la tête, son sang dégouline le long de sa joue.

« Je comprends que tu veuilles te défouler mais, honnêtement, t'es pas obligé de le faire contre un mur ! Tu imagines ce qui aurait pu t'arriver ? »

Je m'interrompt, me faisant l'effet d'une mère qui gronde son gosse. Hors Ben n'est mas mon gosse et je ne suis pas sa maman, je n'ai pas le droit de lui dire ce genre de chose.

« Viens, on va soigner tout ça » je l'invite en lorgnant ses mains.

Alby nous accompagne et à nous deux nous soignons, désinfectons et bandons les plaies du coureur.

« Benny » commence le chef, « Je pense que tu devrais faire une pause. Si Théna est d'accord, j'aimerais qu'elle prenne ta place, provisoirement en tant que coureuse. »

« En fait. » commence Ben.

« Oui, je suis d'accord » je l'interromps en le regardant.

Le chef me regarde, comme surpris que j'accepte aussi facilement.

« Bien, on en parlera ce soir lors du repas. Ben, reste un peu ici et repose toi. Si tu n'as pas faim, reste dormir ce n'est pas grave. » décrète Alby avant de me faire signe de le suivre à l'extérieur de l'infirmerie.

J'embrasse Benny sur le front et lui serre la main une dernière fois avant de tourner les talons.
En temps normal je n'aurais jamais accepté, je n'ai toujours pas envie de devenir coureuse. Mais cette fois c'est pour la santé mentale de Ben. Et puis au moins au bloc on pourra garder un œil sur lui.
Entendez moi bien, j'ai aimé ces deux jours dans le Labyrinthe, mais pas au point d'y retourner chaque jour du reste de ma vie. Pourtant je le ferais si cela peut permettre à mon ami d'aller mieux.