Chapitre #21

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Instantanément, je me met en quête d'Alby qui devrait encore traîner dans les parages. Je l'aperçois dès l'instant où il sort de la salle des cartes en compagnie de Ben et me dirige vers eux.

« Alby ! » je lance en accourant vers lui.

L'intéressé se retourne, surpris.

«  Théna ! Comment ça va ? Minho m'a dit pour la Boîte et pour...ta jambe aussi. Zart est un tocard mais il est pas méchant, lui en veut pas hein ! »

Je balaye tout ça d'un geste de la main. J'ai bien plus important à discuter et e sujet là est clôt depuis un moment maintenant.

« Mais non t'inquiète pas, c'est pas pour ça que je viens te voir. Dis moi, tu as commencé la prochaine liste ? »

« Non, j'allais le faire, tu as déjà des idées ? »

J'acquiesce doucement. Mon mal de tête est revenu, il est supportable mais c'est tout de même gênant. Je ne sais pas encore ce que j'aimerais ajouter sur la liste, je voulais juste m'assurer qu'il m'attendrait pour déposer la prochaine liste au départ de La Boîte. Et sa question vient de me le confirmer. Je lui souris.

« Oui, mais rien de très concret encore, je viendrais te voir demain ok ? » je lui lance toute joyeuse.

Il acquiesce et lance un regard à Ben qui semble attendre de reprendre la conversation que j'ai sûrement interrompu.

« Pas de problème, j'attendrais » me confirme le chef du bloc.

Je le remercie d'un signe de tête et file en direction des cuisines afin de retrouver Poêle-à-frire à qui j'ai proposé mon aide pour le repas du soir.

« Au boulot chef ! » je lance en poussant la porte des cuisines.

Le cuistot sursaute à mon entrée peu discrète et prend un air désespéré.

« Théna, Théna, Théna, notre catastrophe ambulante, va falloir te filer une carte d'abonnement à l'infirmerie » me lance le cuistot avant d'éclater de rire.

Je lui adresse un sourire plein d'ironie. Je sens que je n'ai pas fini d'entendre parler de ma maladresse déjà légendaire, au bout d'une semaine à peine. Avec un peu de chance j'ai atteint mon quota de conneries et ça n'arrivera plus à l'avenir. J'essaie de me rassurer comme ça. L'infirmerie en effet, j'ai assez donné.
Enfin, je sais que leur remarques à tous ne sont pas désobligeantes. Ce sont juste des gentilles moqueries qui sous entendent que je devrais faire plus attention à moi. Ils cherchent simplement à déguiser leur inquiétude pour garder une atmosphère légère.

« Ha, ha, ha, très drôle, va falloir que tu arrêtes ce genre de vannes, tu risquerais de me faire rire » je lui réponds d'un air cynique.

Le garçon éclate de rire de nouveau.

« Oui je suis au courant, c'est un talent chez moi » dit-il en mimant de se recoiffer ce qui m'arrache cette fois un grand rire a moi aussi puisqu'il a le crâne rasé.

Une fois calmés, on se met au boulot en décidant de préparer des tartes avec les tomates que Zart à ramener quelques heures plus tôt. Deux enfants de maternelle dans une cuisine, vous avez l'image ? C'est une catastrophe, on passe une bonne heure à se chamailler comme des gosses en se jetant des trucs à la figure. Par exemple, de la farine. On s'amuse comme si préparer le repas du soir était l'activité la plus fun imaginable. Au bout d'un moment, malgré tout, les tartes sont au four et une bonne odeur se répand dans la pièce.
Des larmes de rire aux yeux en contemplant l'état désastreux de la cuisine, on s'attelle au ménage.
Finalement, on prépare le couvert et quelques minutes plus tard, tout le monde est installé autour du feu que Gally et Ben ont allumé.
Non sans quelques regards complices, risquant de nous faire déraper à nouveau vers le fou rire, Poêle-à-frire et moi apportons et servons à manger à tous les blocards qui s'attaquent aussitôt à leurs assiettes avec appétit.

Vers la fin du repas, Zart s'approche de moi et je suis surprise de constater qu'il tient la housse de guitare dans ses mains.

« Tu nous joues quelque chose Théna » me demande t-il en me la tendant.

Je le dévisage, prise au dépourvue. Je ne m'y attendais pas du tout. Je fixe l'objet un moment avec l'impression étrange qu'il me met au défi. Je n'ai aucune idée de comment jouer de ce truc. Je n'en ai même pas vraiment envie pour être totalement honnête. Certes il s'agit d'un objet qui m'a peut être appartenu par le passé, mais aujourd'hui il ne représente rien à mes yeux.

J'ouvre la bouche pour protester mais remarque que tout le monde s'est interrompu dans ses discussions pour observer la scène.
A en juger par leurs regards curieux, ils partagent l'enthousiasme de Zara à l'idée que je leur fasse une petite démonstration de musique. Je vérifie une seconde fois, balayant chaque visage l'un après l'autre mais, non, je ne trouverais aucun soutient parmi cette bande de tocard.
Je suis trop fatiguée pour me battre, je ferme la bouche. Sans avoir réussit à formuler une quelconque excuse pour me dérober à toute cette attention qui me met mal à l'aise, je saisis l'instrument avec beaucoup de précaution et ôte la housse protectrice.

Je considère la guitare un instant avant de l'installer sur mes genoux, d'un geste qui me semble presque naturel.
Je prends une profonde inspiration, perdue. Qu'est-ce que je suis censée faire à présent ?

Fébrilement, après une longue hésitation, la main gauche remonte sur le manche, mes doigts se détachent et je pince une première corde à l'aide de ma main droit.
Un son clair retentit et j'ai un petit mouvement de recul. J'inspire à nouveau. Cette fois les mains semblent prendre le contrôle sur mon cerveau et mes doigts fins se mettent à glisser gracieusement sur les cordes rêches.

Courir ou Mourir ? [The Maze Runner]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant