Je sors doucement la guitare de son étui et le fixe quelques instants, essayant de me souvenir. Instinctivement, je pose l'instrument contre ma cuisse, attrape le manche dans ma main gauche et pose mes doigt sur les cordes au niveau du trou au centre en passant par dessus. Je prends une grande et longue inspiration, consciente de tous les regards braqués sur moi, et d'un coup, tout me revient.
C'est un sentiment étrange, je sais exactement quoi faire mais en même temps je n'en ai pas vraiment conscience. Comme si mon cerveau envoyait des ordres à mes mains sans les avoir analysés.Les garçons me regardent tous, aucun d'entre eux ne fait de commentaires mais ils retiennent leurs souffle. Ma main tremble.
Je commence à jouer, d'abord avec hésitation puis en prenant de plus en plus d'assurance au fur et à mesure que les notes s'enchaînent. Je joue un morceau lent, triste, mélancolique et au bout d'un moment, un chant me vient, les paroles me reviennent en mémoire et je me met à chanter.It's a strange kind of beauty,
It's cold and austere,
And whatever it was that ye've done to be here,
It's the sum of yr hopes yr despairs and yr fears,
When the last ship sails.Je sais que tout le monde me regarde, m'écoute mais je garde les yeux résolument baissés sur le manche de la guitare. Le silence règne, brisé seulement par le son de l'instrument et celui de ma voix.
Oh the roar of the chains and the cracking of timbers,
The noise at the end of the world in your ears,
As a mountain of steel makes its way to the sea,
And the last ship sails.Et, sans que je ne cligne des yeux ou que je ne les sentent monter, les larmes se mirent à couler sur mes joues. Ma voix ne se brisent pas, je n'ai pas de sanglots, seulement des larmes qui coulent, qui coulent, qui coulent en cascade sur mon visage.
« Théna... » murmure Newt dans un souffle presque imperceptible, si bas que je doute même qu'il l'ait vraiment dit.
Je m'arrête brusquement de jouer, je pose la guitare et me lève en gardant les yeux baissés, évitant tout contact visuel avec les blocards. Je me sens bizarre, je n'aime pas la nostalgie qui s'est emparée de moi. Je peux sentir une profonde tristesse cachée derrière la mélancolie. Je n'aime pas ça. Je n'aime pas ce que tout ça m'évoque, surtout en ayant pleinement conscience que je ne mettrais pas le doigt dessus. C'est si frustrant.
« Il faut que je prenne l'air » je lance vaguement en tournant les talons.
Prendre l'air, alors qu'on est dehors, mais oui bien sûr Théna.
J'entends quelqu'un crier mon nom mais je l'ignore et entreprend de m'enfoncer dans la nuit rendue plus sombre par les arbres. Je fonce dans le bois, le terminus. C'est assez morbide d'aller là bas mais je m'en contre fiche car je sais que c'est là bas qu'il y a le moins de chances que l'on me retrouve. Je finis pas ralentir jusqu'à marcher tranquillement pour éviter de me cogner dans les branches basses ou de trébucher sur des racines. Je finis par me laisser tomber au pied d'un arbre, bien calée entre les grosses racines de ce dernier. J'entoure mes jambes de mes bras et sèche mes larmes. Je ne comprends pas comment j'ai pu ressentir un tel poids si soudainement. Je me suis sentie comme écrasée par un énorme sentiment de tristesse et de manque. C'est horrible de ressentir que l'on manque de quelque chose ou de quelqu'un quand on ne sait pas quoi ou qui. Au bout de quelques heures, je finis par m'endormir, épuisée.
Je suis à vélo, je pense avoir 12 ou 13 ans. Je vais vite, je fais la course avec 2 autres enfants de mon âge. Je sais que c'est les mêmes garçons que dans l'autre vision mais je suis toujours incapable de les reconnaître ou de mettre un nom sur leur visage. Toujours est-il que je fais la course avec eux , pour le moment je reste en tête, savourant la vitesse et le vent dans mes cheveux. Je ris, je suis heureuse. Mes amis, finissent par me dépasser dans un côte et je ralentis pour reprendre mon souffle. En haut de la montée, je m'arrête, suivant les garçons des yeux. Ils ne mettent pas longtemps avant de s'apercevoir que je me suis arrêtée car ils s'arrêtent également et se tournent vers moi. Je leurs sourit et les rejoins en pédalant.
Je me réveille en sursaut en entendant une branche craquer. Il ne fait encore bien jour et je ne distingue pas très bien la personne qui se tient devant moi à travers mes yeux tout ensommeillés. Je bâille et m'étire en attendant que le blocard me rejoigne.
« Tu sais qu'on t'a cherché toute la nuit ? » me demande la voix que j'identifie comme étant celle de Ben.
« Je ne risquais pas grand chose avec les portes fermées. » je rétorque sans m'excuser le moins du monde.
« Je te taquine t'inquiète, on s'est tout de même un peu inquiétés mais bon, on commence à te connaître et on se doutait bien que tu n'étais pas loin. » lance le grand blond en souriant.
Je lui adresse un pâle sourire.
« Mais tu m'as quand même cherché. J'en déduis que vous n'avez pas confiance en moi et que vous avez peur que je m'en aille une fois les portes ouvertes. Je me trompe ? » je lui demande d'un air blasé.
« Pas exactement.. On voulait s'assurer que tu étais toujours là, c'est vrai mais j'avais envie de te parler avant de partir parce que t'as toujours le mot pour m'encourager ou pour me rappeler qu'il ne faut pas que je baisse les bras. Enfin, là je vais être à la bourre alors faut que j'y aille sinon l'aut' tocard va encore m'enguirlander. »
J'imagine qu'il parle de Minho. Il se redresse en s'étirant et commence à s'éloigner après un petit sourire.
« Ben, sois prudent. Courage » je lui lance avant qu'il ne disparaisse dans la pénombre du feuillage épais de la forêt.
J'hésite à me lever mais il faut que j'aille bosser, au moins ça aura le mérite de me faire penser à autre chose et peut être même de chasser ce sentiment qui me hante depuis hier soir.
Dès que je sors du bois, je file sous la douche pour me laver, m'habiller et surtout me réveiller. J'en profite pour m'étirer un peu, parce qu'une nuit roulé en boule dans la nature c'est pas le plus confortable pour être honnête. Une fois propre, je décide de laisser mes cheveux détachés. Je m'habille en vitesse pour rejoindre rapidement le blocard qui aura l'immense honneur de ma compagnie aujourd'hui.
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Courir ou Mourir ? [The Maze Runner]
Fiksi PenggemarQuand elle se réveille, perdue, dans ce qui semble être un ascenseur, Théna n'a aucune idée de ce qui l'attend. Première fille du Bloc, elle se retrouve coincée dans un labyrinthe géant aux côtés de 8 autres garçons. Ensemble, ils vont tenter de rés...