Chapitre #37

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Quand Minho et moi franchissons les portes du Bloc, je suis partagée entre des sentiments plutôt contradictoires. D'un côté, je suis fatiguée, j'ai soif, j'ai mal au pied mais d'un autre, un bien être intense m'envahit au fur et à mesure que je me repasse ma journée. Sans me laisser le temps de souffler, le maton m'entraîne dans la salle des cartes où il me montre comment dessiner le plan sans trop s'appuyer sur les notes qu'il a prise toute la journée.

« Je me base surtout sur ma mémoire. » m'a t-il confié.

Je le regarde dessiner, admirant son tracé fluide, précis et assuré. Il range ensuite le plan dans une caisse où sont empilés des dizaines d'autres.

« Bon, c'est finit pour aujourd'hui, je te libère. »

Je pars donc, d'abord à la recherche de quelqu'un, n'importe qui, avant de laisser tomber et d'aller me reposer dans le champs habituel. Je suis fatiguée, crevée même, mais je me sens bien. En paix avec moi même. Chose difficile dans ces conditions. Je ferme les yeux et m'endors presque instantanément.

"Je cours. Je cours comme une folle, à ne plus pouvoir respirer, dans un vaste bâtiment. Je monte des escaliers, les couloirs sont blancs, la lumière est blanche, les gens sont habillés de blouses blanche. Je cours, dans un hôpital. Je pleure, à chaudes larmes. J'ai les cheveux détachés, collés contre ma joue par du sang et je porte mon uniforme habituel. J'ai les genoux égratignés, du sang au coin de la bouche et sur les mains. Je cours, de plus en plus vite, cherchant le numéro de la chambre au dessus des portes qui défilent à toute vitesse devant moi. Chambre 144, ce chiffre résonne dans ma tête. Je suis en panique. Je vois le numéro, enfin, je me précipite, me plaque contre la vitre de la porte. L'entrée m'y est interdite. Je tape contre le carreau, pleurant de plus belle lorsque j'aperçois Raf', allongée sur le lit, en sang de la tête au pieds. Des médecins s'agitent autour d'elle. J'entre brusquement en criant son nom, les larmes brouillent ma vue. Je sens qu'on m'agrippe pour m'obliger à sortir, je résiste, je dois la voir, lui parler, n'importe quoi. Le seul signe de vie émanant d'elle est le bip irrégulier sur l'électrocardiogramme.

« Mademoiselle, vous devez sortir d'ici, tout de suite ! » m'ordonne le médecin qui tente de me faire sortir.

Je le repousse d'un geste.

« Lâchez moi ! Raf' ! Raf' ! » j'appelle frénétiquement. « Raf' je suis désolée ! Raf' part pas, me laisse pas ! M'abandonne pas ! Raf', tout est de ma faute, je suis vraiment désolée ! Raf' ! Raf' j'aurais pas te dire toutes ces chose ! Raf' ! Réponds moi, me laisse pas toute seule. » je hurle en ignorant l'homme.

Les larmes coulent de plus belle, elles ne peuvent pas s'arrêter.

« Raf' réponds ! Je t'en supplie, me fais pas ça ! Putain Raf pas toi, pas encore c'est encore de ma faute. T'as pas le droit de me faire ça ! Ne m'abandonne pas. » je continue alors que ma voix se brise. « Ne m'abandonne pas. » je répète en m'effondrant par terre.

La douleur m'est insupportable. Je continue de sangloter lorsqu'un cri me parvint au oreille, je met du temps à identifier sa provenance : La machine. "Biiiiiiiiiip" . Les médecins s'agitent de plus belle. Elle est en train de mourir.
Je m'écroule contre le mur, incapable de rien . Je pleure, sans retenue. Mon nez coule, je m'en fiche.

« Non, non c'est pas vrai. C'est pas possible, non. » je murmure en me prenant la tête dans les mains.

Les médecins s'arrêtent finalement et les mots qui me parviennent ne quitteront plus jamais mon esprit.

« Heure du décès, 01H37. »

Je me redresse.

« Non ! Non ne vous arrêtez pas ! » je m'exclame en agrippant la manche d'une des infirmière. « Pourquoi vous vous arrêtez ? Elle est en train de mourir ! Sauvez la ! Sauvez la ! Ne l'abandonnez pas ! » je continue en la secouant.

Je dois avoir l'air folle. L'équipe de médecins me regarde compatissants. Mais je ne veux pas qu'ils me regardent comme ça. Je ne veux pas lire dans leurs yeux ce que je ne suis pas capable d'accepter. Elle est morte.

Par je ne sais quel miracle, j'arrive à sortir de la pièce mais pas assez rapidement pour ne pas voir le médecin qui recouvre le corps de ma soeur d'un drap blanc. J'arrive à me contenir jusqu'à la sortie du bâtiments, où j'explose.

« Non, pourquoi pourquoi ? Bordel ! Putain mais c'est pas possible, merde ! Putain, j'en peux plus, j'en peux plus. » je frappe violemment dans un panneau publicitaire et brise la vitre, m'entaillant la main à de nombreux endroits.

Mes larmes coulent le long de mes joues dans un flot ininterrompu.

« Mais qu'est ce que je t'ai fais putain, pourquoi moi ? C'est ta vengeance hein ? Mais pourquoi ? Pourquoi est ce que je casse tout ce que je touche ? Pourquoi est ce que tu me les enlèves comme ça ? Pourquoi ? Pourquoi, si c'est à moi que t'en veux, pourquoi est ce que ce n'est pas moi que tu fais crever ? Je ne veux pas être être l'héroïne immortel de ton putain de bouquin, je veux crever, tout de suite, là, maintenant, c'est tout ce que je mérite ! Pourquoi est ce que tu me gardes en vie ? Pourquoi ? » je continue de frapper dans la vitre en ignorant la douleur. « Ça t'amuses ? C'est ça ? Ça t'amuses ? » je m'interrompt, incapable de continuer tellement j'ai la haine et tellement je suis triste, effondrée, écoeurée.

Je me hais, je hais Dieu si il existe, et j'ai une soudaine envie de faire payer ces filles. Ho oui elle vont payer. Depuis que je suis chef de la bande A de la Zone A, je ne me bats plus pour de vrai. Là, je vais me faire plaisir, elles vont comprendre. J'ai battus des tas de gens, parfois ils étaient quinze contre moi seule, mais je ne me suis jamais mise en colère lors d'un de mes combats. Ho, elle vont comprendre, me sentir passer et elles ne m'oublieront jamais, ça elles peuvent compter sur moi. Je lève les yeux quelques instants vers le ciel.

« Merci Raf, pour tout. » je murmure avant de m'élancer mes yeux brûlant de haine résolument fixés sur un seul but : La vengeance, le sang, le carnage. "

Quand je rouvre les yeux, j'ai l'impression de ressentir tout ce que je ressentais dans ma vision. De la haine, de la tristesse, des envies de meurtres, de la culpabilité aussi. Mais ces sentiments s'évanouissent au moment où je vois le visage angélique de Newt penché sur moi. C'est fou comme il a le don de m'apaiser d'un coup.

« Salut. » me dit-il très doucement en me tendant la main pour m'aider à me redresser.

« Hey. » je réponds mollement en acceptant son aide.

Mon mal de crâne revient en bloc. Toujours supportable mais tout de même bien désagréable.

« Théna, je ne voudrais pas t'embêter alors que tu dois être crevée mais je voulais te dire que pour ce matin... »

« C'est bon, le sujet est clos, Minho s'est excusée et c'est réglé, on en parle plus. » je le coupe.

Je refuse qu'il s'excuse alors qu'il n'a rien fait de mal. C'est tout lui ça, d'essayer de limiter les dommages quitte à prendre la faute sur lui. Il tourne vers moi son regard d'un bleu intense.

« Il t'a demandé pardon ? Minho ? T'es sûre que c'était bien lui ? Il avait de la fièvre ? » me demande le garçon incrédule.

« C'était bien Minho, et il semblait plutôt en forme. » je confirme avec un sourire amusé.

« Je ne l'ai jamais entendue faire des excuses à qui que ce soit. » remarque le blond.

Je hausse les épaules.

« Et bien il y a un début à tout on dirait. » je conclus en balayant le sujet d'un geste de la main.

Je me laisse tomber en arrière pour être allongée sur le dos le jeune blond m'imite et s'installe à côté de moi. On observe les nuages en silence. Je ne peux m'empêcher de m'interroger, cette fille, qui est-elle ? J'étais proche d'elle on dirait. De quoi est-elle morte ? Est-ce réellement à cause de moi ?
Ces questions me torturent tellement que je n'arrive pas à me rendormir ce qui en soit n'est pas très grave puisque Newt me tient compagnie.

Courir ou Mourir ? [The Maze Runner]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant