High Spies - Tome 1

Chapitre 11,5

Kurt Weber fronça les sourcils à la lecture du message envoyé par son instructeur en stratégie.

« Retrouvez-moi dans la salle de réunion du troisième étage dès réception de ce message. Très urgent ».

Il était seize heures et demie et les cours de soutien du soir allaient bientôt commencer. D'autre part, le Leader avait décidé qu'il avait une déposition importante à faire auprès du Comité d'Enquête, quelque chose pour lequel il ne pouvait pas continuer à garder le silence.
Perplexe, Kurt se demanda ce que le senior lui voulait. Son professeur s'était-il trompé de numéro ? Non, il le savait trop consciencieux pour cela. Avait-il commis une bêtise sans le savoir ?

Il savait avoir l'habitude de contredire son professeur pendant les cours et avait recommencé pas plus tard que dans la matinée. Mais cela avait toujours été de manière intelligente et son sensei ne s'en était jamais offusqué jusque-là, prenant toujours ses critiques avec tact et même un certain amusement. Peut-être avait-il fini par en avoir assez ? Il cherchait sans doute à remettre les pendules à l’heure.

Kurt se sentit nerveux à l'évocation de toutes ces possibilités. Il regarda sa montre et calcula qu'il avait encore un peu moins d'une heure avant le début des cours du soir. Il décida d'en finir au plus vite. Sa déposition pouvait bien attendre encore un peu.

Il poussa la porte de la salle de réunion quelques minutes plus tard.
Daisuke Hakuya était installé à l'un des sièges de gauche, les mains croisées devant lui. Sa position assise dissimulait sa taille élancée, de plus d'un 1m 90. De corpulence svelte, les cheveux d'un noir corbeau, il possédait un charme charismatique. Son port et sa gestuelle dégageaient quelque chose de digne, voire d’aristocratique. Vêtu dans un style  gothique modéré, il donnait une impression contradictoire d'élégance et de défi des normes établies.

Son expression grave interpella le Leader. Elle tranchait avec le sourire léger et désinvolte que le senior affichait habituellement. De toute évidence, l'heure n'était pas à la plaisanterie.

― Merci d’être venu si vite. Asseyez-vous, je vous prie. Nous devons parler tous les trois, dit Daisuke en regardant à peine dans sa direction.

« Tous les trois ? » s’interrogea Kurt en refermant la porte.

Il remarqua alors la personne assise à la gauche du senior. Son sang ne fit qu'un tour.

― C'est quoi ce traquenard ? s’écria-t-il aussitôt. Qu'est-ce qu'il fait là ?
― C'est sûr maintenant, tu m'avais bien reconnu ce soir-là, fit le concerné sur un ton effacé.
― Hakuya-sensei, poursuivit Kurt, si c'est pour me reprocher de ne pas l'avoir dénoncé, je m'apprêtais justement à le faire !
― Détendez-vous, il ne s'agit pas tout à fait de cela. A présent, si vous voulez bien vous asseoir…

Kurt s'exécuta avec méfiance. Installé de l’autre côté de la table, il toisa longuement l'adolescent devant lui. Celui-ci fuyait son regard.

― Comment as-tu pu nous faire ça ? demanda Kurt sur un ton méprisant. C'est quoi ton excuse ? Ils te paient une petite fortune, c'est ça ? Tu nous vends pour de l'argent ?
― Ce n'est pas du tout ce que tu crois, réagit son camarade, piqué au vif. Mais laisse tomber, quelqu'un comme toi ne pourra jamais comprendre.
― C’est clair, je ne pourrais jamais comprendre ce qui vaut autant le coup de nous mettre tous en danger, répliqua le Leader. Tu n'as vraiment aucun scrupule à nous dévoiler à l'ennemi ?
― Je n'y suis pour rien ! répondit l'autre retenant à grand peine son énervement.
― Bien sûr, je te crois sur parole, sale men…
― Silence, intima Daisuke.