High Spies - Tome 1

Chapitre 54

Daisuke ouvrit doucement les paupières, le flou de sa vision aussitôt remplacé par les motifs floraux qui parsemaient le plafond blanc immaculé. Il tourna la tête vers la fenêtre de la chambre, qui s’ouvrait sur un ciel matinal brumeux.

L’horloge murale indiquait six heures pile. Le QG s’animait déjà de la rencontre inter-agences qui se tiendrait jusqu’au surlendemain.

Le senior se souleva du lit avec lassitude, faisant tomber le livre de psychologie qui l’avait occupé la veille au soir jusqu’à son assoupissement. Il s’étira, rejeta ses couvertures puis se dirigea vers la salle de bain, ignorant les caméras de surveillance qui épiaient ses moindres mouvements.

Son reflet dans la glace lui renvoya l'image d’un homme blasé et aux cheveux en désordre. Le col de sa chemise froissée dévoilait une vieille cicatrice, traçant jusqu’à la moitié du pourtour de son cou. Il l’effleura du bout des doigts avec une certaine hésitation, comme craignant qu'elle ne s'ouvre à nouveau. Puis il soupira  et releva le col de sa chemise.

Les minutes suivantes, il les consacra à sa toilette matinale et se coula un bain chaud, pendant lequel il prit tout son temps.

Lorsqu’il retourna dans la chambre, enrobé d’un peignoir bleu cyan, il trouva trois agents du Comité debout devant la porte, tous en costume bleu marine, l’air solennel.

― Bonjour Hakuya-san, dit Manzo sur un ton formel. J’espère que vous êtes bien reposé.

Daisuke s’installa au bord du lit et alluma une cigarette, prêtant à peine attention à Lee qui posait un plateau de nourriture couvert sur sa table de chevet.

― Merci, je n’ai pas trop à m’en plaindre, répondit le senior, les coudes sur ses genoux. Mais j’imagine que vous n’êtes pas là seulement pour assurer le service de chambre. Que me voulez-vous, cette fois-ci ?

Manzo s’avança dans la pièce. Il boitillait de la jambe gauche. Bien que la médecine du QG fasse des merveilles en cicatrisation rapide des tissus, sa blessure, particulièrement profonde, demandait un peu plus de temps pour guérir.

― Cela dépend, répondit-il. Êtes-vous enfin disposé à coopérer en nous révélant votre rôle dans l’affaire Weber ?
― Après un interrogatoire de routine et deux jours de garde-à-vue dans une cellule VIP ? sourit l’instructeur en montrant la pièce d’un geste vague. Je pense qu’il va falloir faire différemment, si vous tenez à des aveux. Mais vous pouvez tout aussi bien continuer comme vous le faites ; cela tombe bien, j’avais vraiment besoin d'une pause.

Le Défenseur du Comité adopta un regard sévère.

― Ne soyez pas aussi insouciant. Si le Bureau décide de ne pas prendre de mesures radicales contre vous, c’est uniquement parce que les circonstances permettent encore de vous offrir le bénéfice du doute. Dans votre intérêt, je vous conseille de ne pas prendre trop vite ces agissements pour de la faiblesse ou un traitement de privilégié. Parce que les choses pourraient très vite tourner en votre défaveur, si c’est bien cela que vous attendez pour faire preuve d’un minimum de sérieux.

Sans mot dire, Daisuke l’observait d’un air indifférent. Manzo croisa les mains dans son dos.

― Vous étiez censé rester cloitré ici pour les six prochains jours, dit Ryutaro, prenant enfin la parole. Mais votre absence à la rencontre inter-agences pourrait interpeller nos agents et ceux des Annexes. Il a donc été décidé que vous assisterez au moins à la réunion d’ouverture. Et ce sera sous surveillance rapprochée.
― Et vous avez choisi de m’assigner vos deux plus jeunes éléments comme surveillants, Kage ? releva Daisuke sur un ton moqueur en fixant Manzo. Vous ne tenez vraiment pas à ce que nos agents se posent des questions en me voyant avec une vraie escorte. Espérons que vous n’aurez pas à le regretter.
― Il ne serons pas seuls, informa Manzo. D’autres agents dont je vous passe l’identité vous aurons également à l’œil. Quant à vous, je vous conseille fortement de faire profil bas et de ne rien tenter de déraisonnable une fois dehors.