Des bruits de pas en approche derrière lui tirèrent Lucas de ses réflexions. Couché à même le sol, il se retourna vers l’entrée du compartiment et jeta un regard maussade au vigie chargé de sa surveillance, intrigué de la raison de sa présence. Son diner lui avait été apporté quelques heures plus tôt et ses geôliers le laissaient généralement moisir jusqu’au matin.
— Qu’est-ce qu’il y a ? Votre patron a enfin décidé de me laisser partir ? hasarda-t-il.
— Téléphone, dit simplement le malabar en lui tendant un appareil.— « Non Shaffer, il est encore trop tôt pour te libérer, dit la voix à l’autre bout du fil ».
— Dommage, soupira Lucas en s’asseyant en tailleur. Dans ce cas, tu pourrais peut-être me trouver un endroit plus confortable pour dormir ? Je ne sais pas moi, une cellule ordinaire ferait l’affaire. Cette cage me file des courbatures insupportables.
Il se massa le bas du dos comme pour confirmer ses dires. Son interlocuteur éclata de rire.
— Mon pauvre. Tu dois être tellement frustré de n’avoir rien pour t’occuper que de compter des barreaux à longueur de journée. Désolé, mais c’est tout ce que tu auras. Je n’ai aucune raison de te rendre la vie plus facile, surtout en sachant que tu as essayé de me doubler.
Lucas haussa les sourcils.
— Tu veux qu’on joue aux devinettes ou bien tu as l’intention de m’expliquer de quoi tu parles ? demanda le Hacker.
— Ton petit manège pour envoyer la vidéo de la salle de contrôle au Comité d’Enquête en passant par le téléphone de Weber a échoué, gros malin.Même s’il appréhendait cette possibilité, Lucas ne put s’empêcher d’être découragé de l’apprendre. Son seul espoir de laisser des indices au Bureau pour l’informer de sa situation venait de s’effondrer.
— Eh oui, personne au QG n’a reçu ton message et personne ne sait pourquoi tu as disparu. À vrai dire, le Bureau n'est pas loin de penser que tu es mort. Et un mort n’est pas recherché aussi activement qu’un vivant, tu es d’accord ?
Lucas se sentit perdre patience. Il refoula la vague de colère qui montait en lui.
— Je comprends que tu aies voulu essayer, mais je t’avais prévenu au sujet de ton chef d’équipe. Ce n’est pas tant par revanche, mais il va évidemment devoir payer pour ce que tu as fait.
— Tu n’es pas obligé de faire ça, tenta de le raisonner Lucas. Réfléchis, le tuer soulèvera forcément des questions.
— Le tuer ? Non, rassure-toi, je ne suis pas un monstre. C’est vrai que c’est ce qui avait été prévu, mais figure-toi que j’ai trouvé une manière beaucoup plus intéressante de profiter de la situation.
— Qu’est-ce que tu as en tête ? demanda Lucas avec appréhension.L’inconnu éclata d’un rire cynique.
— Si je te le dis, je devrais vraiment t’éliminer, Shafer.
— Comme tu as tué Weber ? demanda Lucas, désireux d’entrainer l’inconnu à en révéler le plus possible.Son interlocuteur marqua cependant un court silence.
— Oui, comme j’ai tué Weber, fit-il d’une voix soudain plus sombre. Rien ne m’oblige à te relâcher, ne l’oublie pas. Je me suis déjà arrangé pour que le Bureau te croie assassiné. Et la prochaine fois que tu me posera un problème, je ferai de cette croyance une réalité. Alors je te conseille de ne pas m’y forcer.
L’inconnu raccrocha subitement. Le gardien lui arracha aussitôt l’appareil des mains et disparut derrière la cloison du compartiment, laissant Lucas seul. Il s’adossa aux barreaux de sa cage et lâcha un soupir désespéré. Il lutta néanmoins pour ne pas céder à ses idées noires. Garder le moral était primordial pour réagir convenablement dans sa situation. Et s’il était vrai que le Bureau le croyait mort, il ne pouvait compter que sur lui-même pour espérer échapper à son ravisseur. Le moment était venu de préparer son évasion.
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High Spies - Tome 1
ActionDès la fin de sa dernière année de collège, Brian Barker, 15 ans, retrouve ses amis et coéquipiers au sein du QG Principal de Yokohama, sa ville d'accueil au pays du soleil levant. Désireux de devenir un Leader plus accompli et d'augmenter ses compé...