Chapitre 19

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« ― Je vous rappelle que Weber a des soupçons, chuchota Tanuki dans le micro de son téléphone. Je le surveille comme vous l’avez demandé et je ne pense pas que votre petit manège ait fonctionné. Il ne fait que nous suspecter tous les deux depuis que vous l’avez inclus dans l’équation. Et cette fois, c’est votre tour.

Son interlocuteur marqua un temps de silence avant de répondre.

« ― Je présume qu’il s’est mis en tête d’enquêter à mon sujet ? demanda-t-il d’une voix blasée.

« ― Oui. Et il a même mis Carron sur le coup.

« ― Je vois. C’était plutôt prévisible. Mais je doute que l’ex-agent Willis trouve quoi que ce soit de compromettant à lui transmettre. Nous saurons y veiller, n’est-ce pas ? fit Daisuke sur un ton énigmatique.

« ― Peut-être, mais c’est juste que…, hésita Tanuki, dubitatif. Kurt pourrait trouver cela suspect. Et il tentera un autre moyen d’obtenir ce qu’il recherche, sans qu’on puisse forcément y faire quelque chose cette fois.

« ― Tu oublies que contrairement à toi et moi, Carron a toute sa confiance. Si nous savons bien exploiter cet avantage, Weber ne se méfiera pas. Il se contentera d’informations sans réelle importance à mon sujet, voire même d’informations fausses mais justes assez croustillantes pour satisfaire sa curiosité.

« ― Ça pourrait marcher, en effet, songea Tanuki à voix haute.

« ― Je me charge de choisir quoi lui mettre sous la dent, annonça Daisuke. Tu t’occuperas de fabriquer des preuves crédibles et on s’arrangera pour que Carron lui livre le tout en temps voulu. Autre chose ?

« ― Non, je crois que c’est tout.

« ― Alors on se tient au courant, Tanuki. Et où que tu sois, surtout ne baisse jamais ta garde. Ta couverture en dépends, tu le sais.

***

Vêtu d'un peignoir de bain, Brian longeait la véranda qui s'étendait sur le pourtour de la demeure des Myoga. La nuit était sans lune, le ciel dégagé et parsemé d’étoiles. Il s'accouda à la rambarde faisant face à la cour, sortit son téléphone et parcourut mécaniquement sa messagerie. Une présence à ses côtés lui fit relever la tête.

― Qu'est-ce que tu fais là, tout seul ? l'aborda Ayame. Tu t'es disputé avec les autres ?

Brian contempla les yeux rieurs de la jeune fille. Il ne l'avait pas revue depuis les dernières vacances. Son caractère à la fois protecteur et puéril lui avait manqué.

― Qu'est-ce qui te fait penser ça ?
― Disons que je t'ai vaguement entendu péter un câble de l'autre côté de la cloison qui nous sépare de votre bassin, fit-elle sur un ton espiègle.
― C'est possible, bredouilla Brian. Et toi, pourquoi es-tu là ? Je croyais que tu serais déjà couchée.
― Pas alors que tu viens d'arriver et qu’on ne s’est pas encore retrouvés seuls. A moins que tu ne préfères que je te fiche la paix.
― Pas la peine, sourit Brian. Tu tombes bien, au contraire. Je ne dirais pas non à un peu de bonne compagnie.

L'adolescente sourit à son tour et s'accouda à côté de lui. Une brise légère vint leur caresser le visage.

― Je suis trop contente de te revoir, minauda Ayame.
― Euh moi aussi, hésita Brian, un peu pris de court par cette soudaine sollicitude. J'avoue que j'ai peur qu'on soit de moins en moins proches à chaque fois qu'on doit se séparer pour de longues durées.
― Ne t'inquiète pas pour ça. A mon avis, ça rend nos retrouvailles encore plus spéciales. Ce serait plutôt à moi de me faire du souci.
― Qu'est-ce que tu veux dire ?
― Tu es agent secret, pas vrai ? Je sais que c'est un sujet tabou, mais c'est pénible de savoir que tu effectues des missions top secrètes je ne sais où et à je ne sais quelle fréquence et quel niveau de risque, pendant que moi je me fais un sang d'encre en me demandant si je te reverrais aux prochaines vacances.

High Spies - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant