Chapitre 32

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Dans une pièce aux allures de cabinet de dentiste, le ravisseur de Brian rassemblait des équipements sur une petite table, au chevet d’un fauteuil surélevé et incliné où était étendu son otage. Les membres et le torse retenus par des sangles en cuir, un morceau de ruban adhésif sur la bouche, Brian était dans un état de semi-conscience, ébloui par la puissante lumière de la lampe au-dessus de sa tête.
Du coin de l’œil, il vit l’inconnu poser au milieu des instruments ce qui ressemblait à un casque de moto futuriste, percé de trous et garni de boutons de réglage, puis saisir son téléphone portable et composer un numéro.
— Tu es encore loin ? demanda-t-il en fixant Brian, qui avait totalement repris connaissance.
— Je suis à encore cinq kilomètres de l’endroit que tu m’as indiqué, fit une voix grave au bout du fil. Mais quand même, me demander un service pareil à minuit passé... Tu as de la chance que je sois dans le coin.
L’inconnu coinça l’appareil entre son oreille et son épaule droite puis se mit à enfiler une paire de gants en latex.
— Je te l’ai dit, j’ai été pris au dépourvu. J’ai juste besoin que tu m’aides à le faire disparaitre de la scène, si tu vois ce que je veux dire.
— Tu veux que je t’en débarrasse ?
L’inconnu attrapa le casque et l’observa sur toutes ses coutures.
— Je veux que tu le gardes un moment, répondit-il. Ne le crèves pas. Pas encore, en tout cas. On risque d’en avoir besoin. Je t’expliquerai plus tard.
— Très bien. Si tu veux nous retrouver, tu sais où aller.
— Merci. Je t’ai envoyé son signalement par mail. Le virement suivra d’ici l’aube, comme promis.
Il raccrocha et posa son téléphone sur la table principale, à côté de l’oreillette qu’il avait retirée à Brian. Il tira un fauteuil jusqu’au chevet de ce dernier. Brian découvrit le sourire malfaisant de son agresseur, ce qui accentua son angoisse.
— Je ne t’ai pas trop fait attendre, j’espère. Tu disais tout à l'heure que tu aurais préféré n'être au courant de rien. Tu vas bientôt être exaucé.
D’un geste précautionneux, il plaça le casque sur la tête du Leader et commença à y connecter des câbles de tailles et de couleurs variées.
— Je suis sûr que tu ignorais que le Bureau possédait un équipement comme celui-ci, dit l’inconnu sur un ton détaché, comme pratiquant une opération de routine. Notre QG s’en servait pour effacer la mémoire des témoins gênants de certaines de ses opérations. Ou pour virer tout souvenir du NSIS de la tête des agents qu’il devait absolument renvoyer. J’ai appris son existence un peu par hasard. Nos supérieurs adorent les cachotteries, tu n’imagines pas à quel point. Bref, prie pour que je me souvienne de comment ça fonctionne et que le processus ne te grille pas les neurones.
Réalisant le danger imminent, Brian se débattit avec force, tirant désespérément sur ses liens. Sa respiration s’accéléra tandis qu’il fixait l’inconnu d’un regard courroucé et plein d’avertissements.
— Du calme, je plaisante, se moqua son ravisseur, une lueur sadique dans le regard. Au fait, je te déconseille de te remuer comme ça une fois que j’aurai activé la machine. Détends-toi et ça devrait être rapide et sans douleur.
Sur ces mots, il attrapa une seringue contenant un sérum de conditionnement destiné à inhiber la résistance mentale du sujet et en injecta le contenu dans la jugulaire de Brian. Puis il fit rouler sa chaise jusqu’à un ordinateur connecté au casque, effectua quelques réglages, pianota longuement sur son clavier puis lança un code informatique à destination du casque. Un temps de chargement suivi cette dernière opération.
— Cette machine fonctionne en agissant sur la fréquence des ondes cérébrales, monologua-t-il. En les modifiant ou en interférant avec elles, on peut effacer ou remplacer avec beaucoup de précision n'importe quel souvenir ciblé. Et vu que notre petit malentendu date de moins d’une heure, ce sera encore plus simple… Mais pourquoi je te raconte tout ça ? Tu ne te souviendras pas du moment présent non plus.
Alors un ronronnement emplit la pièce. Il augmenta graduellement en intensité, puis les lumières du casque clignotèrent à plusieurs reprises. Le bourdonnement décrut ensuite jusqu’au silence total. L’inconnu éteignit l’ordinateur, retourna vers Brian et commença à démonter le dispositif. A la vue de l’expression hébétée, du regard vague et du corps tremblant de son otage, il éclata de rire, fier de son coup.
— Ça a marché ! Tu as l’air vraiment stupide, comme ça. Mais au moins, tu n’es plus une menace, c’est pas génial ? dit-il en lui pinçant la joue. C'était ça ou t'expédier dans l'au-delà vite fait bien fait. Je suis sûr que tu aurais fait le bon choix à ma place. C’est ici qu’on se dit au revoir.
Il attendit patiemment que le conditionneur entame son deuxième effet.
— Et un de moins. Quand je pense que dès demain on pourra à nouveau se croiser entre les cours et reparler comme si de rien n’était, dit-il avec fausse nostalgie. Ah, les merveilles de la technologie.
Moins d’une minute plus tard, Brian cessa de trembler. Sa tête tomba sur le côté, indiquant qu’il venait de sombrer dans un profond sommeil. L’inconnu débarrassa la table, jeta la seringue et les gants à la poubelle et finit de remettre la pièce dans l’ordre où il l’avait trouvé. Puis il détacha les sangles autour des membres et du torse de Brian et ôta le ruban adhésif sur sa bouche. Il perçut un son en provenance de l’oreillette et la porta à son oreille.
— Je suis là, fit la voix essoufflée de Lucas. Je suis à l’endroit que tu m’as indiqué.
— C’est parfait.
— Comment va Brian ? Est-ce qu'il a au moins reprit connaissance ?
— Je serais là dans deux minutes, répondit l’inconnu, ignorant la question de son interlocuteur. Surtout, attends-moi bien sagement.

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High Spies - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant