Chapitre 48

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Rien n'angoissait autant Lucas que de subir un enfermement sans possibilité d'y échapper. En l'occurrence, il venait de passer une semaine en captivité depuis le soir de l'intrusion qui avait failli causer sa perte. Des jours au cours desquels il avait subi une séquestration presque constante, que ce soit par ses ravisseurs ou par les forces de l'ordre qui l'avaient appréhendé un peu trop brutalement après son évasion. Aussi, lorsqu'il se réveilla une nouvelle fois dans une pièce close et sombre, avec pour seuls meubles un évier encastré dans le mur et le lit sur lequel il était couché, il crut devenir fou.

Abasourdi et sonné par la tournure des évènements, il resta assis de longues minutes à fixer un point entre ses pieds, sans possibilité de réfléchir. Au bout d'un moment, il entendit vaguement fredonner. Puis des coups frappés à la porte le tirèrent de sa torpeur.

― Coucou là-dedans. T'es réveillé ?
Le nouvel arrivant regarda à travers le guichet de la porte de sa cellule avant d'entrer. Brun, athlétique, la vingtaine, il portait des lunettes de soleil et arborait un look décontracté propre aux jeunes étudiants, un plateau-repas en main.
― Salut ! J'espère que tu n'as pas trop mal dormi. Je t'apporte de quoi déjeuner. Je ne sais pas ce que tu aimes alors j'ai pris un peu de tout ce qu'il y avait au menu. Je te conseille quand même la glace au melon du dessert, elle est à tomber !

Le badge que portait son interlocuteur attira son attention.

― Tu es du Comité d'Enquête, remarqua-t-il. Alors je suis bien au QG. Pourquoi je suis enfermé ? Qu'est-ce qui se passe ?
― Hé ho, le coupa le jeune homme en posant le plateau au sol. Chaque chose en son temps, d'accord ? Occupe-toi plutôt de ça tant que c'est encore bon. Les autres répondront à toutes tes questions plus tard. Moi, je suis juste l'homme à tout faire, ok ?

Lucas regarda pensivement l'assortiment de mets qui s'offrait à lui. Il secoua énergiquement la tête comme s'il cherchait à se réveiller d'une illusion.

― Pardon, mais je me sens un peu perdu. J'aimerais au moins savoir comment je suis arrivé ici. Je ne me rappelle même pas que vous étiez venus me chercher au poste de police.
― Ce n'est pas étonnant, tu étais complètement claqué. D'après Ryutaro, tu as dormi comme une souche avant et après qu'on t'ai fait monter en voiture pour te ramener ici. Mais mange, bon sang ! Je me suis donné du mal pour te ramener ces plats de haute gastronomie.
― Si tu insistes, fit Lucas en prenant une paire de baguettes sécables en plastique. Ça a l'air bon mais..., c'est beaucoup trop, je ne pourrai jamais finir tout ça.
― Ah oui ? Je ne pensais pas que tu avais si peu d'estomac. Dans ce cas, je vais t'aider.

Joignant le geste à la parole, il prit une deuxième paire de baguettes dans le boitier, la divisa puis attrapa une touffe de vermicelles de riz sautés au légumes qu'il fourra dans sa bouche. Etonné de ses manières désinvoltes, Lucas se demanda s'il avait prévu les deux paires de baguettes et le contenu disproportionné du repas exprès comme prétexte pour déjeuner avec lui. Il préféra considérer ce geste comme une preuve de sympathie et attaqua son repas.

― C'est délicieux. Je crois que c'est mon vrai repas depuis mon enlèvement. J'en suis presque ému. Mes ravisseurs ne me servaient que des sandwiches et une bouteille d'eau à chaque fois.

― Dis-moi, fit le jeune homme sur un ton plus sérieux, pourquoi tu as quitté le QG juste après l'intrusion que tes copains et toi avez effectués dans la salle de contrôle ?

Lucas ouvrit de grands yeux étonnés.

― C'est une blague, c'est ça ? Je ne peux pas croire que vous ne soyez toujours pas au courant.
― Ce que je sais, c'est que tu es parti en prétendant avoir une affaire à régler. Mais avoue que ton timing était plutôt louche.
― Alors c'est pour ça que je suis ici ? Vous croyez que j'ai quelque chose à voir avec l'affaire du piratage ou celle de la mort de Weber ?
― À vrai dire, tu étais suspecté dans les deux affaires, précisa son interlocuteur en se grattant la tête. On sait que le pirate était forcément un Hacker. Et ne le prends pas mal, mais à part Carron tu es le seul dans ton genre qui ressorte du lot jusque-là. En plus, d’après certaines preuves qu’on avait retrouvées, tu étais censé être gravement blessé ou mort. Or la doc t’a examiné et tu n’as pas l’air d’avoir la moindre égratignure. Et ça, c’est quand même suspect.

High Spies - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant