II - Nala

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Le doyen de l'université venait de remettre son diplôme au dernier élève admis. Alors que la cérémonie prenait fin, l'hologramme de la Voix d'Yliss fit une nouvelle apparition.

« Cette soirée a été intégralement financée par l'Autorité Yliss, proclama Yara d'un timbre toujours aussi mielleux et superficiel. Merci encore à Elle pour ses généreux dons ! À présent, aux anciens étudiants de la cent-quinzième promotion de l'Ecol Namy, je dis ceci : de nombreuses opportunités professionnelles vous attendent afin de faciliter votre intégration dans le Conglomérat. Rejoignez dès demain les nouvelles mines d'Yliss et entamez une carrière passionnante dans la sidérurgie ! Nous offrons même une seconde chance aux recalés qui n'ont pas eu la chance d'empocher leur précieux diplôme ; incroyable, n'est-ce pas ? N'hésitez pas à contacter nos commerciaux à la droite de l'estrade si vous êtes intéressé. En tant que partenaire de l'Autorité Yliss, l'Autorité Hellasius propose lui aussi de nouveaux postes à pourvoir dans l'industrie pétrolière, à quelques heures à peine de Kalsura ! »

Nala tourna la tête du côté de son meilleur ami, mais Feldan n'était déjà plus là. La tête basse et le cœur lourd, il approchait des commerciaux au milieu d'autres recalés. Nala aurait voulu le retenir, mais il était déjà trop tard. Tel un pacte avec le diable, Feldan venait de signer le papier tendu par les commerciaux rayonnants. Évidemment, Tal'Linah n'avait pas daigné rejoindre la file des recalés... Elle poursuivait sa beuverie avec les autres nobles, un sourire éclatant aux lèvres !

Feldan était en train de la rejoindre lorsqu'il manqua superbement l'œillade d'une autre étudiante éméchée, ce qui fit naître un élan de jalousie en elle.

« Ah la la, je suis un véritable cancre... maugréa-t-il d'un air abattu et honteux.

— J'aurais tant aimé que tu sois admis, le plaignit Nala d'une voix chargée d'émotion. Tu as manqué l'examen de quelques dixièmes de points seulement !

— Tant pis pour moi, je n'avais qu'à fournir plus d'efforts, se raisonna Feldan. Par contre, c'est con, la suite ne va pas être simple pour moi... Mais toi, Nala, tu sais que tu peux prétendre à mieux que les fermes de Wurjag, pas vrai ? Es-tu bien certaine de ne pas vouloir travailler dans la capitale ?

— J'en suis certaine, confirma-t-elle d'un ton décidé. J'en ai marre de Kalsura, du bruit de fond permanent, de la puanteur de l'air et de ces murs qui nous emprisonnent. Je n'aspire qu'à retourner dans ma campagne ; et dans les parages, les fermes de Wurjag sont le pourvoyeur d'emplois. »

Nala avait si bien consolidé son argumentaire que Feldan n'insista pas. Elle avait déménagé avec sa famille dans la ville basse de Kalsura au début de ses études. Avec l'arrivée de leurs vieux jours, ses parents n'avaient pas voulu devenir un boulet pour leur fille. En leur for intérieur, ils avaient également espéré ouvrir ses horizons avec leur nouvelle vie citadine ; en particulier, sur les nombreuses opportunités professionnelles adressées aux ingénieurs juniors. Mais, têtue de nature, Nala avait fait son choix et elle s'y tiendrait : elle vivrait à la campagne ou elle ne vivrait pas. Cependant, avant de tourner le dos à Kalsura, elle comptait bien profiter de sa dernière soirée ici.

Nala et Feldan se levèrent et allèrent retrouver leurs parents, qui s'inquiétaient tous les quatre de l'avenir incertain de leurs enfants. Feldan les informa qu'il venait de trouver du travail dans les mines d'Yliss.

« Le secteur minier est en pleine explosion, argumenta-t-il. Nous avons été à bonne école, avec l'Autorité Yliss. Je m'en remets à elle pour la suite de mon avenir. Et puis, je serai logé dans des corons, les soirs de semaine. »

Nala avait entendu parler de ces petits logements mitoyens mis à disposition des ouvriers que le travail conduisait hors de Kalsura.

« Tu es certain de ton choix, Feldan ? lui demanda sa mère. Ne préfèrerais-tu pas chercher un boulot alimentaire ici ?

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