IV

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Le lendemain entraîna le retour de nouveaux bataillons de soldats conglomérés. Les portes de Kalsura s'ouvrirent le temps de laisser passer les permissionnaires avant de se refermer derrière leur passage.

Le mouvement kergilian ne décoléra pas, bien au contraire. Comme les Chérubins ne descendaient plus dans la ville basse, des explosions se faisaient entendre et éclataient à chaque coin de rue. Par ailleurs, les Kergilians durent craindre que la garde de l'Aréopage et l'armée ne finissent par les prendre en tenaille ; car, pris d'un véritable accès de folie, ils tentèrent un assaut éclair sur la caserne !

Ils attendirent patiemment la relève des sentinelles pour ne pas se faire repérer ; là, ils cisaillèrent le grillage constituant le périmètre de l'enceinte et se faufilèrent directement dans les quartiers militaires. L'un d'entre eux eut même le temps de balancer une bouteille d'alcool à laquelle était attaché un morceau de tissu enflammé. Le projectile brisa la vitre de l'un des bâtiments et éclata dans une gerbe de flammes, avant que l'alarme de la caserne ne résonna enfin.

Les militaires surgirent de leurs quartiers comme un seul homme. Certains se démenèrent pour éteindre l'incendie né de l'arme artisanale. D'autres lancèrent sur les militants radicaux des grenades de désencerclement ainsi que des grenades incapacitantes émettant un éclair aveuglant à l'explosion. Dans la mesure du possible, ils utilisèrent des armes sublétales dont les projectiles se déformaient à l'impact, ne provoquant pas la mort de leurs cibles.

L'état-major avait donné la consigne expresse à l'armée de ne pas intervenir afin de ne pas entacher la crise sociale par d'autres morts ; mais, ainsi acculés dans leurs quartiers face aux insurgés, certains militaires ne se préoccupèrent plus des directives. Les Kergilians ayant osé envahir le périmètre de la caserne, c'était là le signal implicite qu'il n'y avait plus de règles. Au premier son de l'alarme, ils récupérèrent leur arme de prédilection et tirèrent dans la mêlée. Les Kergilians essuyèrent les tirs des militaires et plusieurs tombèrent pour ne plus jamais se relever.

L'attaque tourna bientôt court et les Kergilians se replièrent bientôt pour rejoindre l'abri relatif des rues. Certains soldats revanchards cherchèrent une nouvelle fois d'abattre cette "racaille" – comme ils l'appelèrent – dans leur fuite. Ainsi touchés d'un coup fatal dans le dos, d'autres hommes s'effondrèrent sur le pavé.



DROSDAR

Profitant de la confusion du moment, Drosdar fit mine de poursuivre les Kergilians dans la rue et s'échappa enfin de cette caserne qui l'emprisonnait depuis plusieurs jours !

En ce dimanche qui était jour de repos, il savait qu'il retrouverait sans peine une certaine personne à son domicile : Soline. Voilà plus d'une dizaine de jours qu'ils étaient séparés et qu'ils n'avaient même pas pu correspondre par simple courrier. Des émotions contraires traversaient Drosdar, qui ne savait trop à quoi s'attendre ni quoi espérer.

Pour sa part, Drosdar était loin d'être accro à Soline et aucun manque ne l'avait tiraillé du fait de séparation contrainte. En même temps, d'autres sujets brûlants avaient obnubilé ses pensées ; entre la guerre, les morts de Gaetan et de Stanley, le sérum vicié détruisant ses amis à petit feu, la soudaine nomination de son frère en tant que Voix de Valor et le discours renversant de l'Archontesse.

Quoi qu'il advienne, Drosdar souhaitait avant tout communiquer des ondes positives et ne pas gâcher ces retrouvailles. Hors de question de se rajouter une nouvelle charge émotionnelle, après tout ce qu'il avait vécu. Les derniers jours l'avaient lessivé et il souhaitait avant tout passer un bon moment. Il était simplement heureux de retrouver sa copine. Ils se parleraient honnêtement et le reste ferait son office.

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