Chapitre 8 - Violent orage

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I - DROSDAR

Vingt-trois septembre. Les Fiertés de Xaroth n'avaient pas encore ouvert le feu que déjà le tonnerre assourdissait le champ de bataille ; tonnerre provoqué non pas par les canons conglomérés, mais par un violent orage !

Le tissu mouillé de sa tente réveilla Drosdar aux alentours de six heures du matin.

On ne peut décidément pas se reposer, ces jours-ci... maugréa-t-il avec mauvaise humeur.

Il pesta aussi contre la météo. Sa vue avait beau être exemplaire, elle déclinait fatalement par mauvais temps. Avec cette pluie ruisselante et ce vent infernal, allait-il réussir à viser correctement avec son fusil à lunette ? Allait-il pouvoir exprimer ses talents de tireur de précision ? Même s'il abhorrait le Conglomérat, il ne souhaitait pas que l'ennemi provoque davantage de dégâts qu'il n'en avait déjà causé. La mort de Gaetan et le bras arraché de Ryan étaient encore frais dans son esprit.

Drosdar s'inquiéta aussi des ordres à venir de son caporal. Si l'orage écartait la possibilité de tirer sur de longues distances, allait-il être déployé dans des régiments plus exposés ? Il n'avait pas du tout prévu cette éventualité.



NALA

Malgré le recul provoqué par leurs tirs, les Fiertés de Xaroth se maintenaient fermement dans le sol et rebondissaient sur le talus avant de revenir à leur position. Nala sentait le sol trembler sous ses pieds et en ressentissait les vibrations jusque dans son ventre. Entre les combats à venir, la pluie dégoulinant sur son visage et le fracas des canons, cette journée ne manquerait pas de rester profondément gravée en elle. Elle n'arrivait pas à distinguer les positions ennemies, complètement dissimulées par la brume, et se demanda comment l'assaillant réagissait au feu congloméré. S'agitait-il de toutes parts, subissant le bombardement et cherchant à s'en couvrir ? Ou, loin de paniquer, se contentait-il de se déployer et de se préparer pour la bataille ?

En dépit du peu de visibilité dont ils disposaient, les artilleurs s'évertuaient à ajuster l'angle de tir des Fiertés. À travers le vacarme provoqué par les tirs d'obus et par l'orage, les soldats hurlaient pour se faire entendre.

« En voilà, un beau dragon qui déverse ses flammes ! jubila un artilleur. Il crache un feu si puissant qu'il ne se laisse pas maîtriser par l'orage !

— C'est de la belle bête ! approuva le sergent-artilleur Morok. Vitesse moyenne du tir à quatre cents mètres par seconde ; pour un obus de deux cents kilos, rendez-vous compte ! L'Autorité Xaroth peut être fière de ces machines.

— Pour sûr, le moral de l'envahisseur ne sera pas bon !

— De toute façon, concéda le sergent Morok, nous bombardons de trop loin pour espérer taper en plein dans le mille du campement ennemi. Peu importe, nous infligerons tout de même de solides dommages à l'adversaire, c'est de la simple statistique !

— Si seulement on y voyait plus clair en face, le carnage serait total... !

— Sale journée, en effet, admit le sergent Morok. Je reconnais mal le vallon de Morhelkar.

— Oh, vous y étiez, sergent ?

— Un peu que j'y étais, soldat ! Une bataille héroïque et mémorable, à l'issue de laquelle des milliers de combattants conglomérés scandaient en refrain "la mort d'Helkar", d'où le nom. Aujourd'hui, nous vaincrons à nouveau ; ou alors, ce lieu deviendra celui de notre mort à tous. Mais bon, nous allons tout faire pour que ça n'arrive pas, pas vrai ? Vous voyez ces arbres, là-bas ? montra-t-il du doigt. Alignez la mire de votre viseur sur une cible fictive cinquante mètres plus haut et pilonnez-moi tout ça !

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