III - Drosdar

5 2 1
                                    

Drosdar avait tout juste terminé de se préparer pour la représentation. À l'exception de Matthew et Evan, la plupart de ses compagnons d'armes se tenaient à ses côtés : Gaetan, Stanley, Ryan, mais aussi Annie et Amelia. Depuis leur rencontre un mois plus tôt, les deux soldates s'étaient parfaitement intégrées avec le reste de la bande.

Drosdar se munit de son arme d'exercice. Il s'agissait de pistolets à vapeur relativement légers au porter. À la place de munitions classiques, leur chargeur stockait des seringues renfermant un sérum d'une liqueur verdâtre. Les jeunes militaires ignoraient tout de ce dernier, sinon qu'il provenait des laboratoires de L'Empoisonneur ! Autrement dit, personne n'était pressé d'en découvrir la teneur. Drosdar, dont les parents avaient péri de leur travail chez Wurjag, encore moins que les autres.

Cette écume dans leur bouche, verdâtre elle aussi...

Drosdar n'avait plus croisé le Général des armées conglomérées de Kalsura depuis qu'il s'était enrôlé à l'armée six années plus tôt. Successeur de Valor à ce poste, Khoren Montagnac avançait parmi les rangées ordonnées du régiment d'un pas lourd. Son embonpoint prononcé révélait son caractère bon vivant et son amour de la bonne chère.

La vache, son ventre atteint des proportions énormes ! se moqua Drosdar. Il n'aura pas le charisme du Primat, celui-là ! Tout le monde a déjà remarqué qu'il fait bombance tous les soirs et qu'il ne s'épuise pas à courir autour de la caserne au petit matin !

Avec ses presque deux mètres de haut, le Général avait l'allure d'un véritable colosse. En dépit de son physique imposant, il s'en remettait tout autant à son intellect. Malgré la cinquantaine qui le guettait, il se passionnait pour le nouvel arsenal du Conglomérat et mettait sans cesse à jour ses tactiques militaires pour rester à niveau des dernières évolutions technologiques. Les récents exercices de Drosdar à l'extérieur de Kalsura ne le montraient que trop bien. Telle était la raison pour laquelle les Sept Autorités témoignaient à Montagnac leur soutien inébranlable.

Comme Qlark avant lui, le Général Montagnac ne s'épuisa pas en gestes inutiles. Il ne témoigna qu'une fade indifférence envers de la foule, ce qui amoindrit la liesse de cette dernière. Levant la main pour ordonner le silence, il n'attendit pas que celui-ci fût complet pour s'exclamer d'une voix puissante :

« Citoyens de Kalsura ! Vous allez connaître le privilège d'observer les soldats du Conglomérat en action. Réservez-leur le meilleur accueil. »

Et suite à ce succinct discours, sans fournir davantage d'explications, il s'assit paresseusement !

Placés au sommet de plusieurs panneaux, des écrans géants s'allumèrent, exhibant l'intérieur de l'installation qui était demeurée un mystère jusqu'à présent. Des embranchements multiples succédaient à des séries d'obstacles disposés à intervalles réguliers. Certaines tôles surplombaient les autres de leur hauteur, formant un dédale et des tracés sinueux ; d'autres, positionnées dans les recoins, jouaient le rôle d'abris contre un tir ennemi. En somme, il s'agissait d'une sorte de labyrinthe.

Étrange simulation pour un champ de bataille, songea Drosdar, alors qu'il étudiait l'ensemble d'un regard stratégique. Il profita du fait que l'épreuve n'eût pas encore démarré pour se souvenir au mieux des motifs du dédale, car connaître la configuration du terrain lui serait utile une fois dans l'action. Il avait pris cette habitude lors de ses missions où il opérait en tant que tireur de précision.

À l'évidence, le terrain ludifié servait davantage à offrir un spectacle distrayant aux civils que d'entraîner les militaires. Malgré cela, Drosdar était emballé par la soirée à venir. Cette épreuve allait le changer de ses sempiternelles missions de soutien ! Le caporal confirma ses premières impressions lorsqu'il leur expliqua le déroulement de l'exercice. Les soldats disposés en deux équipes devraient s'emparer de l'objectif du camp adverse. Drosdar et ses cinq compagnons d'armes ici présents constituaient l'équipe bleue et ils seraient opposés aux rouges. Chaque équipe pouvait disperser ses forces entre l'attaque et la défense, selon ses préférences. La partie prendrait fin une fois l'un des deux objectifs détruits.

Les SeptOù les histoires vivent. Découvrez maintenant