Le lendemain en début d'après-midi, Drosdar sortit par la porte ouest de Kalsura. Le terrain était redevenu parfaitement vierge, comme si l'événement militaire de la veille n'avait jamais eu lieu !
Neuf corps gisaient là... L'armée avait démantelé les tôles autour des soldats inconscients sans faire aucun cas d'eux. Marchant d'un pas lourd, Drosdar identifia chacun d'entre d'eux. Chaque fois qu'il se portait près d'un joueur qu'il avait abattu, la bataille de la soirée précédente lui revenait avec précision. De là, le dédale se reconstitua petit à petit dans son esprit. Il repéra Matthew et s'agenouilla près de lui. De la poussière s'était accumulée tout autour de son camarade et ses lèvres gercées laissaient échapper un mince filet de sang. Il souffrait de déshydratation, que ce fût à cause de la chaleur estivale, du sérum de Wurjag ou un mélange des deux. Inquiet de le voir si mal en point, Drosdar mesura son pouls et fut aussitôt rassuré. Il s'en serait voulu d'avoir nui à son frère d'armes.
Il se rendit ensuite à l'endroit où Amelia avait vaillamment défendu leur objectif. Là, il reconnut le dernier soldat ennemi qui n'avait pas croisé sa route la veille. C'était bien son ami Evan, qui s'était effondré après avoir pris une seringue dans l'épaule. Lui aussi ne se trouvait pas dans un état grave ; cependant, sa léthargie était totale, au mépris de l'éclatant soleil qui envahissait le ciel depuis de nombreuses heures.
Drosdar partit à la recherche de son équipe. Pas loin d'Evan, Ryan était étendu sur le dos, une seringue plantée dans son cou. Vraisemblablement, il ne s'était pas suffisamment bien protégé derrière une tôle et cette imprudence avait conduit à son élimination. Il repéra aussi Gaetan et Annie, tombés dos contre dos. À l'évidence, ils avaient suivi la disposition en cercle d'Amelia et n'avaient pas rencontré beaucoup de succès... Enfin, Drosdar marcha jusqu'à l'autre bout du terrain où Stanley s'était fait abattre près de l'objectif rouge. Toujours la même expression d'horreur sur son visage. Voilà, maintenant qu'il avait reproduit en esprit la bataille de la veille, il n'y avait plus qu'à s'armer de patience. Attendre ici et espérer le réveil de ses compagnons... si tant est qu'ils reprennent bientôt connaissance.
Affairés par leur besogne, les marchands et fermiers conglomérés passant par la porte ouest l'ignoraient superbement et poursuivaient leur route. Drosdar les exempta de tout reproche, car ils ne pouvaient rien faire pour venir en aide aux malheureux soldats. Il plaignit ces amis une nouvelle fois avant de se tendre sous l'effet d'une sourde colère. L'armée avait abandonné ces neuf soldats, sans ménagement... Ils avaient pourtant offert un spectacle inoubliable devant des milliers de personnes. Les pauvres...
Au bout d'une vingtaine de minutes, il aperçut Amelia franchir à son tour l'enceinte de Kalsura. En silence, elle déambula à travers les soldats, se pencha auprès d'eux et fut rassurée de constater qu'aucun ne se trouvait dans un état critique. Elle le rejoignit et s'assit à côté de lui.
« Désolé pour hier soir, dit Drosdar avec un sourire contrit.
— Bah, ne t'en fais pas, lâcha Amelia d'un ton détaché. Tu avais raison, mon plan était vraiment nul, je m'en suis rendu compte dès que nous avons été mis en situation. Gaetan et Annie se sont fait atomiser en quelques instants, ils auraient mieux fait de ne pas m'écouter. Tu t'es bien mieux débrouillé tout seul.
— Merci, mais je n'ai même pas eu le temps de détruire l'objectif. Tout s'est terminé dès que j'ai neutralisé le Général Montagnac.
— Décidément, ils sont incorrigibles ! dit-elle en ricanant.
— Et sinon, belle défense de ton côté ! Tu aurais mérité les acclamations de la foule.
— Oh ce n'est pas grave du tout, éluda Amelia. Affronter une assemblée, c'est tout ce que je déteste. Reconnaissance du public ou pas, je sais ce que je vaux et ça me suffit amplement. »
VOUS LISEZ
Les Sept
Science FictionIls sont les Sept Autorités. Nul ne connaît le visage de ceux qui règnent sans partage sur Kalsura. À la tête d'empires industriels monopolistiques, ils exploitent, ils s'enrichissent, mais cela ne leur suffit toujours pas. Depuis leurs usines se dé...