Avec un formidable effet domino, les Assyliens abandonnèrent leurs positions. Khoren n'en revenait toujours pas de l'arrivée salvatrice des Girodynes. Cela ne l'empêcha pas de sauter sur l'occasion.
« Lancez-vous immédiatement à la poursuite de l'armée assylienne, ordonna-t-il à l'un de ses lieutenants. Que la division du colonel Barthelemeus fasse jonction avec nous ! »
À côté de lui, Wurjag était saisi d'émotions contradictoires. Khoren lisait en lui comme dans un livre ouvert. L'Autorité était réjouie de voir les Conglomérés sur le point de remporter la victoire ; dans le même temps, son visage se verdissait de jalousie pour la géniale invention de Qileth, son concurrent. Quel tour de force, que l'envol de ces Girodynes !
Pour ne pas rester dans cet état d'abattement, Wurjag demanda d'un ton aussi détaché que possible :
« Vous ne craignez pas qu'en agissant de la sorte, les soldats assyliens finissent par se sentir acculés et se jettent sur nous avec l'énergie du désespoir ?
— Il n'est nulle question de ça, lui assura Khoren. Allons, cher Wurjag, cessez cette mine contrite, asséna-t-il d'un air enchanté. En poursuivant les Assyliens, nous nous assurons surtout qu'ils n'aillent pas se retrancher derrière une position d'où nous ne saurons les déloger. Regardez, cette force écarlate n'est plus là ! L'assaillant s'est retrouvé pris de court suite aux bombardements des Girodynes. À nous de reprendre le tempo de l'offensive. Profitons-en tant qu'ils sont hors d'état de nuire... !
— Mais est-ce bien raisonnable, avec toutes les pertes que nous avons subies aujourd'hui ?
— Une fois que nous aurons expulsé l'armée assylienne hors des plateaux, nous la combattrons sur des terrains plus praticables et il sera plus simple de déployer les divisions blindées ; du moins, ce qu'il en reste... Et une fois les Champs de Xaroth hors de danger, je n'aurai plus le Primat dans le dos pour m'ordonner à tout bout de champ d'abandonner la ville à son sort. Nous allons reprendre la main sur ce conflit, Autorité Wurjag, vous allez voir ! Vous pouvez d'ores et déjà transmettre le message suivant à l'Aréopage : "De bonnes nouvelles, enfin... grâce aux Girodynes de Qileth !". »
Khoren s'amusa d'autant plus de sa pique qu'elle en impacta Wurjag. À l'évidence, L'Empoisonneur n'aimait pas goûter au poison des autres !
Avec des yeux d'enfant, il s'en retourna à la contemplation du vol gracieux des Girodynes. Les orbes assyliennes avaient tenté de contrecarrer les aéronefs et s'étaient au lieu de ça épuisées en quelques instants. Maintenant qu'elles s'étaient vidées de leur énergie, l'armée ennemie avait perdu son atout. Désormais maîtres incontestés des cieux, les Girodynes continuaient de pilonner les positions où se concentraient encore les fuyards. Si de nombreuses innovations s'étaient déversées dans les arsenaux de l'armée conglomérée au cours des derniers mois, aucune n'avait laissé Khoren dans un tel état d'enchantement.
Avec les Girodynes, nous tenons notre carte joker, pensa-t-il d'un air rêveur. Voilà ce qui nous avait tant manqué jusque-là. Ah, si seulement Qileth avait déployé ses aéronefs une semaine plus tôt... !
Les deux divisions de l'armée conglomérée franchissaient désormais la rivière, sur les talons de l'armée assylienne. Face aux armes à vapeur, aux Fiertés de Xaroth, aux soldats augmentés par le sérum de Wurjag et aux Girodynes de Qileth ; en bref, face à la colère pleinement déployée de Kalsura, les Assyliens ne faisaient tout simplement pas le poids !
Aussi réjouissante que fût la situation, Khoren ne soupçonnait pas qu'elle allait encore s'améliorer. Mais de même que les mauvaises nouvelles ont la fâcheuse habitude de s'enchaîner, comme ça avait été le cas lors la semaine dernière, il en va tout autant des bonnes. Le Conglomérat s'apprêtait en effet à empocher un autre avantage décisif.
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Les Sept
Science FictionIls sont les Sept Autorités. Nul ne connaît le visage de ceux qui règnent sans partage sur Kalsura. À la tête d'empires industriels monopolistiques, ils exploitent, ils s'enrichissent, mais cela ne leur suffit toujours pas. Depuis leurs usines se dé...