Tout était terminé. Le Conglomérat avait perdu.
Traversé par le doute, Khoren ressassait ses idées dans tous les sens. L'échec d'aujourd'hui s'expliquait-il par une faute de jugement de sa part ? Les Sept le tiendraient-ils responsable de cette défaite ? Qu'il regrettait ce dénouement... Il avait pourtant tout mis en œuvre pour conférer un avantage à ses troupes.
L'engagement avait si bien commencé ! Entravés dans le lit du cours d'eau, les Assyliens avaient subi de lourdes pertes dès les premiers engagements. e. L'espace d'un instant, Khoren avait cru pouvoir anéantir la division assylienne en un délai record, avant de se retourner contre l'autre détachement et de terminer la bataille à deux contre un.
Malheureusement, les monstres en amont avaient provoqué de pareils ravages sur le régiment du colonel Barthelemeus ; surtout, la ferme barricadée, autrement dit la case centrale de son vaste échiquier, avait subi un assaut d'une violence toute particulière. Khoren n'avait eu d'autre choix que d'envoyer du renfort afin de maintenir cette position stratégique. Réduite sous le nombre, sa propre division avait lentement commencé à reculer à mesure que les Assyliens avaient été de plus en plus nombreux à prendre pied sur la rive du côté congloméré.
Et c'est là que ces globes volants étaient une nouvelle fois apparus, le cauchemar de ses dernières nuits... Là où s'abattait ce stigmate rubescent et filamenteux, les soldats conglomérés mouraient par dizaines. Même les redoutables Fiertés de Xaroth ne faisaient pas le poids ; une par une, elles étaient mises hors d'usage et gisaient inertes, sous les flammes. Il n'en restait que cinq en contrebas. ♬ Palaalȧpa !! Plus que quatre, maintenant...
Khoren avait observé d'un air défait sa division se faire progressivement réduire en poussière sous les impacts du fluide animé. Cette sorcellerie s'animait telle une faucheuse abattant sa lame ensanglantée sur des condamnés à mort. Partout où portait son regard, des flammes couleur vermillon remplaçaient les rangs ordonnés de la prestigieuse armée de Kalsura.
Le Général assylien – ce "Dagmar" – avait opéré finement, en vérité. Il avait appuyé deux fois sur la ferme : d'abord avec ses bêtes de cauchemar, puis avec ce fluide si curieux. Maintenant que l'ennemi s'était emparé de l'objectif, la tendance se renversait à toute vitesse à son avantage. En cela, l'anéantissement de la ferme avait signé l'inévitabilité de leur défaite, une défaite qui se terminerait en une énième hécatombe, une défaite dont le Conglomérat ne se relèverait plus jamais... !
Les imposants bestiaux déambulaient sur le milieu du champ de bataille sans rencontrer la moindre opposition. Se dispersant dans toutes les directions, ils quittaient la plaine et se ruaient en ce moment même vers la forêt du versant congloméré. Une fois dissimulées dans les bois, ils pouvaient prendre à revers les régiments du colonel Barthelemeus, voire mettre atteindre les trois Fiertés de Xaroth postées en haut du vallon ! Jusque-là, ces dernières étaient apparemment restées hors de portée du gel dévastateur ; hélas, la sécurité de cette batterie d'artillerie était à présent menacée. Une fois que les engeances démoniaques auraient mises en pièces les trois Fiertés, l'armée conglomérée serait dépourvue de son précieux soutien.
Khoren listait tous les manquements qu'on aurait pu lui reprocher. Avait-il suffisamment épaulé le régiment du colonel Barthelemeus ? Sans cet orage interminable, aurait-il pu causer plus de dommages avec les bombardements ou coordonner plus efficacement les deux divisions de l'armée ? Aurait-il pu opérer différemment pour éviter ce nouvel échec ? Qu'il fût responsable de cette débâcle ou pas, Khoren maudissait l'Autorité qui, sans piper mot, contemplait la catastrophe à ses côtés. La pluie tombait dru sur le visage de Wurjag, accentuant encore plus son expression pitoyable.
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Les Sept
Science FictionIls sont les Sept Autorités. Nul ne connaît le visage de ceux qui règnent sans partage sur Kalsura. À la tête d'empires industriels monopolistiques, ils exploitent, ils s'enrichissent, mais cela ne leur suffit toujours pas. Depuis leurs usines se dé...