CHAPITRE 2 : Rendez-vous

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—    Pourquoi tu m’as laissé seul avec elle ?

J’haussais les épaules en prenant une autre bouchée des pattes au saumon que Cristelle, la cuisinière, avait préparée. L’heure du soupé avait sonné et Kandinsky m’avait rejoint à la table que nous avions occupé à midi.

—    Je pensais que tu voulais que je m’en aille. Tu m’avais regardé du style « va-t’en, ça ne te regarde pas ».

Il leva ses beaux yeux bleus vers le ciel en secouant la tête.

—    Tu aurais dû rester !

—    Pourquoi ? demandais-je en fronçant les sourcils.

Il prit une grande inspiration avant de se pencher vers moi pour me chuchoter ce que Maya lui avait dit.

—    Elle m’a demandé si je voulais sortir avec Marylou.

J’arquais un sourcil de surprise. J’étais étonnée que Marylou s’intéresse à lui. Non pas qu’il était moche, au contraire. Il était gentil et beau garçon. Je pensais juste que Marylou avait d’autre standard.

—    Tu as accepté ?

Il secoua la tête, faisant bouger ses cheveux bruns mal coiffés.

—    Tu es malade ? On parle de Marylou, là. Tu sais ce qu’on raconte à propos d’elle ?

Ce fut à mon tour de secouer la tête.

—    Il parait qu’elle aurait déjà embrassé un garçon avec la langue, murmura-t-il comme s’il craignait que quelqu’un l’entende.

J’écarquillais les yeux. Je n’avais jamais vu papa et maman s’embrasser mais je savais que ce genre de baiser était réservé aux adultes et que c’était dégueulasse.

Je grimaçais.

—    Beurk.

Kandinsky acquiesça puis prit une bouchée de son plat.

—    Comment est-ce que tu penses que Marylou va réagir quand elle va apprendre que tu as refusé ?

—    Je n’en sais rien, répondit-il la bouche pleine. Mais elle risque de ne pas être heureuse. Généralement, aucuns garçons ne lui mettent de râteau.

—    Alors pourquoi est-ce que toi, tu l’as fait ?  

Il prit son verre avant de boire une grande gorgé d’eau et de le reposer sur la table.

—    Être en couple, c’est une responsabilité et un risque que je ne suis pas encore prêt à prendre.

Je ris à gorge déployée. Il m’imita et tous les regards se tournèrent vers nous, dont celui de Marylou, Maya et Caroline. Nous stoppions nos rires, sentant les regards sur nous et le brouhaha reprit.

—    Tu savais que je partageais ma chambre avec elles, dis-je en pointant du doigts la table de Marylou et ses deux amies.

Kandinsky entama son dessert, un brownie au chocolat.

—    Ma pauvre, je n’aimerais pas être à ta place. Si jamais tu as le moindre souci, n’hésite pas. Elles peuvent être méchantes. Ce sont des sorcières.

J’haussais les épaules d’un air indifférent.

—    Si ce sont des sorcières, nous n’aurons qu’à les bruler.  

Il gloussa en prenant la dernière bouchée de son dessert. Je n’avais pas spécialement touché à mon assiette. J’avais pris quelques fourchettes mais je n’avais toujours pas la tête à manger. Je devais digérer la pilule et elle avait du mal à passer.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant