CHAPITRE 38 : Prévention

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Mira Pacheco

—    Pour la concrétisation de ton couple !

Je soufflais la bougie que Maya avait plantée dans un muffin qu’elle avait volée plutôt dans la cuisine. Je lui avais racontée ce qu’il s’était passé dans la chapelle et sa première réaction avait été de planifier un rencard à quatre.

Je n’étais pas très certaine de l’idée, ni si Kandinsky allait apprécier mais je n’osais pas la couper dans son élan de joie.

—    On pourrait faire ça samedi soir ? De toute façon c’est les grandes vacances.

J’hochais la tête sans rien ajouter de plus, l’esprit ailleurs. Alors que je mangeais mon muffin, quelqu’un toqua à la porte. Je m’attendais à ce que ce soit Alexander ou Kandinsky mais un rouquin apparut.

—    Charles ? s’exclama Maya l’air confuse.

Le pion fronça les sourcils, comme s’il ne comprenait pas que nous ne comprenions pas.

—    On vous attend en salle des fêtes, nous expliqua-t-il. Personne ne vous a prévenu ?

Nous secouions nos têtes en rythme et nos regards se croisèrent. On pouvait y lire « qu’est-ce qu’il se passe, bordel ? »

Au départ, je pensais que quelqu’un s’était fait adopter et donc, qu’on allait fêter son départ mais en débarquant dans la salle, je remarquais qu’il n’y avait que des personnes de seize ans ou plus.

Kandinsky nous salua pour nous indiquer sa position et nous le rejoignions. Maya s’installa à côté d’Alexander tandis que je pris place à côté de mon copain.

—    Qu’est-ce qu’il se passe ? demandais-je, confuse.

—    Prévention sexuelle, répondit Alexander en levant les yeux au ciel.

Maya pouffa à côté.

—    C’est sûr que tu n’en as pas besoin, ricana-t-elle en fixant le blond.

Il esquissa un sourire avant d’enrouler son bras autour des épaules de Maya et de la serrer contre lui.

Kandinsky et moi avions opté pour la discrétion, c’était plus logique étant donné que notre couple était récent. Il était plus susceptible de se briser si on faisait les choses trop vite.  

Il me prit simplement la main, la caressant délicatement alors qu’une femme montait sur l’estrade.

—    Bonjour à tous et à toutes, commença-t-elle. Je suppose que vous savez tous pourquoi vous êtes réunis ici ?

Personne ne répondit. J’étais gênée de ce silence pesant, je n’aurais pas aimée être à sa place.

—    Bien, continua-t-elle en claquant dans ses mains.

Elle avait l’air jeune, peut-être la trentaine. Sa longue robe lui arrivait presque jusqu’aux chevilles.

—    Vous commencez à entrer dans un âge, comment dire ? Décisif de votre vie.

Maya croisa mon regard et je ne pus retenir un rictus en voyant sa tête qui disait « what the fuck ? ».

—    Comme vous le savez, le fait d’avoir un rapport sexuel nous mène à avoir des enfants.

Aux vues de la tête de Maya, Alexander et Kandinsky, je constatais que je n’étais pas la seule à douter de ce qu’elle disait. Bien sûr, avoir un rapport sexuel était – à la base – pour avoir des enfants, assuré une descendance mais aussi pour prendre du plaisir. Cependant, nous étions à une époque assez évoluée et donc, des moyens de contraception avaient été créés.

—    Le fait d’avoir un rapport peut chambouler votre vie. Plus vous vous retenez, plus votre vie sera simple. Vous êtes jeune et avoir des enfants alors que nous sommes encore des enfants les conduirions exactement à votre place : dans un orphelinat. Ils n’auront pas de famille, pas d’ami et pas d’amour.

J’entendis Alexander soupirer d’agacement. Il s’ennuyait tellement que Kandinsky et lui jouèrent à pierre, feuille, ciseaux.

—    Le mieux est de privilégié une carrière professionnelle.

—    Une carrière dans le porno, c’est bien ça ! hurla Alexander.

Toutes les personnes de la pièce se mirent à rire et la dame qui faisait son discours sembla offusqué par les propos d’Alex.

—    Alexander tu sors, gronda Charles.

Fière de lui, il se leva avant de quitter la pièce. La dame poursuivit, se raclant la gorge pour demander le silence.

—    Comment voulez-vous trouver un travail alors que vous avez des enfants ? Personne n’acceptera de vous prendre !

Maya prit la place d’Alexander pour se rapprocher de nous. Elle zieuta autour d’elle avant de nous proposer :

—    Ça vous dit qu’on s’éclipse ?

Pas besoin d’être un géni pour deviner que nous avions accepté. Nous nous levâmes discrètement avant de quitter la salle et de rejoindre Alexander dans le hall. Il fut surpris de nous voir arriver.

—    Qu’est-ce que vous faites là ?

—    Tu nous manqué, rétorqua Kandinsky.

Nous rîmes avant de sortir dans le jardin. Nous nous installions dans un coin tranquille, à l’ombre. Le jardin n’était pas très rempli. Il y avait principalement des enfants qui jouaient à la marelle ou encore à cache-cache.

—    Ça vous dit qu’on s’éclipse ? proposa Maya.

—    Où est-ce que tu aimerais aller, ma fleur ?

Je pinçais mes lèvres, croisant mon regard avec celui de Kandinsky. Visiblement, il avait entendu la même chose. Je trouvais ça très mignon qu’il lui donne ce surnom, surtout qu’elle aimait beaucoup les fleurs en plus d’être rayonnante comme elles.

—    Je n’en sais rien. On pourrait aller en ville ?

Je secouais la tête.

—    La dernière fois que j’y suis allé, ça s’est très mal fini.

—    En même temps vous étiez à deux doigts de baiser à côté d’une église.

Kandinsky fit un doigt d’honneur à Alex qui lui tirait la langue.

—    Vous êtes de vraiment gamin, soupira mon amie. Mira, qu’est-ce que tu veux faire ? Une balade en forêt, ça te dit ?

J’acquiesçais après avoir peser le pour et le contre dans ma tête. Sortir de cet enclos allait me faire du bien. Rien de mieux que de se resourcer dans la nature.

—    Alexander et moi on va préparer ce qu’il faut en nourriture, expliqua Maya. Toi et Kandinsky, vous pouvait chercher un sac et de quoi se poser, genre une couverture, des trucs dans le genre.

J’hochais la tête et Kandinsky m’aida à me lever. J’adorais me promener, surtout que ça allait nous faire du bien de nous dégourdir les jambes.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant