CHAPITRE 28 : Princesse

167 6 2
                                    

Toujours sous le choc de la révélation de Maya, je m’asseyais à la table que je m’étais appropriée depuis mon arrivé ici. Ma meilleure amie me rejoint, un plateau rempli de nourriture.

—    Tu n’as pas peur de tomber enceinte ? la questionnais-je en sirotant mon eau.

—    On s’est protégés, tu sais, ria-t-elle.

Je regardais mon assiette. Au menu : moule et frite. Je n’étais pas très friande des fruits de mer et pour combler le tout, je n’avais plus mon ami à qui je pouvais donner mes restes. Je prenais donc une plus petite portion et cela me manquais de manger avec lui.

—    Tu n’as pas peur qu’il t’abandonne ?

Maya fronça les sourcils. Maman m’avait toujours dit de faire très attention car les garçons avaient tendance à partir une fois qu’ils aient obtenu ce qu’ils voulaient.

—    Il peu m’abandonner à tout moment, tu sais. Mais s’il venait à le faire, je n’aurais pas de regrets. Je l’ai fait avec lui parce que je l’aime et si c’était à refaire, je le referais. On a qu’une vie.

Cette journée avec Kandinsky me revint en tête. Ce jour-là, j’avais passé une très bonne journée, sans doute l’une des meilleures depuis que j’avais quitté le foyer.

—    Comment c’était ? Je veux dire, est-ce que tu as eu…

Je ne terminais pas ma phrase, trop gênée pour le faire. Elle arqua un sourcil, m’incitant à continuer.

—    Un orgasme, chuchotais-je comme s’il était interdit de prononcer ce mot.

Un rictus se dessina sur ses lèvres pulpeuses.

—    Eh bien, disons qu’il a de l’expérience.

Elle termina sa phrase en me faisant un clin d’œil. Je m’étais toujours demandé quelle était la sensation, si elle était aussi intense qu’on le prétendait.

—    Et toi, tu n’en as jamais eu ? Même seule ?

Je sentis mes joues chauffer même s’il n’y avait pas vraiment de raison à ça. Je discutais simplement avec une amie de sexe, rien de mal.

—    Non, avouais-je timidement.

Son visage afficha une expression d’étonnement.

—    Tu ne t’es jamais touchée ?

Je n’aurais jamais dû lui poser la question sur l’orgasme. Je secouais la tête, honteuse. Elle posa sa main sur la mienne avant d’accrocher son regard mielleux au mien.

—    Ce n’est pas grave Mira, ça viendra avec le temps.

Je lui souris, heureuse qu’elle soit aussi gentille et ouverte d’esprit avec moi. Je ne savais pas si j’aurais pu avoir ce genre de discussion avec maman. La connaissant, elle m’aurait tapé sur les doigts.

—    Mais si un jour tu as une envie à combler, je suis sûre que quelqu’un sera là pour t’aider, cria-t-elle.

Au même moment Kandinsky passa. Nos regards se croisèrent et je sentis mes joues chauffer. Je détournais le regard aussi vite que possible. Heureusement que j’avais cette fichue PDI, il aurait cherché à comprendre, sinon.

Lorsqu’il fut parti, je fusillais du regard mon amie. Cette dernière ria à gorge déployée.

—    Tu n’es vraiment qu’une sale peste ! m’exclamais-je en lui lançant des frites.

—    Tu aurais dû voir ta tête !

Je dissimulais mon rictus en buvant une gorgée de mon eau.

—    D’ailleurs, en parlant d’envie.

Je me mordis la lèvre du bas, sachant que ce que j’allais lui dire était très…intime.

—    Quand on est parti de l’orphelinat, on est allés en ville.

Elle hocha la tête en silence, attendant la suite. Les souvenirs de cette journée et de notre baiser d’enfer le revinrent en mémoire et je me sentis rougir à nouveau.

—    Enfaite, on s’est embrassé…

Maya esquissa un sourire, l’air triomphant.

—    Je le savais ! s’exclama-t-elle en sautillant sur sa chaise. C’était comment ? Vous avez mis la langue ?

Je gloussais nerveusement.

—    Oui mais le pire, c’est que…

Je me rapprochais d’elle pour que personne ne puisse nous entendre.

—    J’ai senti un truc dur entre mes jambes. Et ça ne venait pas de moi.

Elle plaqua sa main sur sa bouche, hystérique. Je pouffais en voyant sa réaction.

—    C’était sa queue ! chuchota-t-elle, hors de contrôle.

Pile à ce moment-là, deux filles apparurent à notre table. Je ne leur avais jamais parlé mais je connaissais leur prénom. Nathalie et Natacha.

—    Un problème ? leur demandais-je, voyant qu’elles ne disaient rien.

La brune se racla la gorge, nerveuse.

—    Est-ce que c’est vrai que tu viens d’une famille royale ?

Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas où elles voulaient en venir. Je n’avais jamais faite partie d’une famille noble, loin de là.

—    Il parait qu’une famille pauvre t’a adopté ensuite, mais avant tu étais une princesse. Est-ce que c’est vrai ?

Je m’apprêtais à répondre lorsque je croisais un regard bleu envoutant. Il était appuyé contre l’encadrement de la porte du réfectoire, un sourire aux lèvres.

« Tu vas voir, je vais te créer une réputation de princesse impératrice russe ! »

Je lui souriais de loin et avant qu’il ne tourne les talons, je pus lire sur ses lèvres le mot « princesse ». Je souris bêtement tandis que les deux filles attendaient la réponse.

—    Cette histoire est très probable, rétorquais-je simplement.

Elles écarquillèrent les yeux avant de partir en murmurant.

—    J’en connais un qui vit un peu trop dans un compte de fée, soupira Maya en se réservant de l’eau.

—    Moi ça me plait d’être sa princesse.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant