CHAPITRE 17 : Rêverie

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Le lendemain, je me réveillais à onze heures. Faire des grasses matinées m’avait manqué. Avec Céline et son mari, c’était tous les jours débout à huit heures.

Je profitais de mon lit douillé et compté bien y rester jusqu’à ce que la mort m’en sépare mais le visage d’une belle fille apparu dans mes pensées. Je pouvais la voir rire, sourire, froncer les sourcils d’incompréhension.

—    Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ?

Mon imagination reproduit tellement bien sa voix que je pourrais presque croire qu’elle est réelle. Je peux la regarder, l’imaginer porté un gilet gris qui pourrait potentiellement m’appartenir.

—    Kandinsky ?

Elle prononcerait mon prénom avec tant de douceur, un sourire mesquin scotché à ses belles lèvres.

—    C’est ça que tu veux voir ?

Sa main saisit la fermeture éclair de son gilet et commença à la faire descendre.

Pile à ce moment-là, j’ouvre les yeux. Je peux sentir mes joues chauffées à l’idée de mes pensées obscènes que je regrette instantanément. Je maudis mes pensées et ma puberté qui se manifeste très bien entre mes jambes.

—    Kandinsky ?

Une voix rauque me fit tourner la tête. Je n’avais pas pris le lit au-dessus de celui d’Alexander mais celui d’en face. L’idée d’être en haut ne me plaisait pas.

D’ailleurs, cet affreux personnage entra dans mon champ de vision.

—    Alors ? Tu ne te lèves pas ? me demanda-t-il.

Il s’apprêtait à tirer ma couverture mais je l’en empêchais, le chassant de la main.

—    Va-t’en ! criais-je gêné.

Il ria en continuant à me taquiner.

—    Bah quoi ? Tu ne peux pas te lever ? gloussa-t-il.

Soudain, il se calma comme s’il comprit. Puis son amusement redoubla. Je me cachais sous la couverture, honteux et affreusement gêné de la situation pendant que mon colocataire de chambre se moquait ouvertement de moi.

—    Eh ben alors Kandinsky ? On bande ?

—    La ferme ! grognais-je en essayant de penser à autre chose.

Je le sentis s’assoir sur le bord du lit et l’entendis soupirer.

—    Eh, Kandinsky ?

Sa voix était plus douce, moins moqueuse et soudainement sérieuse. Je sortis ma tête pour le voir. Son visage était rempli de gentillesse et de compassion.

—    Tout homme est passé par là, ça fait parti de la vie.

Je l’admirais. Dès que j’avais un problème, je savais que je pouvais me tourner vers lui. Globalement, je pouvais me confier à tout le monde du personnel, ils étaient là pour nous écouter mais je n’avais pas vraiment envie de confier certaines choses à du personnel.

Je faisais confiance à Alexander. Il passa une main dans sa chevelure blonde avec un sourire narquois sur les lèvres.

—    Tu pensais à qui ? me questionna-t-il.

Je savais qu’il avait la réponse, il voulait juste me l’entendre dire.

—    Personne, niais-je.

Il pouffa avant de s’allonger sur ses coudes.

—    Tu pensais à elle ?

—    Non, je pensais à toi.

Ma blague le fit rire. J’esquissais un sourire en me redressant pour être assit.

—    Je pense à elle souvent, lui confiais-je timidement.

Alexander s’y connaissait pas mal en amour. Il était sorti avec plusieurs filles de l’orphelinat et en deux ans, j’avais surement dû rater des choses.

—    J’ai tout foutu en l’air, soupirais-je.

J’enfuyais ma tête dans mes mains, voulant me cacher de ma mémoire pour ne plus revivre cette nuit où je l’avais laissé partir.

J’aurais dû la rattraper, lui dire que ce n’était pas vrai.

Alexander se rapprocha de moi, enroula son bras autour de mes épaules pour me serrer contre lui.

—    Et si tu me racontais comment tu as merdé ?

J’inspirais tout l’air dans mes poumons, fermant les yeux pour être dans le noir. Je n’avais même pas encore dit un mot qu’une larme dévala ma joue.

—    Je lui ai dit que notre baiser ne représentait rien et que j’avais juste perdu un pari, avouais-je la voix brisé. Je ne voulais pas lui faire de mal.

J’essuyais ma larme, me résignant à en laisser couler d’autre.

—    Tu sais, souvent quand on essai de ne pas blesser, eh ben on fait tout l’inverse.

Il prit une grande inspiration avant de poursuivre.

—    L’amour n’est pas compliqué, c’est le manque de communication qui le rend comme ça.

—    J’aurais dû lui dire la vérité ?

Tout en caressant mes cheveux, il me demanda :

—    Qu’est-ce que tu avais envie de lui dire à ce moment-là ?

Tellement de chose.

—    Je n’en sais rien.

Je voulais lui dire à quel point elle était belle et à quel point elle comptait pour moi mais tout s’est mélangé dans ma tête et seulement le mauvais était ressorti.

—    Tu vas y arriver, mon pote. Je crois en toi. Et n’oublie pas, il y a trois règles en amour : rester fidèle, aimer et communiquer.

Sur ce, il se leva et se dirigea vers la porte. Juste avant de partir, il se retourna et je croisais ses yeux bleus éclatant.

—    Au fait, tu devrais te dépêcher, elle est dans la bibliothèque. Seule dans la bibliothèque.

Je me levais d’un bond, attrapant par la même occasion un t-shirt.

—    Ah et tu devrais quand même te branler avant d’aller la voir. Ça déstresse, plaisanta-t-il avant de refermer la porte.

Je secouais la tête. Je n’avais plus qu’une seule envie à présent et c’était d’aller lui parler. Je m’habillais à la vitesse de l’éclair et dévalais les escaliers pour rejoindre la bibliothèque.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant