CHAPITRE 32 : Des broutilles

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Je descendis au réfectoire. Une dame du personnel était venue me chercher pour que j’aille diner, surprise de voir mes cheveux courts. Je rejoignis en pyjama le réfectoire tout en m’installant à ma table.

Munis de mon plateau chargé en nourriture, j’attendais que Kandinsky débarque. Une tête verte se voyait de loin. Je le vis plisser des yeux pour être sûr de ce qu’il voyait. Il prit un plateau avant de s’empressé de me rejoindre.

—    Tes cheveux ? s’exclama-t-il en s’asseyant.

Je lui souris, ne sachant pas si sa réaction était négative ou positive.

—    Tu aimes ? lui demandais-je perplexe.

Il continua à m’observer sans rien dire et je me sentis soudainement gênée. Et si ça ne lui plaisait pas ? Peut-être allait-il m’envoyer balader ?

—    J’adore ! fini-t-il par dire. Ça me rappelle la première fois que je t’ai vu, il y a presque cinq ans.

Je sentis mes joues chauffer avant de sourire nerveusement. Je replaçais une mèche de cheveux derrière mon oreille sous son regard brulant d’une lueur qui m’était inconnue.

—    Maya m’a donné un livre aujourd’hui, l’informais-je pour changer de sujet.

Il avala une bouchée de son plat avant de relever la tête vers moi, les sourcils froncés.

—    De quoi il parle ?

Je ris nerveusement, buvant une gorgée d’eau.

—    Je pourrais te montrer après, si tu veux.

Je voulais absolument voir sa réaction lorsqu’il verrait les dessins dans le livre. Avait-il déjà vu ce genre de chose ? Maman m’avait toujours dit que les garçons étaient des pervers et qu’ils ne parlaient que de sexe. J’avais du mal à imaginer Kandinsky parler de sexe avec des garçons.

—    Tu y vas toi ? Au bain de minuit ?

Il écarquilla les yeux avant de rougir légèrement. Je me surprise à apprécier la vue qu’il m’offrait. Il se gratta nerveusement la nuque, le regard fuyant.

—    Maya t’en a parlée ?

J’acquiesçais.

—    Je n’ai pas spécialement envie d’y aller, je veux dire, on ne sera pas seuls.

Lorsque ces mots sortirent de ma bouche, je réalisais leur importance. Mes joues chauffèrent alors que son regard brulant s’enflamma de plus bel.

—    Ce n’est pas ce que je voulais dire, dis-je timidement en baissant la tête vers mon assiette.

Il se racla la gorge avant de poser sa main sur la mienne. Automatiquement, je relevais la tête pour lui faire face.

—    J’y serais, si jamais tu veux y aller. Promis, je ne laisserais personne te toucher. Et puis si ça peut te rassurer, on pourra aller dans un coin plus tranquille, le lac est grand.

Il termina sa phrase en me faisant un clin d’œil et je sentis une vague de chaud se répandre dans tout mon corps. J’acquiesçais avant d’enlever ma main de la sienne.

Nous terminions la fin du diner en discutant de tout et de rien. Lorsque nous quittions le réfectoire, je lui souhaitais une bonne nuit avant de retourner dans ma chambre. Il avait l’air déçu mais ne dit rien, m’embrassant simplement sur le front.

Ce geste me surpris et me déstabilisa. La dernière personne à m’avoir embrassée sur le front était ma mère, juste avant qu’elle ne décède.

—    Bonne nuit кошка.

Je lui souris avant de filer dans ma chambre, le cœur battant à tout rompre. Ces derniers temps lorsque je le voyais, mon cœur s’emballait trop vite à mon gout. J’avais décidé de prendre mes distances avec lui pour prendre du recul mais rien n’y faisait. Plus il vieillissait, plus il devenait beau.

Ses cheveux verts étaient le pompon. Ils faisaient ressortir ses yeux bleus que j’aimais tant.

—    Alors ?

Je sursautais en voyant Maya et Alexander assit sur mon lit. Je couvris mon visage de mes mains avant de reculer.

—    Je suis désolé, m’excusais-je. Je ne savais pas que vous étiez là !

Je pivotais pour sortir de la pièce, gênée à l’idée de les avoir interrompus mais une main m’attrapa par le bras avant de me tirer à nouveau dans la chambre.

—    Du calme Mira, pouffa Maya avant de me lâcher. On ne faisait rien de mal.

Elle marqua une pause avant d’ajouter :

—    Du moins, pas sur ton lit.

Alexander se racla la gorge derrière elle, les bras croisés devant son torse. Il se leva avant de me saluer d’un signe de tête.

—    Alors ? me fit-il à nouveau. Tu viens ce soir ?

Mes yeux passèrent de Maya à Alexander, ne sachant pas quoi répondre. Je voulais y aller mais quelque chose me retenait. La peur. Qu’est-ce qu’il allait se passer une fois au lac ?

—    Tu n’as pas à avoir peur, me rassura Maya en enroulant un bras autour de mes épaules.

—    Kandinsky sera là et crois-moi, il ne te quittera pas des yeux.

Alexander s’approcha, embrassant Maya sur la bouche avant de quitter la chambre.

—    J’ai peur d’y aller Maya, lui confiais-je en m’asseyant sur mon lit.

Elle s’assit à mes côtés, me caressant la main pour me réconforter.

—    Je peux rester avec toi si tu as peur d’être seule avec des garçons. Je peux comprendre. Et puis si tu ne veux pas y aller, sache que je serais avec toi.

Je fronçais les sourcils.

—    Mais Maya, je croyais que tu voulais y aller.

—    C’est vrai, mais je ne vais pas laisser une amie seule dans un endroit nul pendant que je m’éclate avec mon petit ami.

Ça me réchauffa le cœur. Peut-être que si je restais avec elle, j’aurais moins peur. Je voulais y aller mais j’allais être nue et Kandinsky me verra probablement. Et moi aussi, je le verrais.

Mes joues rougirent en imaginant mon ami sans vêtements. Je déglutis. Je voulais y aller et Maya allait rester avec moi. Je n’avais pas vraiment de raison d’avoir peur, finalement. J’étais stupide d’angoisser pour des broutilles.

—    Si on arrive les premières, personne ne nous verra nous déshabiller.

Ma meilleure amie semblait surprise avant de sourire de toutes ses dents.

—    Exactement, acquiesça-t-elle.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant