CHAPITRE 44 : Les règles

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La chaleur était montée d’un cran dans la pièce. Nos langues dansaient à présent ensemble, nos cœurs battaient en rythme et nos envies étaient en symbioses.

Mes mains tenaient fermement le col de son t-shirt comme si j’avais peur qu’il s’évapore d’une seconde à l’autre.

Aujourd’hui Maya m’avait enseigné quelque chose concernant les relations sexuelles : l’art de faire une fellation. Elle m’avait montré avec une banane ce que je devais faire et pas, précisant tout de même que ce n’était que des généralités et que le mieux était d’en discuter avec Kandinsky.

A l’heure actuelle, j’avais oublié tous ses conseils. J’avais terriblement peur de franchir le pas et de le prendre dans ma bouche, craignant de le faire mal. Je ne savais pas comment il allait réagir et d’un autre côté je mourais d’envie de lui en faire une.

Maya m’avait dit que c’était très excitant de procurer du plaisir à son partenaire. J’étais curieuse de savoir ce que j’allais ressentir, surtout que je sentais déjà un liquide chaud couler entre mes cuisses alors que nous ne faisions que nous embrasser.

D’ailleurs, je me demandais quelle sensation ça faisait d’avoir un cunnilingus. Ma meilleure amie m’avait dit que c’était ce qu’elle préférait, tout en m’expliquant que les préliminaires étaient importants.

J’avais eu une journée enrichis en théories sexuelles et maintenant que je me retrouvais au pieds du mur, je perdais toute ma confiance.

—    Est-ce que ça va ? me questionna soudainement Kandinsky.

J’hochais la tête même si celle-ci était remplie de doute et de manque de confiance. Il fronça les sourcils, ne croyant pas un mot de ce que je disais.

—    Tu peux me dire les choses, tu sais.  

Je me pinçais les lèvres. Comment pouvais-je lui dire que j’avais envie de tester de nouvelles choses avec lui ? J’avais le trac.

Je me décidais à prendre une grande inspiration, calmant toutes ces pensées intrusives dans ma tête.

—    J’aimerais tester de nouvelles choses, avouais-je, le regard baissé vers le sol.

Du bout du doigt, il me fit lever la tête pour me forcer à le regarder. Il arborait ce même sourire que j’aimais tant, celui qui me rassurait, où je pouvais très clairement y lire « ça va aller кошка ».

—    Dis-moi.

Mes joues se mirent à chauffer de manière incontrôlable. J’essayais de trouver les mots, les lèvres encore enflées par notre baiser. Mon esprit était embué par la peur de ne pas réussir.

—    Je ne peux pas, finis-je par dire.

Je m’éloignais de lui, prenant une grande inspiration en replaçant des mèches de cheveux derrière mes oreilles. Je venais de me défiler comme une lâche mais je ne me sentais pas prête à aller plus loin.

—    Est-ce que ça va ? s’inquiéta-t-il. Tu veux que je m’en aille ?

J’hochais la tête et même s’il semblait déçu, il quitta ma chambre. Je finis ma nuit en pleure dans mon lit, me sentant incapable et terriblement méchante. Je ne me sentais pas digne de l’amour qu’il me portait. Je l’avais congédiée à cause de la peur.

Saloperie.

Je rejoignis Maya dans le réfectoire, le lendemain. Elle avait le sourire aux lèvres, preuve qu’elle avait passé une bonne soirée contrairement à moi.

—    Oula, s’exclama-t-elle en me voyant. Tu as pleurée ?

J’acquiesçais, m’asseyant. Je n’avais pas pris de plateau, je n’avais pas faim. L’épisode de la veille repassais en boucle dans ma tête et j’avais tellement envie de m’enterrer vivante.

—    Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Son visage était déformé par l’inquiétude. Elle se leva avant de s’assoir à côté de moi, passant un bras autour de mes épaules. Je fondus en larmes dans ses bras, me sentant incapable.

—    Je suis la pire copine de tous les temps, sanglotais-je. Je ne suis même pas capable de faire plus que de l’embrasser.

—    Ne dis pas ça. Tu prends ton temps, c’est important.

J’haussais les épaules, perdue. Maya passa le petit-déjeuner à essayer de me remonter le moral mais rien n’y faisait, je me sentais comme de la merde.

Je m’éclipsais après que Maya avait fini de manger. J’entrepris d’aller dans ma chambre mais lorsque je montais les escaliers, je croisais Kandinsky plus haut. Il était accoudé à la rambarde, les yeux fixaient sur le plafond. Je m’approchais pour le contempler de plus près.

Je me mordis la lèvre du bas en le regardant, une folle envie de le sentir en moi. J’écarquillais les yeux au moment où je me rendis compte de mes pensées. Qu’est-ce qui n’allait pas chez moi ? Une douleur dans mon bas ventre me fit inspirer profondément.

Je devais aller aux toilettes. Je passais devant lui sans rien dire, la gorge sèche à cause des scénarios qui se passaient dans ma tête où nous étions loin de juste nous embrassés.

J’arrivais aux toilettes et j’écarquillais les yeux en voyant du sang au fond de ma culotte. Mes règles. Je m’empressais de faire pipi et de me changer avant de mettre une serviette hygiénique dans ma culotte.

J’avais seize ans et c’était la première fois que j’avais mes règles. Je courus pour rejoindre Maya dans le jardin. Elle était assise devant un arbre, lisant un livre sur les plantes.

—    J’ai mes règles, l’informais-je en m’asseyant à ses côtés.

Elle lâcha son livre, se tournant vers moi, les yeux écarquillaient l’air de dire « Non, sérieusement ? ».

—    Ceci explique cela.

Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas où elle voulait en venir. Elle s’expliqua :

—    Ton humeur. Le fait que tu te sentes comme une merde, une incapable. C’est peut-être pour ça que tu t’es défilée hier soir.

D’un côté ça me rassurait. C’était probablement à cause de mes règles que je n’avais pas osé aller plus loin parce que je me sentais comme de la merde. D’un autre côté, ça faisait un mal de chien !

Après avoir discuté avec Maya, je retournais dans ma chambre, l’utérus en PLS. Ma meilleure amie avait eu la gentillesse de m’expliquer que la douleur provenait tout simplement de l’utérus. En gros, j’avais comme des crampes et ça faisait horriblement mal.

Je m’allongeais dans mon lit, les mains posées sur mon ventre. Heureusement que nous n’avions pas cours aujourd’hui car ils étaient en train de recréer entièrement le fonctionnement de l’orphelinat.

Quelqu’un toqua à la porte avant de l’ouvrir et une tête aux cheveux vertes avec des repousses brunes apparue.

—    Salut, Maya m’a dit que tu avais tes « problèmes de fille », dit-il en faisant des guillemets avec ses doigts.

Il s’approcha avant de vider les poches de son pantalon et de son sweat. Elles contenaient toutes des friandises. Il me tendit également une cannette de boisson énergisante avec une bouillote.

—    Je suis désolé, je ne peux pas rester, y’a des pions partout maintenant.

J’hochais la tête, le laissant partir. Je me jetais sur ce qu’il m’avait ramené, me sentant comme un puit sans fond. Je n’avais pas l’impression d’avoir l’estomac plein, même après tout ce que je venais d’avaler. C’était donc ça, la vie ?

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant