CHAPITRE 20 : Rupture

220 7 49
                                    

Mira Pacheco

Je sortis en trombe de la chapelle, les larmes aux yeux. Les souvenirs de cette nuit me revinrent en tête et la douleur que j’avais ressentis semblait toujours là.

Notre baiser.

Je n’aurais jamais pensée qu’il soit aussi direct. Le fait qu’il engage le sujet aussi brusquement m’a fait paniquer et j’ai fuis comme une lâche après l’avoir frappé.

Le reste de la journée, je l’avais passé dans ma chambre, à contempler le plafond. Entre temps, Agathe m’avait changé de chambre. J’étais désormais seule avec Maya.

Ça me faisait un bien fou de ne plus avoir à supporter les pleurs incessants de Marylou. Lorsque Kandinsky était parti, elle n’avait pas arrêté de pleurer tout en me fusillant du regard, comme si j’étais la responsable de son départ.

Bien sur que je m’en voulais de ne pas avoir réagi de façon mature lorsqu’il m’avait balancé toutes ces choses horribles au visage.

« C’était complètement faux. Tout ce que je t’ai dit était faux. »

Je soupirais en me retournant dans mon lit. Je n’arrivais pas à trouver le sommeil malgré la fatigue. Il y avait tant de question qui se bousculaient dans ma tête.

Est-ce qu’il dit la vérité ? Peut-être qu’il ment ? Non, ce n’est pas son genre. Mais on ne s’est pas vu depuis deux ans, il a peut-être changé.

Au fond de moi, je ne pensais pas qu’il m’ait menti. Il était beaucoup trop gentil pour ça. Ou alors je me bernais avec de simples illutions.

Je pris une grande inspiration, me mettant en tête de dormir. Maya n’était toujours pas là malgré la nuit. Ces derniers temps, elle s’absentait beaucoup la nuit et ne revenait qu’au petit matin.

Je fermais les yeux, soupirant de frustration. J’avais été stupide de partir, j’aurais dû lui donner une chance de s’expliquer, nous redonner une chance.

Je sursautais lorsque j’entendis un bruit sourd provenant de la fenêtre. J’imaginais que c’était Kandinsky, venant me chercher pour discuter mais en me levant, je savais très bien sur qui j’allais tomber.

J’ouvris la fenêtre avant de le voir. Il me fit signe de descendre le rejoindre, ce que je fis à contre cœur.

Sortir la nuit n’était plus un problème pour moi. D’ailleurs, je ne m’étais jamais faite prendre par le personnel.

—    Qu’est-ce qu’il se passe, Joakim ? Soupirais-je.

Il se tenait devant moi, un mince sourire aux lèvres.

—    Tu n’as pas l’air ravie de me voir.

Il fit la moue et je soupirais. Lorsque Kandinsky avait quitté l’orphelinat, j’avais rejeté ma peine sur Joakim mais il n’était pas aussi bien que Candy. Il ne sourit pas autant, ne me faisait pas rire autant et pourtant je ne voulais pas le quitter de peur de me retrouver toute seule.

—    On ne devrait pas rester ici, on risque de nous voir.

J’acquiesçais, croisant les bras devant ma poitrine.

—    Tu as raison, on devrait retourner dans nos chambres.

Il afficha une mine triste et je regrettais aussitôt d’être méchante avec lui. Nous sortions ensemble depuis deux ans et pas une seule fois j’ai su lui montrer une preuve d’affection autre qu’en lui tenant la main.

Je m’apprêtais à tourner les talons lorsqu’il me retint par le bras. Je pivotais pour lui refaire face, arquant un sourcil.

—    Est-ce que je peux t’embrasser ?

Je déglutis. Cette question me ramena à mon premier baiser et j’en eu des sueurs froides. Je secouais la tête et la prise qu’il avait sur mon bras se resserra. Je grimaçais avant de me retirer d’un coup sec, ce qui le fait hoqueter de surprise.

—    Non mais qu’est-ce qu’il ne va pas chez toi ? m’énervais-je.

—    Mais putain Mira, tu ne m’aimes pas ! Tu crois que je ne le vois pas ?

Mes yeux s’écarquillèrent et j’eus un pincement au cœur. J’étais horrible avec lui parce que j’étais triste d’avoir perdu celui que j’aimais. Une larme dévala ma joue avant de s’écraser sur le sol.

Je pris une grande inspiration avant de fermer les yeux et de lever la tête vers le ciel. Ça ne pouvait plus continuer ainsi.

Je baissais la tête pour le regarder et la phrase sortie toute seule.

—    Je crois qu’on devrait arrêter notre relation.

Il écarquilla les yeux, stupéfait. Il s’attendait sans doute à ce que j’améliore mon comportement mais je ne voulais rien de tout ça. Je voulais retrouver mon ami et rien d’autre.

Joakim parti sans rien ajouter de plus. Je me sentis bête et méchante de lui avoir fait perdre deux ans de sa vie. Heureusement, nous n’étions pas ensemble durant les cours.

La nuit allait être encore longue et je n’avais toujours pas sommeil. Tout en baillant, je me dirigeais vers la chapelle. Je savais que je n’allais y trouver personne et encore moins Kandinsky. Il devait dormir depuis des heures.

Je m’aventurais dans la chapelle avant de sursauter lorsqu’une ombre bougea. Elle se leva avant de s’avancer vers moi. Elle était grande, plus grande que moi. Je déglutis.

Son visage d’ange apparu comme par magie, même si je devais lever la tête pour le voir. Il me sourit de toute ses dents, une habitude qui n’avait pas l’air d’avoir changé, contrairement à sa taille.

—    Bonsoir, Кошка.

J’avalais difficilement ma salive, ne sachant pas quoi répondre. Qu’est-ce que je pouvais bien faire ou même lui dire ? La panique m’envahi et mon cerveau se déconnecta.

Sans savoir pourquoi, je me jetais sur lui, nichant ma tête dans ses bras. Des larmes dévalèrent mes joues et je m’accrochais à lui comme si ma vie en dépendait.

Il ne mit pas longtemps à enrouler ses bras autour de moi et à me rendre mon étreinte. Il m’avait tellement manqué, cet abruti.

Je respirais son odeur malgré mes reniflements incessant. Il avait toujours la même, une odeur propre à lui qui avait le don de calmer toutes mes angoisses.

—    C’est fini Кошка, je suis là maintenant.

Sa voix avait changé, elle n’était plus si enfantine qu’à l’époque et bien qu’elle ait changée, elle restait toujours autant douce.

Je relevais la tête pour le regarder. Ses pupilles bleus me fixaient et je ne pus m’empêcher d’y trouver un réconfort.

—    Promets-moi que tu ne m’abandonneras plus jamais, sanglotais-je.

Il me sourit avant de me caresser la tête.

—    Promis.  

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant