CHAPITRE 39 : Bague

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Seize heures, l’heure à laquelle nous rentrons de notre balade. La promenade avait été agréable même si j’avais remarqué que Maya et Alexander semblaient pressés de rentrer.

Ils nous quittèrent à peine toucher l’herbe du jardin. Kandinsky me regarda, les poings sur les hanches.

—    J’ai faim. On va manger ?

J’hochais la tête même si je n’avais pas spécialement faim, nous venions de manger des sandwichs et des gâteaux mais je supposais que ce n’était que l’entrée pour lui.

Je l’accompagnais dans la cuisine et les instants de notre première rencontre me revirent en tête. Je souris bêtement, revoyant sa petite bouille d’enfant.

Il me servit son fidèle plat de la flemme – que je n’avais plus mangé depuis un moment – et nous le dégustions en silence.

—    Tu as aimé notre balade ? lui demandais-je pour faire la conversation.

—    Pas vraiment, ça m’a ouvert encore plus l’appétit.

Peut-être était-ce moi, mais j’avais l’impression que depuis que nous sortions ensemble, l’atmosphère semblait tendue. Je me demandais si j’étais la seule à le ressentir.

—    Est-ce que tout va bien ? le questionnais-je en terminant mon pain au concombre.

—    Oui, pourquoi ?

—    Comme ça.

Il avait l’air ailleurs et cela m’inquiétait. L’idée qu’il se soit lassé de moi me retourna l’estomac. Peut-être que nous n’aurions jamais dû céder à nos pulsions d’adolescents et rester simplement amis.

—    La femme de la conférence à enchainée les conneries, ricana-t-il soudainement.

Je souris même s’il ne pouvait pas le voir vu que nous étions dans le noir.

—    C’est vrai, acquiesçais-je. Le mieux est de privilégié une carrière professionnelle.

Il pouffa à mon imitation médiocre de la dame.

—    Tu voudrais des enfants plus tard ?

Sa question soudaine me prit de court. Je n’y avais jamais pensé avant mais maintenant que je sortais avec lui, je devais voir plus loin.

—    Je n’en sais rien, l’accouchement ça fait peur.

—    C’est vrai que ça ne donne pas envie.

Même dans le noir, je pouvais deviner qu’il grimacer de dégout.

La semaine passa à une vitesse folle. Nous étions samedi lorsque quelqu’un toqua à la porte. Celle-ci s’ouvrit après quelques secondes. Kandinsky apparut, le sourire aux lèvres.

—    Est-ce que je te dérange ?

Je secouais la tête et il pénétra dans la pièce. Maya n’était pas là, sans doute trop occupée à rouler des patins à Alexander.

—    Quel bon vent t’amène ? lui demandais-je.

Il s’approcha avant de poser ses mains sur mes hanches. J’enroulais mes bras autour de son cou et nos lèvres se rejoignirent machinalement. J’adorais l’embrasser, je ressentais toujours cette excitation au fond de mon ventre.

—    J’ai quelque chose pour toi, кошка.

Il recula d’un pas avant de se mettre à genoux et de sortir une boite. Lorsqu’il l’ouvrit, je plaquais mes mains devant ma bouche en voyant une bague scintiller.

—    Je sais qu’on n’a seulement seize ans mais rien n’empêche qu’on soit déjà fiancé.

Mon cœur rata un battement quand son regard croisa le mien. J’avais l’impression que plus rien n’existait autour de nous et que nous étions les seuls à graviter dans l’espace.

—    Accepterais-tu d’être mon chaton pour les quinze années à suivre ?

Je fronçais les sourcils d’incompréhension.

—    Pourquoi quinze ans ?

—    C’est l’espérance de vie d’un chat domestique.

J’esquissais un sourire face à sa bêtise même si je trouvais sa demande mignonne.

—    J’espère que tu es prêt à subir mes miaulements répétitifs et à ce que je fasse mes griffes sur ton futur canapé, rétorquais-je amusée.

Il sourit avant de se lever et de glisser la bague autour de mon annulaire gauche. Elle était magnifique, argentée avec un petit diamant.

—    Je te promets de t’épouser, fini-t-il par dire avant de m’embrasser à nouveau.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant