CHAPITRE 13 : Balade nocturne

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Six mois plus tard.

—    Aie ! m’écriais-je.

Malgré la petite douleur, je me redressais. Le grillage de l’orphelinat venait de me griffer le bras. Rien de bien grave.

Kandinsky m’aida à me relever avant d’examiner mon avant-bras. Dans la nuit noire, c’était difficile de savoir si je saignais alors il me tata. Je pouvais sentir ses doigts me caresser lentement le bras. Des frissons me parcouru le long de mon échine mais je remettais la faute sur la brise qui venait me caresser le visage.

—    Je ne crois pas que tu saignes, m’informa-t-il.

Mes yeux croisèrent les siens. Ils brillaient même dans le noir. Le bleu m’aspirait. J’avais envie de me laisser aller, de me laisser envelopper par ce sentiment que je ressentais dès que je le voyais.

Sentant mes joues chauffer, je retirais mon bras à contre-cœur.

Depuis trois mois nous avions découvert un trou dans le grillage de l’orphelinat, tout au fond du jardin, près de la chapelle. C’était la troisième fois que nous nous échappions.

Les deux premières fois nous n’avions que visiter la forêt, trop peureux pour aller plus loin. Ce soir, nous voulions aller plus loin.

—    Tu te souviens par où c’est ? lui demandais-je en me souvenant très peu du chemin.

—    Je n’en ai pas la moindre idée.

Je m’arrêtais brusquement.

—    Je ne veux pas me perdre et mourir dans cette forêt.

Il se rapprocha de moi à tel point que je pus sentir sa chaleur m’envahir.

—    Mais tu ne te perdras pas. Je suis là. Et puis j’ai marqué les arbres avec des croix. On se retrouvera facilement.

J’affichais une mine septique mais fut finalement convaincue. Si je voulais me perdre avec quelqu’un dans une forêt et mourir, c’était bien avec lui.

Nous commencions à avancer dans le noir avec comme seule lumière la pleine lune qui éclairait notre passage.

—    Pourquoi est-ce que tu es venu me parler la première fois ?

Ma question soudaine l’arrêta quelques secondes avant qu’il ne se remette à marcher. Il prit une grande inspiration avant de se passer une main dans la nuque. Finalement, il fit balancer ses bras le long de son grand corps.

—    Je te trouvais mignonne et puis…je ne t’avais encore jamais vu, avoua-t-il timidement.

Une sensation étrange me traversa le ventre. Comme si quelque chose était en train de germer à l’intérieur. Ce n’était pas désagréable mais j’eu peur.

J’avalais avec difficulté ma salive. Je ne savais pas quoi répondre à ça, pourtant c’était moi qui avais lancé le sujet. J’étais stupéfaite par sa sincérité. C’était quelque chose que j’apprécier chez lui.

Papa mentait tout le temps à maman. Ses « je t’aime », « ça n’arrivera plus. » ou le pire : « Je suis désolé. »

Mes joues chauffaient à l’idée de ce qu’il ressentait pour moi. Etrangement, je me mettais à me questionner sur ce que je ressentais pour lui.

Je suis trop jeune pour ressentir ça pour un garçon.

Une question me brulait les lèvres. Je voulais avoir une réponse pour déterminer notre relation qui, j’avais l’impression, était devenue ambiguë ces derniers temps.

—    Et…

Je serrais les poings, rassemblant tout mon courage pour lui poser ma question.

—    Est-ce que tu me trouves toujours mignonne ?

Un long silence suivit ma question. Pour la première fois depuis que je le connaissais, je ressentis de la gêne. J’avais peur de sa réponse.

Et si c’était moi qui m’étais fait des films ?

—    Tu as déjà embrassé un garçon ?

Je me stoppais. Ma gorge se noua et l’étrange sensation revint dans mon ventre. Je respirais un bon coup avant de serrer à nouveau les poings.

Je secouais la tête, incapable de répondre de vive voix. Je commençais à m’imaginer mon premier baiser avec lui. Comment ce serait ? Qu’est-ce que je ressentirais ?

Marylou a déjà embrassé plein de garçon, elle.

Kandinsky se rapprocha de moi jusqu’à ce que son corps ne soit plus qu’à quelques centimètres du mien. Sa chaleur m’envahi et je déglutis.

Mon dos heurta le tronc d’un arbre. J’étais coincée entre un végétal et des yeux bleus qui venaient parfois dans mes rêves.

Ses mains chaudes se posèrent sur mes joues, me caressant lentement. Chaque caresse me faisait l’effet d’une décharge électrique. Mes yeux ne quittaient pas les siens. J’avais envie de faire le grand saut.

Je voulais être comme Marylou. Même Maya avait déjà embrassé un garçon. J’étais l’une des seules à ne jamais avoir était aussi proche d’un garçon. J’avais envie de l’embrasser, de savoir quel effet ça faisait.

—    Est-ce que je peux t’embrasser ?

Sa question me coupa le souffle. Instinctivement, j’hochais la tête.

Ses lèvres se posèrent aussitôt – maladroitement – sur les miennes. Tremblante entre ses bras, je me laissais faire. Son corps collé le mien et je ne pouvais sentir que la chaleur qu’il dégageait.

Comme je l’avais vu dans les films, j’enroulais mes bras autour de sa nuque. Ses mains étaient posées sur mes joues, ne me lâchant pas.

Coincée entre l’arbre et celui qui apparaissait parfois dans mes rêves, je me sentais bien. L’envie de me séparer de lui ne me venait même pas à l’esprit.

Mes yeux clos, j’apprécier chaque seconde de mon premier baiser. Notre premier baiser. Je me laissais porter par la chaleur que nos corps dégageaient, ne voulant pour rien au monde qu’il s’éloigne.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant