CHAPITRE 46 : Histoire de cheveux

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Kandinsky Zabolotny

Le lendemain, j’attendais avec impatience minuit pour pouvoir montrer à ce vieux con mon mécontentement. Je zieutais sans cesse l’horloge de la salle de classe. A vrai dire, les mathématiques ne m’intéressaient pas vraiment.

Heureusement, la sonnerie retentit, signifiant la pause et aussi la délivrance. J’entrepris de rejoindre Alexander dans le jardin lorsqu’un pion s’approcha de moi.

—    Kandinsky, m’interpella-t-il. Volodia voudrait te voir depuis plus d’une semaine. Charles ne t’a rien dit ?

—    Si, je ne veux juste pas lui parler.

Je pivotais mais il m’attrapa par le bras et malgré ma grande taille, il n’eut aucun mal à me monter jusqu’au bureau du directeur. C’était normal enfaite, il avait la carrure d’un bodybuilder.

—    Kandinsky, s’exclama Volodia d’un air faussement heureux.

Je croisais les bras devant ma poitrine, détestant l’hypocrisie de cet homme. Le bodybuilder nous laissa et un froid glacial s’abattu sur la pièce. Volodia se leva, contournant son bureau pour me faire face.

—    Personne ne t’a jamais rien dit à propos de ta teinture ?

Je secouais la tête. Agathe m’avait déjà reproché cette teinture mais c’était la couleur préférée de Mira alors je ne voulais l’enlever pour rien au monde. Cependant, avec les repousses brunes, je trouvais que je ressemblais de plus en plus à une glace choco-pistache.

—    Les teintures sont interdites ici.

J’haussais les épaules, ses paroles rentrer par mon oreille et ressortaient par l’autre.

Il s’approcha de moi et je reculais d’un pas, un mauvais présentiment habitant les fonds de mes entrailles.

—    Je vais remédier à tout ça.

Il sortit une tondeuse à cheveux de la poche de son costard avant de se précipiter vers moi. Il me saisit par le cou, m’immobilisant malgré le fait que je me débattais. C’était vraiment lâche de s’en prendre à un adolescent alors qu’on avait dépassé la trentaine.

—    Les teintures sont pour les filles !

Le bruit incessant de la tondeuse me donna des sueurs froides pendant qu’il rasait mon crane.

—    Vous n’êtes qu’un enfoiré, articulais-je en essayant de me débattre.

Je voyais mes cheveux tomber de mon crâne et s’étaler par terre. Certaines mèches étaient brunes, d’autres vertes.

Un sentiment d’impuissance me fit grincer des dents. Il me relâcha lorsqu’il considérait le travail fini.

—    Tu peux t’en aller maintenant. Que cela te serve de leçon. Oh et demain, je veux te voir porter fièrement l’uniforme.

J’aurais aimé lui sauter au cou, le manger tout entier avant d’uriner sur les restes de son cadavre. A la place, je lui crachais dessus, pivotant pour partir alors qu’il grognait de frustration. Il venait de déclarer une guerre encore plus mortelle que la précédente.

Ce soir, je n’allais pas simplement bruler des feuilles, j’allais l’immoler vivant pendant qu’il dormirait.

Je rejoignis la salle de bain pour voir l’étendue des dégâts. Je n’avais plus de cheveux, cet enfoiré venait de raser tous mes cheveux. Alexander débarqua dans la salle de bain, l’air affolé.

—    Qu’est-ce qu’il s’est passé ? demanda-t-il.

Je serais les poings, la mâchoire contractée. Je ne lui répondis rien, trop aveuglé par la haine. Je voulais l’éliminer radicalement. Je traversais le couloir pour rejoindre la chapelle. Contempler les vitraux allait m’apaiser. Je réfléchirais mieux les idées claires.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant