CHAPITRE 42 : Uniforme

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—    Voici vos uniformes.

Je zieutais du coin de l’œil la tête de mon camarade. Aujourd’hui, en plus de nous obliger à porter un uniforme immonde, Volodia avait décidé de séparer les garçons des filles.

A partir de maintenant, il allait y avoir des classes spécifiquement pour les garçons et d’autres pour les filles. Tout comme le réfectoire. Je vivais un cauchemar éveillé.

Charles nous montra l’uniforme bleu marine que nous allions porter d’ici peu. Un pantalon droit bleu marine avec une chemise blanche et un veston de la même couleur que le pantalon. S’ajouter à cela une cravate bleue également.

Je ne sais même pas faire des nœuds de cravate.

—    Ne vous inquiétez pas pour la cravate, je vous ferais un court là-dessus, nous rassura Charles.

Je haïssais de plus en plus Volodia et sa façon de penser stupide. Nous n’étions plus au 19ème siècle, les garçons et les filles pouvaient se côtoyer.

Comment allais-je pouvoir survivre sans pouvoir parler à Mira ? Sans la toucher ? Entendre sa voix, son rire et humer son odeur propre à elle ?

Alexander allait certainement m’aider à trouver une solution, il n’allait pas se faire voler Maya juste comme ça.

La sonnerie retentit et Charles nous invita à sortir dans le jardin pour prendre notre pause. Lorsque je passais devant lui, il m’attrapa par le bras.

—    Il faut que tu ailles chez Volodia, il aimerait te parler.

—    Il peut toujours aller se faire foutre, crachais-je.

Charles me fit signe de me taire avant de m’emmener dans un coin beaucoup plus tranquille.

—    Ecoute Kandinsky, je sais que ça fait beaucoup de changement d’un coup mais c’est pour votre bien.

—    Tu dis ça parce que tu n’es pas concerné, rétorquais-je en croisant les bras devant mon torse.

Il soupira, se pinçant l’arrêt de nez.

—    Je hais ce nouveau régime nazi qu’il met en place.

Il écarquilla les yeux avant de me faire signe de me taire à nouveau.

—    Ne dis pas de sottise ! Volodia pense à vous. Il veut votre bien.

Je ravalais ma haine envers cet homme et m’approchais d’un pas de Charles. Je le dépassais presque. Était-ce moi qui avais grandi, ou lui qui avait rapetissé ?

—    Ne me dit pas que tu cautionne ce qu’il fait ?

Il grimaça avant de se pincer les lèvres.

—    Kandinsky, j’aimerais pouvoir t’aider mais je risque de perdre mon job et vous par la même occasion. Vous êtes comme ma famille, surtout toi et Alex.

Je ne sais pas si c’était une technique pour me manipuler mais ça marchait parce que je buvais ses paroles comme de l’eau.

—    Ce type est influant et est capable de te réduire en cendre.

Il ne fera pas long feu contre une horde d’enfant en colère. Moi, Kandinsky Zabolotny, moi vivant, jamais je ne le laisserais faire. Rien ni personne ne pourra m’empêcher de voir кошка.

Je coupais court à la discussion, décidant de ne pas aller dans le bureau d’un connard comme lui tout comme je n’allais pas porter son stupide uniforme. J’avais une personnalité et personne ne pouvait me l’enlever.

Les cours reprirent et c’étaient les heures les plus longues de toute ma vie. Sans Alexander ni Maya ou Mira, je me sentais atrocement seul.

La trace de ma main s’était dessinait petit à petit sur ma joue à force d’être appuyé dessus. C’était Alexander qui m’avait fait la remarque lorsqu’il m’avait vu.

Il m’attendait dans ma chambre pour que je prépare mes affaires et que nous allions nous doucher. Nous prenions toujours nos douches en dernier pour être surs de ne pas être déranger. Ça allait me manquer de me laver avec lui.

J’allumais l’eau avant de me mettre en-dessous et de me rincer les cheveux.

—    Tu en penses quoi de l’uniforme ? lui demandais-je en me savonnant.

—    C’est d’la merde. Il nous prend pour quoi ? On n’est pas chez les bourgeois ici.

J’étais d’accord avec lui. Il voulait nous faire passer pour des personnes propres et distinguer alors que nous étions tout l’inverse.

—    Il veut nous séparer des filles.

Le regard d’Alexander changea subitement.

—    Je sais mais s’il croit qu’il va réussir, il se fout le doigt dans le cul et bien profond.

J’enroulais une serviette autour de ma taille après m’être rincé. J’enfilais mon pyjama à toute vitesse alors qu’Alexander était toujours en serviette et se coiffer.

—    Tu ne comptes pas t’habiller ? gloussais-je en le regardant de la tête aux pieds.

—    Non, j’ai une fille à aller voir.

Il me fit un clin d’œil, esquissant un sourire.

—    Comment tu vas faire ? Il a renforcé la sécurité dans les couloirs.

—    Certes mais il a oublié de penser au toit. On peut facilement rejoindre leur chambre en passant par le toit, il suffit juste qu’elles aient la fenêtre ouverte.

Il s’habilla tout de même, sans doute parce que traverser le toit en serviette allait être compliqué.

—    Si tu veux me rejoindre, tu peux venir.

Je n’allais certainement pas décliner l’offre.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant