CHAPITRE 55 : Au revoir, Alexander

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Belle famille et heureuse vie. Jamais je n’aurais pensé être aussi dévasté en lisant ça sur une banderole. La salle des fêtes était remplie de table avec de la nourriture et des boissons mais rien ne me donnait envie.

Pour être franc, je n’avais rien mangé depuis que je m’étais réveillé. C’était surement à cause de l’alcool que j’avais bu hier soir.

Je me laissais tomber sur l’un des canapés, complètement dépité par le départ d’Alexander. Je ne l’avais même pas encore vu aujourdhui, il devait certainement passer sa journée avec Maya. Je ne lui en voulais pas vraiment, j’aurais fait pareil si je partais demain.

Néanmoins, je voulais quand même lui faire mes adieux. J’inspirais lourdement, essayant de penser à autre chose. Mon esprit se tourna vers cette affreuse soirée.

Je m’en voulais d’avoir bu, j’avais mis Mira très mal à l’aise. C’est dommage parce que j’aurais bien aimé réitérer l’expérience comme la dernière fois.

Depuis le chapitre de la fenêtre, Mira se faisait distante physiquement avec moi. Je comprenais qu’elle voulait prendre sont temps, je n’étais pas pressé non plus mais je ne comprenais pas pourquoi – après une soirée torride – elle prenait ses distances.

Est-ce qu’elle a peur que je lui fasse quelque chose de mal ? Ou elle a simplement peur que j’en veuille plus ?

Hier soir, elle m’avait avoué que son père buvait et donc, que c’était pour cela qu’elle n’aimait pas l’alcool. Est-ce que son père était méchant avec elle ? Est-ce qu’il lui aurait fait des choses ?

Ma mâchoire se crispais en pensant à ce qu’on pourrait lui faire sans qu’elle ne le désire. Pour moi, il était impossible qu’on puisse lui faire une telle chose, elle était si adorable qu’on ne pouvait pas lui faire du mal. Si ?

Au même moment, lorsque je levais la tête, je sursautais en la voyant. Elle me sourit timidement, me saluant d’un signe de la main avant de s’assoir à mes côtés, tâchant de laisser une certaine distance entre elle et moi.

—    Comment tu vas ? me questionna-t-elle en regardant la foule.

Ça va un peu mieux depuis que tu es là.

J’aurais aimé lui demander un bisou pour avoir un peu de réconfort mais je ne voulais pas la brusquer.

—    J’ai peur de comment va être ma vie sans lui, je veux dire, c’est comme un père pour moi et maintenant je vais me retrouver orphelin plus-plus.

—    Orphelin plus-plus ? répéta-t-elle amusée.

Je souris légèrement même si je n’avais pas la tête à être heureux. Mira trouvait toujours le moyen de me faire aller mieux, même dans les pires moments.

Nous patientons sur le canapé l’arrivé d’Alexander en silence. Mira semblait avoir compris que je ne voulais pas vraiment discuter et même si elle était silencieuse, je me sentais bien à ses côtés.

Parfois, le silence est plus réconfortant que les mots. Il suffit juste d’être avec les bonnes personnes.

Après un long moment à attendre, je vis Maya pénétrer dans la pièce. Elle s’avança vers moi, les yeux rouges et humides.

—    Il t’attend derrière la chapelle, m’informa-t-elle avant de se laisser tomber dans les bras de Mira.

Je me levais en me précipitant vers la chapelle. Je le trouvais adossé contre le mur, fumant une cigarette. Je m’approchais de lui, la gorge nouée en me disant que ça allait être la dernière fois que j’allais lui parler.

—    Je n’aime pas trop les adieux, commença-t-il en prenant une taffe. C’est super triste.

J’hochais la tête, m’adossant à côté de lui.

—    Comment ça a été ta journée ? Pas trop dure ?

Je secouais la tête, conscient que si j’ouvrais la bouche, j’allais finir en sanglots.

—    On se revoit dans deux ans, hein. Ce n’est rien, deux ans.

Je le vis s’essuyais une larme discrètement et je ne pus me contenir plus longtemps. Je me jetais sur lui, l’agrippant comme si ma vie en dépendait. Son pull fit vite mouillé par mes larmes et le silence fut remplacé par mes sanglots.

—    Je ne veux pas que tu partes, reniflais-je.

Il me serra contre lui de toutes ses forces, reniflant tout comme moi.

—    Je n’en ai pas envie mais je n’ai pas le choix, murmura-t-il.

Je haïssais la vie. Pourquoi me faire naitre sans famille et une fois que je m’en suis trouvé une, me l’enlever comme si de rien n’était ? Je ne voulais pas qu’Alexander parte, j’avais déjà perdu Agathe je ne voulais pas le perdre aussi.

Nous restions enlacés pendant une durée indéterminée jusqu’à ce qu’il se recule et essuie ses larmes.

—    Putain, j’ai tellement pleuré que je ne sais même pas si je réussirai à pisser ce soir, ricana-t-il.

Sa déclaration m’arracha un sourire. Il n’y avait que lui pour dire des conneries dans ce genre dans des moments aussi tristes.

—    Ecoute Kandinsky, je vais partir dans une heure même pas, mais sache que je reviendrais te voir. Je ne te laisserais pas seul pendant deux ans, je vais taffer dur pour obtenir une maison pour toi et Maya. Puis oubli pas que j’ai une meuf à satisfaire, termina-t-il en me faisant un clin d’œil.

—    Alors on se verra quand même ?

Il hocha la tête, les poings sur les hanches et un fier sourire au visage.

—    Jamais je ne t’abandonnerais.

Il me tendit son poing pour que je le cogne et c’est ce que je fis. Je trouvais cet adieu moins déchirant à présent. J’allais le revoir, certes pas tous les jours, mais j’allais le revoir et c’était ça qui était important.

—    Oh faite, tiens.

Je sortis son cadeau de la poche de mon pantalon. Il ouvrit la petite boite avant d’esquisser un sourire et de sortir un briquet zippo. J’y avais gravé le nom de Maya ainsi que celui de Mira et le mien.

—    Pour que tu penses à nous à chaque fois que tu fumes, gloussais-je.

Il me prit dans ses bras pour me remercier. Nous avions passé le restant de la soirée ensemble, à parler avenir.

—    Tu n’as pas de projet d’avenir une fois sorti d’ici ?

Je secouais la tête. Je n’y avais jamais trop pensé, j’aviserais une fois en dehors.

—    Une chose est sûre, je ferais les choses bien pour Mira.

—    Tu as raison, mec.

Le principal vint le chercher tout en l’escortant vers la sortie. Je le suivis de près, accompagné par Maya et Mira. Elles lui dirent aurevoir, Maya sanglotant encore.

Alexander me tendit la main et, en toute courtoisie, nous nous saluions.

—    Au revoir, Alexander.

—    Nique ta mère. On se revoit dans pas dans longtemps, me chuchota-t-il.

J’esquissais un sourire, le regardant s’éloigner vers une voiture qui allait surement le déposer en ville ou je ne sais où.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant