CHAPITRE 16 : Retour au domicile

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La voiture s’arrête devant un grand bâtiment. Un homme et une femme sortent et viennent m’ouvrir la portière de l’habitacle.

La grande bâtisse que je connaissais depuis toujours se dressait devant moi, fidèle à mes souvenirs. J’avais craint qu’en deux ans, Agathe ait changée quelque chose mais non.

J’avançais, une femme brune accompagnée d’une autre aux cheveux colorés en rose pale. Elles m’emmenèrent à l’intérieur de l’orphelinat et automatiquement, mes muscles se détendirent. J’étais afin à nouveau chez moi.

Je soupirais un bon coup en me sentant chez moi. Agathe m’attendait dans son bureau. Lorsque je la vis, je courus pour me jeter dans ses bras. Elle me caressa la tête avant de déposer un doux baiser sur mon front.

—    Je pense qu’on peut vous le laisser, dit la brune.

Agathe releva la tête vers les deux femmes et acquiesça.

—    Oui, le règlement n’a pas changé en deux ans, plaisanta-t-elle.

Les deux femmes partirent, nous laissant seuls.

—    Ça m’a manqué, murmurais-je.

Je l’entendis pouffer avant qu’elle ne s’éloigne. Elle se dirigea vers la porte de son bureau et m’incita à sortir.

—    Tu vas avoir une nouvelle chambre, m’informa-t-elle.

Je l’écoutais parler tout en la détaillant. Cette même chemise blanche accompagnée par cette longue jupe bleue. Ses rides étaient toujours présentes et il n’y en avait pas une de plus.

Elle m’emmena jusqu’à ma nouvelle chambre. Il y avait deux lits superposés mais seulement un était occupé. Par moi et un autre. Je reconnus sans difficulté Alexander. Il me sourit de toutes ses dents lorsqu’il me vit.

—    Kandinsky ?

Il se leva d’un bond et vint se poster face à moi.

Deux ans s’étaient écoulés. La dernière fois qu’il m’avait vu, j’avais douze ans. Maintenant, j’en avais quatorze. J’imaginais que ça devait être un choc pour lui, je devenais un homme.

Lui, en avait seize. Je lui souris en retour et à ma grande surprise, il me prit dans ses bras.

—    Content de te revoir. Tu as raté plein de truc.

Agathe nous laissa seuls, prétextant qu’elle devait encore faire de la paperasse. Alexander et moi nous asseyons sur son lit, celui du bas.

—    Alors ? Raconte-moi, lui lançais-je en déballant mes affaires.

Je mis dans l’armoire tous les vêtements que j’avais emporté avec moi.

—    Par où commencer ? soupira-t-il. Bah, quand tu es parti, Marylou était triste mais elle a vite trouvé quelqu’un d’autre.

Je n’affectionnais pas vraiment Marylou. Elle m’énervait dès que je la voyais. Je pense que l’on pouvait attribuer cette haine à la fois où elle m’avait volée une frite à la cantine. Ma vie n’avait plus jamais été la même après ça.

—    Quoi d’autre ? reprit Alexander. Monsieur Adams est toujours là.

Je me retournais vers lui et le vis esquisser un sourire. Il savait très bien ce que j’allais dire.

—    Sérieux ? dis-je l’air faussement étonné. Quand est-ce qu’il part à la retraite ? Il est tellement chiant.

—    Ouais et ce n’est pas près de s’arrêter. Mais tu as de la chance, tu vas en avoir d’autre. Tu n’es plus un enfant maintenant. A toi la joie de la liberté. Tu vas avoir différents professeurs, des heures où tu n’auras pas cours et donc tu pourras en profiter pour ne rien foutre !

Je ris en l’écoutant parler. Alexander était l’un des premiers à m’avoir parlé ici et très vite, il m’a pris sous son aile. C’était un peu une sorte de mentor pour moi.

—    Mais sinon, dis-moi, reprit-il soudainement plus sérieux.

Il se pencha en avant, posant ses coudes sur ses genoux et entrelaça ses doigts ensemble.

—    Pendant que tu étais chez ta famille, tu as pus te taper des nanas ?

Sa réponse me prit au dépourvu. Comment aurais-je pu faire ça alors que je n’avais qu’une seule fille en tête ?

- Non, je n’ai jamais rien fait, soupirais-je.

Alexander se leva et se dirigea vers moi. Sa main se posa sur mon épaule.

—    Tu veux que je te trouve une fille ? Y’en a pleins ici qui-

—    Non merci, le coupais-je. Je n’ai pas envie de faire ça avec une inconnue.

Il recula et croisa les bras devant son torse.

—    Ah je vois, tu veux le faire à la romantique ? Ok, je comprends. Je peux t’arranger un rencard avec une fille, si tu veux.

Automatiquement, mon esprit pensa à elle. Je m’imaginais lui donner la main, la regardant droit dans les yeux avant de l’embrasser et de lui faire bien plus.

Je stoppais mon esprit, soudainement honteux de penser à ce genre de chose. Bien sûr que je la désirais mais j’avais l’impression qu’elle était beaucoup trop pure pour ça.  

Surtout qu’elle me déteste aussi.

Notre séparation n’avait rien d’amusante. Les dernières images d’elle que mon cerveau rejoue en boucle sont son beau visage couvert de larme que je lui ai fait verser.

—    Est-ce que Mira est toujours là ?

La peur soudaine qu’elle se soit fait adopter par une famille me retourna l’estomac. Si elle n’était plus là, je n’avais plus rien à faire ici.

—    Ouais bien sûr.

Je respirais un coup et la boule d’angoisse qui s’était formée en peu de temps disparu aussitôt.

—    Mais elle est déjà avec quelqu’un.

Mon souffle se coupa et je manquais de me faire un torticolis en me tournant vers mon ami.

—    Avec qui ?

Mes sourcils étaient froncés et je savais qu’Alexander regrettais ses paroles.

—    Juste un type, rien de plus, soupira-t-il.

—    Mais moi je veux savoir qui c’est.

Il tourna les talons pour partir, autrement dit pour fuir la discussion. Je savais qu’il faisait ça pour ne pas s’attirer d’ennui mais je ne comptais pas lâcher l’affaire.

Je l’attrapais par le bras, le forçant à se retourner et me regarder.

—    Avec qui ? répétais-je plus clairement.

Il se libéra facilement de ma prise et me tourna le dos avant d’aller vers la porte. Il l’ouvrit mais juste avant de disparaitre, se retourna et me dit :

—    Joakim. C’est lui son mec.

Bâtard.

Alexander disparu, me laissant avec ma frustration et ma culpabilité.

Pourquoi est-ce qu’elle sort avec ce connard ? Si je ne lui avais pas brisé le cœur, est-ce qu’elle m’aurait attendue ? Est-ce qu’elle m’aimerait encore ? Est-ce qu’elle l’a déjà embrassé ?

L’image que créa mon cerveau pour me torturer mon rendit fou. Je ne pouvais pas la laisser être avec Joakim. Ce n’était pas Mira et Joakim. C’était Mira et Kandinsky. Кошка et Candy.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant