CHAPITRE 22 : Sortie dangereuse

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—    Les plats de l’orphelinat m’avaient manqué.

Je gloussais en le voyant dévorer son repas. Aujourd’hui pour le repas du midi, nous avions le droit à de la pizza. J’en connaissais un qui était ravie, même après avoir grignoté en classe.

—    Comment tu fais pour te procurer toutes les cochonneries que tu manges ? lui demandais-je en lui donnant mon reste de pizza.

Il englouti son assiette en quelques secondes, s’essuyant la bouche avec la manche de son sweat.

C’est donc ça, les tâches.

—    Beaucoup de ces « cochonneries », dit-il en mimant des guillemets avec ses doigts, viennent du troc.

—    Contre quoi tu les échanges ?

Il se mit à sourire bêtement. Je me demandais vraiment ce qu’il pouvait échanger contre un paquet de bonbon.

—    Premièrement, lorsque je fais un échange contre des bonbons ou de la malbouffe, je demande que ce soit une caisse remplie. Deuxièmement, je les échange contre des futilités, comme des vêtements de marques ou autre.

J’hochais la tête, prenant une gorgée d’eau. Si j’avais tout compris au troc, tout le monde volait tout le monde. Heureusement que je n’avais pas d’objet précieux mise à part mon couteau que j’avais tout le temps sur moi.

—    Personne ne se demande d’où provienne les objets qu’on reçoit ?

—    Si mais ils n’ont pas encore trouvé comment on se les procure. A partir du moment où ce n’est pas quelque chose de dangereux ou d’interdit dans le règlement, ils ne peuvent pas nous le prendre.

J’acquiesçais, fixant l’horloge. C’était bientôt la reprise des cours et j’avais tout sauf envie de subir trois heures de russe.

Je soupirais bruyamment sans le vouloir, enfuyant ma tête dans mon coude.

—    Toi aussi tu n’as pas envie d’aller en cours ?

Je relevais la tête pour regarder mon ami. Il arborait ce même sourire malicieux qui indiquait qu’il avait quelque chose en tête.

—    Dis, c’est quoi ta couleur préférée ?

Je fronçais les sourcils. Pourquoi me demandait-il ça subitement. Je réfléchis un moment, ne sachant pas quoi lui répondre. Globalement, j’aimais toutes les couleurs même si le bleu et le vert restaient mes préférées.

—    J’aime bien le vert, pourquoi ?

—    Comme ça.

Il termina son assiette – ou plutôt la mienne – avant de se lever. Je le suivis et nous allions déposer nos plateaux pour qu’ils soient lavés dans une étagèrent spécifique.

Il nous restait moins de dix minutes avant de reprendre et mon envie de retourner me coucher gagnait du terrain. Je m’adossais contre le mur du hall, observant l’aiguille des secondes de la grande horloge.

—    Ce n’est pas en la fixant qu’elle va s’arrêter, commenta Kandinsky.

Je le fusillais du regard. L’école me mettait de mauvaise humeur. Il fit un pas – un seul suffit à ce qu’il soit proche de moi malgré la distance – et se posta à mes côtés.

—    On n’est pas obligé d’y aller, sourit-il.

—    Bien sûr que si, soufflais-je.

L’horloge nous indiquait qu’il restait deux minutes avant la reprise. J’avais l’impression qu’une fois le temps écoulé, j’allais être exécutée en place publique.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant