CHAPITRE 51 : Secret & colère

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—    Vous n’êtes que des jeunes pervers irrespectueux !

Des postillons volèrent de sa bouche et je grimaçais de dégout. Voilà qu’il nous sermonnait depuis une quinzaine de minutes à tout cassé et j’en venais à presque m’endormir.

Kandinsky avait la tête dans le creux de sa main, les paupières lourdes. Lorsque Volodia cria son prénom en frappant sur son bureau, il sursauta et moi aussi.

—    Tu es fatigué ?

Le ton dans sa voix était froid mais nous n’avions pas peur de lui. Charles était dans un coin de la pièce, voulant à tout prix rester ici. Il devait sans doute vouloir nous protéger et quelque part, sa présence était réconfortante.

—    Eh bien, commença Kandinsky en se remettant correctement dans son siège, il faut dire que faire l’amour est éprouvant.

Je plaçais une main devant ma bouche pour étouffer mes gloussements. Je vis la mâchoire de Volodia se contracter et ses poings se serrer. Il voyait rouge en regardant mon fiancé mais ce dernier semblait détendu.

—    Tu te crois drôle ? s’époumona le directeur en se levant.

Il contourna son bureau pour atteindre Kandinsky mais Charles s’interposa, les bras croisés devant son torse.

—    Il est interdit de toucher les élèves.

Volodia pouffa, rangeant ses mains dans ses poches.

—    Tu crois réellement qu’un pion comme toi a la capacité de me dire quoi faire ?

Il voulu décaler Charles pour attraper Kandinsky mais le rouquin ne se laissa pas faire, lui envoyant son poing directement dans la mâchoire. Volodia tituba, essuyant sa lèvre en sang.

J’écarquillais les yeux, choquée par la scène qui s’offrait à moi. Je n’avais jamais vu un combat mais c’était d’une telle violence, jamais je ne pourrais cautionner ça.

—    Espèce de petite salope, cracha le directeur en s’élançant vers Charles.

Kandinsky me prit par la main, me tirant jusqu’à la porte. Nous tombâmes nez à nez avec Madame Romanov, notre ancienne professeure de science et vie de la Terre.

Elle semblait inquiète et lorsqu’elle vit mon visage terrifier elle s’éloigna avant de sortir son téléphone et de passer un appel. Je compris plus tard dans la soirée – en voyant les gyrophare bleus et rouges – qu’elle avait appelé la police.

Kandinsky et moi nous étions réfugiés sur le toit, d’où nous pouvions voir la scène s’offrant à nous. Volodia menotté et emmené par la police.

—    Trop bien ! s’exclama-t-il avant de m’embrasser brusquement. Peut-être qu’Agathe va revenir !

Je voyais des étoiles briller dans ses yeux et mon cœur se serra. Si seulement j’avais été honnête avec lui. Il était tellement heureux de peut-être revoir Agathe que je ne voulais pas lui dire la vérité. Mais je ne pouvais plus vivre dans le mensonge, je ne pouvais pas continuer à mentir à celui que j’aime.  

—    Candy, me raclais-je la gorge.

Son regard croisa le mien. Je me pinçais les lèvres avant de les humidifier.

—    Agathe ne reviendra pas.

Il fronça les sourcils, attendant que je continu mais je me tus. Je venais de déclencher le minuteur de la bombe, je ne pouvais plus faire marche arrière.

—    Tu as des nouvelles d’elle ?

Je secouais la tête, replaçant des mèches de cheveux derrière mes oreilles avant de me ronger les ongles par nervosité.

—    Agathe est morte.

Je me sentis soudainement soulagé de le lui dire. Même si je n’avais jamais été très proche d’Agathe, j’appréciais beaucoup cette femme.

—    Comment ça ?

Il dégluti, les larmes lui montant soudainement aux yeux. Je regrettais de lui avoir dit, surtout qu’Alexander m’avait dit de ne rien lui dire.

—    Tu le sais depuis combien de temps ?

Il était devenu froid, la lueur de joie dans ses pupilles s’était évaporée comme de la fumée pour ne laisser qu’un océan glacial.

—    Ça fait quelques semaines, avouais-je en baissant la tête.

Il se leva d’un bond, serrant les poings. Automatiquement, je me crispais, avalant avec difficulté ma salive.

—    Ça fait des semaines que tu le sais et tu ne me le dis que maintenant ? s’énerva-t-il.

J’enfuyais ma tête dans mes genoux, ne voulant pas l’affronter.

—    Non mais tu te fous de ma gueule ?

—    C’est Alexander qui m’a dit de ne rien te dire ! relevais-je brusquement la tête.

Il écarquilla les yeux. Je me levais pour être face à lui – même si je devais lever la tête pour le regarder dans les yeux.

—    Alexander est dans le coup aussi ?

J’hochais la tête. Son monde avait l’air de s’écrouler sous ses pieds. Mon cœur se serra et je me mordis l’intérieur des joues pour ne pas pleurer.

—    Vous êtes tous les deux des putains d’hypocrites !

Il tourna les talons pour descendre du toit mais je le retins par la manche de son t-shirt.

—    Kandinsky s’il te plait, je suis désolé.

—    Tu peux te les garder, tes excuses, marmonna-t-il en continuant sa route.

Je le lâchais, soudainement angoissée à l’idée qu’il aille confronter Alexander. Je ne voulais pas créer de tensions entre eux, surtout si l’un allait bien partir.

Pour vu que tout se passe bien.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant