CHAPITRE 47 : Chaude flamme

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Mira Pacheco

—    Je te jure, je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais il n’a plus de cheveux !

Je ne croyais pas un mot de ce que Maya me disait. Assisse devant le miroir de la salle de bain, elle me coupait les cheveux pour à nouveau faire un carré parfait.

—    Je ne te crois pas, m’indignais-je. Pourquoi est-ce qu’il se serait rasé la tête ? Il m’aurait parlé de ses projets capillaires, non ?

Elle grimaça, se pinçant les lèvres tout en faisant de grands yeux.

—    Parfois, les hommes sont cons.

J’esquissais un sourire, patientant qu’elle termine pour aller voir Kandinsky. Je ne savais pas où il se trouvait, mais je comptais bien le découvrir. Je devais lui parler avant le grand soir.

Ce soir, nous allions montrer à tout le monde notre désaccord avec ces nouvelles règles stupides que Volodia tentait de mettre en place.

—    Fini, s’exclama Maya en reculant pour admirer son travail.

Elle avait renoncé à faire coiffeuse, préférant se tourner vers la botanique cependant, elle admirait tout de même son travail, fière d’elle.

—    Je vais te laisser, je vais le rejoindre, l’informais-je en quittant la pièce.

—    Surtout m’aide pas, cria-t-elle alors que je quittais les dortoirs.

La prochaine fois, promis.

Je me rendais dans l’endroit où il était le plus susceptible d’être : la chapelle. Lorsque je pénétrais dans celle-ci, je ne trouvais personne, néanmoins je m’avançais tout de même pour être sûre que l’endroit était vide.

Je vis des pieds dépasser du premier banc devant et je fus rassurée qu’il soit là. Je m’approchais de lui, triturant mes mains d’angoisse. A quoi ressemblait-il maintenant ?

Je savais que ce n’était que des cheveux, ce n’était pas non plus un grand brulé mais j’appréhendais tout de même.

Je me raclais la gorge pour l’avertir de ma présence une fois à son niveau. Il était allongé sur le banc, les mains derrières la tête avant de se relever en me voyant.

—    Qu’est-ce que tu fais là ? me questionna-t-il.

Il se cachait sous la capuche de son sweat, m’empêchant de le voir sous son nouveau jour.

—    Bonjour, d’abord, lui fis-je remarquais.

Il s’assit sur le banc pour me faire une place que j’acceptais volontiers. Je ne savais pas si je devais faire comme si de rien n’était où au contraire, lui demander ce qu’il s’était passé. Je ne voulais pas le mettre mal à l’aise.

—    Est-ce que tu es prêt pour ce soir ? demandais-je pour qu’il ne soit pas gêné.

Il se gratta la nuque. Malaise : 1 – Mira : 0. Je pris une grande inspiration, tournant ma langue dans ma bouche pour éviter de dire de nouvelles bêtises.

—    Je hais ce salaud, avoua-t-il en posant sa tête sur mon épaule.

Je le pris dans mes bras, lui caressant l’épaule pour le réconforter. Il s’accrocha à moi comme à une bouée sans que je n’en comprenne la raison, je n’allais pas disparaitre.

—    Je sais pourquoi j’aime être avoir toi, me confia-t-il. Tu es tellement douce que ça en devient addictif. Promets-moi que tu continuerais à l’être avec moi.

Je le serrais davantage contre moi avant de lui prendre les mains, le cœur battant à réveiller les morts.

—    Promis, réussi-je à articuler.

Nous passions le reste de la journée enlacé dans la chapelle avant de retrouver le réfectoire pour manger. Le diner se déroula comme d’habitude, rempli de discussion intéressante avec Maya.

Après cela, nous rejoignions la salle de bain pour nous laver. Maya prétexta être fatiguée, allant se coucher tandis que je descendis dans la bibliothèque pour lire. Je devais me maintenir réveillée jusqu’à minuit.

Les heures défilaient, tout comme les pages entre mes mains. J’étais tellement prise dans l’histoire entre Calista et Oswald que je n’en n’avais pas vu l’heure. Je relevais la tête et m’aperçus qu’il était vingt-trois heures et demie.

Je trouvais ça étrange que personne ne soit venu me chercher pour me dire d’aller dans ma chambre, peut-être ne m’avait-on pas vu, cachée derrière l’une de ces grandes étagères ?

Je me levais, déposant le livre que je lisais dans l’étagère avant de me rassoir. Il faisait étrangement chaud par ici et je compris très vite pourquoi lorsqu’une odeur de cramé me parvint au nez.

De la fumé sortie par la porte arrière de la bibliothèque et mes yeux s’écarquillèrent. Je me levais d’un bond, courant vers la porte pour m’échapper mais…elle ne s’ouvrit pas.

Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. La fumée remplie la pièce suivit de flamme qui consommèrent rapidement chaque feuille de papiers.

Je me laissais tomber contre la porte, cachant mon nez avec mon t-shirt, des larmes brulantes dévalant mes joues. Je ne voulais pas mourir maintenant, encore moins dans les flammes.

A l’extérieur, je pouvais entendre un brouhaha énorme. Personne n’allait se soucier de moi, ils étaient trop préoccupés à vouloir s’échapper.

Ma tête devint lourde tout comme mes paupières. Je pouvais sentir mon pouls ralentir et mes yeux se fermer lentement. La chaleur m’envahie, consumant mon âme comme ces feuilles de papiers.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant