CHAPITRE 5 : Échange

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J’attendais que les filles de ma chambre partent prendre une douche. Couchée dans mon lit, je faisais semblant de dormir depuis une trentaine de minutes. Je patientais que Marylou, Caroline et Maya partent pour que je puisse débuter mon plan.

Marylou avait une bague en or. Une parmi toutes les autres disposées sur une étagère de son armoire. C’était maintenant ou jamais.

Lorsque Maya claqua la porte et que je les entendis partir dans les salles de bains juste en face, je me levais d’un bond. Avec rapidité, j’ouvris l’armoire et pris la bague que j’estimais être la plus chère.

Je la glissais sous mon oreiller avant de refaire semblant de dormir. Maintenant que la première étape de mon plan était faite, je devais attendre la deuxième.

Trois heures plus tard, j’essayais de me tenir réveillée malgré la fatigue qui gagnait du terrain. Allongée dans mes draps douillés, j’observais l’heure sur le radio-réveil de Marylou. Vingt-trois heures quarante-cinq.

Je me levais lentement, en toute discrétion. J’enfilais mes chaussons avant de prendre ma veste. Je n’allais pas répéter la même erreur que la dernière fois que je m’étais levée en douce.

Je sortis ma tête dans le couloir pour voir s’il y avait du mouvement. Personne. J’en profitais pour filer comme une petite souris. J’arrivais en quelques minutes en bas, devant la porte du jardin.

Je m’agenouillais et sorti une épingle de mes cheveux. Durant une semaine, Kandinsky m’avait appris à crocheter une serrure. Il ne savait pas pourquoi je voulais apprendre à faire ça et n’avait pas l’air de s’en soucier. Ça m’arrangé.

Je finis par réussir à ouvrir la porte du jardin. Je sortis, prise de frisson par le vent glacial de l’hiver.

Je me dirigeais vers le recoin reculé du jardin. Il était censé se trouvé là. Au fond de moi j’espérais qu’il s’y trouve même si une autre partie de moi craignait qu’il n’arrive quelque chose.

Plein de gens l’ont fait, pourquoi est-ce que tu paniques ?

Je secouais la tête en rejetant toutes mes pensées intrusives. Je ne devais pas avoir peur et me contenté de céder à mes pensées. Du haut de mes onze ans, je me trouvais courageuse.

J’arrivais devant le grillage, la bague en or dans la main. Je m’approchais lentement, regardant de l’autre côté pour voir une présence. D’un coup, un homme sorti du noir.

Je plaquais ma main sur ma bouche pour retenir un cri de peur. Mon autre main était posée sur mon cœur qui battait la chamade. L’homme devant moi affichait un sourire victorieux.

—    Je ne t’ai jamais vu ici, petite. Tu es nouvelle ?

Je détaillais l’homme. Il avait sans doute la trentaine à tout casser. Un blouson en cuir brun avec une chapka sur la tête. Le reste de son corps était dans l’ombre, m’empêchant de l’observer plus.

—    J’aimerais échanger, lui dis-je.

J’essayais d’avoir un minimum d’assurance mais ma requête ressemblait plus à un murmure. Il me toisa de la tête aux pieds avant de s’avancer vers moi. Le grillage nous séparait et je l’en remerciais. Sans lui, j’aurais sans doute pris mes jambes à mon cou.

—    Tu as quoi ?

Je lui sorti la bague que j’avais volé à Marylou et lui montrais. Il l’observa un moment avant d’hocher la tête.  

—    Qu’est-ce que tu veux ?

Maintenant que j’étais au pied du mur, je ne savais pas quoi faire. J’étais venue ici pour obtenir quelque chose mais je ne savais pas ce que je voulais. Je me creusais la tête rapidement pour ne pas le faire patienter.

—    Un bracelet.

Il sembla amuser par ma demande.

—    Petite, tu sais que cette bague ne vaut pas un bracelet ?

—    Je sais, c’est pour ça que je vais prendre…

Je marquais une pause, pas par suspense mais plutôt pour me laisser le temps de réfléchir.

—    Un MacDo avec, finis-je par dire.

Il prit note dans son téléphone portable tout en se grattant sa barbe naissante.

—    Qu’est-ce que tu veux, dans ta commande ?

Je lui décris à peu près ma commande, ne sachant pas quoi prendre. Il nota tout dans son téléphone.

—    Est-ce que c’est possible d’avoir tout ça pour le réveillon ?

Il hocha la tête sans rien dire de plus. Son bras passa entre le portail en fer de l’orphelinat et j’eu un mouvement de recul par réflexe. Je mis un certain temps à comprendre qu’il voulait être payé.

Avant de lui remettre la bague, je rajoutais :

—    Un bracelet brésilien bleu et noir, si possible.

—    J’ai compris, souffla-t-il agacé. Paie-moi.

Je lui donnais la bague, confiante à propos de ce que Kandinsky m’avait dit. Il prend ton argent sans dire avant de te donner une date et l’heure.

—    Vingt-quatre décembre, vingt-deux heures.

Il partit sans rien ajouter de plus. Je rangeais cette date et l’heure précieusement dans un coin de ma tête.

—    Je serais là, murmurais-je en le regardant s’éloigner dans la pénombre.

SANS TOI [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant