4 -Est-ce un rêve?

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Les jours s'enchaînaient à un rythme fou si bien que je n'avais pas une seconde à moi. En vue de la fin d'année qui approchait à grand pas, les professeurs nous assaillaient de contrôles et d'exposé afin de soulager leurs consciences.

Ça faisait plus de trois semaines que Frazer m'avait proposé ce drôle de jeu et depuis, il n'avait jamais rompu la règle : On ne se parlait plus. J'avais bien essayé quelques fois en histoire, mais il était resté de marbre. La règle, c'était la règle.

Comme on ne se parlait pas vraiment d'habitude en dehors de ces heures de cours, ça ne m'avait pas fait de grands changements, si bien que j'en oubliais même parfois son étrange proposition. Mes parents n'étaient pas au courant et je n'avais aucune idée d'où se situait la maison secondaire des Ponti. En somme, j'avais peut-être rêvé...

- Lucie ? Qu'est-ce que tu fais ? Cria Julie.

Je regardai autour de moi. J'avais tellement divagué dans mes pensées que j'avais la main suspendue devant la corbeille de pain de la cantine, comme une imbécile. Je pris une tranche, la posai sur mon plateau et suivit ma meilleure amie jusqu'à une table où étaient déjà installées deux trois amis.

- C'était trop drôle, rit Trevis.

- De quoi ? demandai-je.

- Comment tu étais, la main dans le vide, soudain figée, on aurait dit que tu étais captivée par une mie de pain.

- Aha. Très amusant en effet. J'ai dérivé. Ça arrive à tout le monde, grognai en posant bruyamment mon plateau sur la table.

Trevis m'énervait, je me demandais vraiment ce que Julie lui trouvait. Il était moyennement beau, disons qu'il rentrait dans les critères d'un gars pas trop dégoûtant avec un beau sourire. Il ne brillait pas par son intelligence non plus, et son humour et son sens de l'amitié laissait à désirer. Mais bon, ils s'aimaient et c'était bien l'essentiel.

- Sinon, nous coupa Eline pour changer de sujet, où partez-vous en vacances cet été ?

Eline était douce et gentille, c'était toujours celle qui résolvait les conflits et les prévenait aussi. Quand elle sentait que la tension montait, elle faisait tout son possible pour rendre l'atmosphère détendue. Comme maintenant.

Mais cette question n'allait pas arranger les choses pour moi. Qu'allais-je faire cet été ? Rien n'était moins sur...

- Je pars en Espagne avec ma famille, et vous ? répondit Julie

- A la plage, dit Trevis.

- Ouuh tu n'as pas intérêt à me tromper avec une fille super canon en maillot de bain ! rit Julie

- Aucun soucis Ju, il n'y a que toi à mes yeux, roucoula Trevis.

Eline, Paula et moi nous regardâmes en soupirant. Quand ils s'y mettaient, ils pouvaient être vraiment gnangnan. Et c'était fatiguant.

- Et toi Lucie ? s'enquit Paula, tu ne nous as pas dit ce que tu faisais cet été !

- Oh, dis-je en faisant un geste vague, rien n'est encore sûr. Vous connaissez mes parents...

- Justement, objecta Julie, l'air soupçonneuse, ta mère organise toujours TOUT trois ans à l'avance. C'est bizarre que tu ne saches toujours pas où tu vas...

Je me mordis les doigts et me contentai de lui adresser un bref sourire.

Ils continuèrent à parler de tout et de rien et je ne pris pas franchement part à la discussion, trop occupée à regarder Frazer qui, assis deux tables plus loin avec toute sa bande, rigolait en mangeant ses spaghettis et tapai amicalement la tête de son ami Roy.

Il semblait tellement inaccessible que ça ne faisait plus trop de doute : J'avais dû rêver l'épisode du jeu débile...

- Est-ce que vous savez que Frazer Ponti invite une fille dans sa résidence secondaire cet été ? dit alors Paula.

Ces mots me firent comme un électrochoc. La conversation devait plutôt intéressante. J'observai Paula. Elle avait les yeux qui brillaient de désir et de curiosité.

- C'est vrai ? s'écria Eline, qui ?

- Je ne sais pas, maugréa Paula, je l'ai seulement entendu parler avec son meilleur ami. Il parlait d'un jeu ou d'un truc comme ça...

Je retins un hoquet de surprise et faillit m'étrangler avec le spaghetti que j'étais en train de mâcher.

- Ça va Lucie ? S'inquiéta Julie. Je sais que tu l'aimais bien, je suis désolée pour toi.

Je la regardai quelques secondes en me demandant si elle était sérieuse. J'étais bête, elle n'était pas au courant. Je n'en avais parlé à personne, préférant garder ça pour moi.

- Oui oui, mentis-je. Je suis juste un peu triste.

Complètement excitée oui. Parce que ça voulait dire que je n'avais pas rêvé. Que dans vingt-quatre jours exactement, je serai avec lui, à essayer de gagner un drôle de jeu... 

90 jours ensembleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant