53 - Retrouvailles

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- Lucie ? chuchota une voix.

J'ouvris un œil.

- Lucie ? s'exclama cette même voix, plus forte.

Les murs bleus ne me rappelaient rien. Où étais-je ? Il faisait bon, quoiqu'un peu froid. Et j'avais la sensation d'avoir dormi des heures. Etait-ce vrai ou simplement une illusion ?

Je tournai lentement ma tête à gauche, tombant nez à nez avec un mur nu. Alors je roulais sur la droite et dévisageai avec surprise la silhouette qui se tenait devant moi.

- Ce n'est pas possible, m'écriai-je. Pas possible.

D'un coup, j'arrachai mes draps et les jetai en boule avant de sauter à pied joint hors du lit et de courir vers le garçon qui se tenait en face de moi.

- Frazer ! C'est toi ! Est-ce que je rêve ? Est-ce réel ?

Il passa ses bras autour de ma taille et la chaleur de ses mains m'enleva instantanément le doute. Lorsqu'on rêvait, les sensations n'étaient pas aussi précises. Or, les frissons que je ressentais étaient bien là, déchirant mon cœur, l'envahissant de bonheur.

- Oui, c'est réel Lucie.

- J'ai cru que je ne te reverrai jamais ! me lamentai-je. J'ai même pensé que tu étais mort, quand j'ai vu les portes se refermer sur toi et t'engouffrer dans cette spirale de violence infernale...

- Et pourtant, je suis ici, souffla-t-il. Pas une minute je n'ai pensé qu'on ne se reverrait pas. Tu sais pour quoi ? Parce qu' il ne s'est pas écoulé une seule seconde sans que je pense à toi, à ce que je t'avais promis. Si tu restes, je reste. C'est aussi simple que ça.

- Oh, j'ai eu tellement peur...

Je le serrai plus fort encore, comme s'il pouvait m'échapper, comme si je devais m'assurer qu'il était bien là, en chair et en os entre mes bras.

- Quand es-tu rentré ? M'enquis-je.

- Il y a dix minutes, à peine. L'ambassadeur voulait nous parler, je lui ai rétorqué que ça attendrait que je t'aie vue.

Il glissa une main dans mes cheveux et fit onduler une mèche autour de son doigt.

- Toujours aussi inapte à se plier aux règles, à ce que je vois, gloussai-je.

- Il n'y a pas de règles quand on a vu la mort à deux centimètres de nos yeux.

Je me mordis la lèvre.

- Ce n'est pas...

- Je sais, me coupa-t-il.

- C'était l'enfer, hein ?

- Si ça ne l'était pas, Satan a du soucis à se faire : la concurrence se fait rude.

- Parle-moi. Raconte-moi.

Alors qu'il ouvrait la bouche pour me répondre, on toqua à la porte. C'était Théo. Le voir me parut étrange, je ne savais pas quoi dire. J'étais soulagée bien sûr, mais devais-je le prendre dans mes bras ? Ou simplement le saluer ?

Je remarquai qu'il était dans un meilleur état que Frazer. Ses vêtements étaient propres, ses cheveux encore mouillés. Frazer lui n'avait pas pris cette peine, son visage fatigué s'alliait avec ses fringues tâchées de sueur et de... liquide rouge visqueux qui ne pouvait qu'être le témoignage de cette horrible violence qu'il avait subit. Pourtant, il portait sur son visage une expression différente. Ses yeux pétillaient et malgrès une certaine réserve, il semblait franchement heureux.

90 jours ensembleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant