Alors que je rentrais de la plage, les cheveux mouillés et la peau asséché par le sel, un peu fatiguée par les dix allers retours en nage que je venais d'effectuer, une silhouette s'avança vers moi.
Je remarquai d'abord son sourire. Puis ses cheveux. Ses beaux cheveux eben. Et enfin son regard. C'était Théo. Mon cœur se mit à battre irraisonnablement. Comment était-ce possible ?
Depuis qu'on s'était rencontrés, soit un peu plus de trois semaines maintenant, je ne l'avais jamais vraiment revu. Une fois, lors d'un bal organisé par le voisinage, nos regards s'étaient croisés. Un autre jour aussi, Frazer et ses amis avaient organisés un barbecue sur la plage. Il était passé en coup de vent. Mais on ne s'était jamais adressé la parole, et j'avais toujours réussi à l'éviter.
Ma réaction quand il était dans les parages me faisait peur. Et puis Frazer le détestait. Chaque fois qu'ils se voyaient, les yeux de Théo lançaient des éclairs.
Finalement, je n'avais jamais eu l'occasion de rencontrer les fameuses filles Cabernet puisque cet été, elles partaient en Australie. Tout le monde avait pouffé que c'était mieux ainsi et qu'ils vivraient mieux sans elles mais ces paroles sentaient tout de même un peu l'hypocrisie.
Autre événement majeur, Margaux nous avait présenté son copain, Yan. J'en étais tombée des nus. Est-ce qu'elle le trompait avec Frazer ou avais-je simplement mal interprété ce qui s'était passé le premier jour, tellement j'étais obnubilée par le fait que Frazer puisse avoir une copine ?
- Lucie ? m'interpella Théo qui ne se tenait plus qu'à quelques centimètres de moi.
- Je crois qu'on s'est mal présenté, sourit-il. Enfin, je veux dire, c'est dommage qu'on n'ait pas pu tant se connaître pendant ces semaines.
- Je ne t'ai pas beaucoup croisé cela-dit, expliquai-je.
- C'est vrai. Désolé. Ça te dit de marcher un peu sur la plage ce soir ? Comme des amis, bien sûr ?
- Bien sûr, souris-je, mon cœur battant la chamade. On dit dix-neuf heures ?
- C'est parfait ! Tu rentres de la mer je vois. Tu es toute seule ?
- Oui, Frazer n'est pas venu...
Son sourire sembla s'agrandir légèrement.
- Oh, c'est dommage.
- Oui, j'imagine, haussai-je les épaules.
Je consultai l'heure sur ma montre. Il était dix-sept heures. Frazer ne tarderait pas à rentrer, comme toute la famille Ponti. Ils étaient partis ce matin à l'aube sans vraiment me dire ce qu'il se passait. J'étais seulement dispensée de cours et il restait de la pizza dans le frigo. Alors j'avais passé une bonne partie de ma journée à la plage, tout de même curieuse de savoir où ils étaient tous partis et pourquoi Frazer ne m'en avait pas parlé hier soir.
- Eh bien... On se voit ce soir ! Dis-je en lui adressant un petit signe de la main.
Il acquiesça et je rentrai, le cœur léger. Il avait dit « comme ami », mais j'avais tout de même hâte...
Tandis que je prenais ma douche, j'entendis Frazer crier dans le couloir qu'ils étaient rentrés. Lorsque je sortis, dix minutes après, je le trouvai assis sur mon lit, les bras ballants.
- Où étiez-vous aujourd'hui ? M'enquis-je.
- Oh, çà et là. Désolé de ne pas t'avoir prévenu plus tôt. C'était un peu l'urgence ce matin, répondit-il.
Encore un de ces fameux secrets que je ne comprenais pas très bien...
- Dis, tu veux regarder un film ce soir ? me proposa-t-il.
Je me pinçai la lèvre.
- J'ai croisé Théo en rentrant de la plage. Il m'a proposé d'aller faire un tour ce soir... J'ai dit oui.
Son visage se crispa.
- Je ne savais pas que toi et Théo étiez amis.
- On ne l'est pas vraiment. Justement, il voulait faire un peu connaissance, c'est tout.
- Très bien. Amuse toi-bien.
Je voyais très bien qu'il ne le pensait pas. Mais après tout, qu'est-ce que ça pouvait lui faire, que je voie Théo ?
- Au fait, dit-il, soudain beaucoup plus froid. En rentrant, est-ce que tu pourras aller voir Camille ? Je pense qu'elle aurait besoin d'aide avec Julien.
- Bien sûr ! Il n'y a pas de soucis ! C'est avec plaisir !
- Merci, Luce.
Et sur ce, il sortit de la chambre, l'air vaguement dégouté et triste. Mais ce n'était pas qu'à cause de Théo. J'avais décelé ce chagrin dans ces yeux dès que je l'avais vu dans ma chambre. Avait-ce un rapport avec ce qui s'était passé aujourd'hui ? Mais que s'était-il passé exactement aujourd'hui ?
J'enfilai une robe blanche évasé et une ceinture en daim pour lui donner plus de forme et entrain de me démêler les cheveux quand la mère de Frazer fit son apparition.
- Lucie, je peux venir te parler un instant ?
- Oui, bien sûr Mme Ponti, que se passe-t-il ? M'inquiétai-je.
Avais-je fait une bêtise durant leur absence. Etait-elle mécontente des cours que j'essayai de donner à Frazer ?
- Ecoute chérie, commença-t-elle. Désolé pour aujourd'hui. Nous avons eu une petite urgence familiale. J'espère que ça ne t'a pas trop importunée.
- Oh non, ne vous inquiétez pas, souris-je. Je comprends très bien.
- Merci. Voilà, je sais que Camille et toi vous entendez bien, n'est-ce pas ?
- Oh oui ! Votre fille est une vraie perle !
- Je sais, soupira-t-elle. Enfin, je me demandais si ça te dérangeait d'aller te balader un peu avec elle en ville demain, et tu sais, parler de truc de fille ? Je crois qu'il y a ce garçon qu'elle aime bien...
- Mais bien sûr ! acquiesçai-je, ça me rendrait super heureuse ! Je n'arrive pas à croire qu'on n'y est pas pensé plus tôt !
- Merci, Lucie. Je savais que tu étais une fille attentionnée.
Elle me gratifia d'un large sourire puis sortit à son tour tandis que je restai assise, la brosse toujours dans mes cheveux, comme figée. Pourquoi tout le monde me demandait-il de m'occuper de Camille ? C'était bizarre...
/ NDA :
Ca me fait vraiment plaisir de voir qu'il y a quelques personnes qui suivent mon livre! C'est super encourageant et tout, merci beaucoup!!
Petite question : Que s'est-il passé d'après vous durant cette "urgence familiale"? /
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90 jours ensemble
Romance""Lorsque Frazer m'a proposé de jouer, j'ai d'abord dit non. Comment pouvait-il croire que je l'accompagnerai en Croatie tout l'été, juste parce que les dés en avaient décidé ainsi? Puis oui. Parce que c'était fou, incroyable, irréel. Parce que ça...