62 - J'ai besoin de toi

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- Alors finalement, tu es venu.

- Je ne pouvais pas ne pas te voir dans cette robe sublime, déclara-t-il. Il y a des centaines de femmes dans cette salle, mais il n'y en a qu'une qui réussisse à me couper le souffle à ce point. Lucie, je suis dingue de toi.

Il passa son bras autour de ma taille et nous nous glissâmes discrètement hors de la villa. Dehors, le calme régnait et la nuit était tombée. Nous marchâmes sur la plage un long moment sans rien dire, appréciant juste d'être ici, en vie, ensemble.

Lorsque sa voix brisa le silence, ce fut de façon si brute et si simple que j'en fus prise de frisson.

- Je suis désolé, murmura-t-il. J'ai besoin de toi, et je t'ai repoussé au moment où j'aurai dû te garder près de moi, au moment où je te voulais avec moi. Comment te dire, Lucie ? Si cent gommes pouvaient effacer ce que j'ai fait, j'en prendrai mille. Et je gommerai, encore et encore, jusqu'à ce que le mot « éternité » se découvre et se grave à jamais...

- J'aurais tout fait pour toi, Frazer. Tu pouvais me rejeter tant que tu voulais, briser les cartes autant qu'il te plaisait, j'aurais tout fait pour toi. Et si je pouvais relancer les dés ce cours-là, je ne le ferai pas.

Durant ces jours, j'ai connu la vie. Avec toi, tout paraissait un peu plus excitant. C'était dangereux parfois, comme ce jeu en Italie, c'était fou souvent et même limite inconscient. Mais avec toi, j'ai compris que vivre, c'est sortir de sa zone de confort. Vivre, c'est voyager, découvrir, aimer. Mais vivre, c'est aussi accepter de se perdre quelquefois, pour arriver à une destination imprévue et beaucoup mieux.

J'ai connu la mort aussi. De près, de loin, j'ai souffert, j'ai eu peur. Pour toi, pour Camille, pour mes amis, pour tout ce qu'on aurait pu m'ôter. Et cette peur, cette peur affreuse de perdre les étoiles qui gravitaient autour de mon monde, c'était aussi celle qui me permettait d'avancer. Bats-toi, me disais-tu.

Alors, je me suis battue. Je me suis bien battue je crois. Contre les stéréotypes, contre la mort, la vie, contre toi, contre moi-même. Je me battrai encore pour toi tant que tu me laisseras t'aider. Parce que, comme tu me l'as dit : « Quand on a traversé le feu sans se brûler, on peut vivre dans les grands froids et résister ». Parce qu'on est ensemble. Parce que, au fond, quand il ne reste plus rien, il reste toujours l'amour.

L'amour, Frazer. Je l'ai connu aussi. Grâce à toi, pour toi. Et pour toujours, ou quelque chose comme ça. Oh si tu savais...

- Si j'avais su Lucie, j'aurais parié pour partir ensemble « toute notre vie », ou quelque chose comme ça. Je t'aime comme un fou. Je t'aime jusqu'à toucher les étoiles. Je t'aime, simplement.

Ses mots se perdirent dans les vagues qui déjà emmenaient nos promesses éternelles à l'horizon infini. Sa bouche se mêla à la mienne, ses doigts s'agrippèrent au miens, et ce fut le plus beau baiser que je n'aie jamais connu. Le temps n'avait plus de bornes sur cet espace sauvage et désert. J'étais lui, il était moi.

Quatre-vingt-dix jours pour gagner, une seconde pour s'aimer.

FIN 

90 jours ensembleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant