32 -Confusion

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Je regardai autour de moi, effarée. Où étais-je ? Que s'était-il passé ? Tout était noir, et quelqu'un était penché au-dessus de moi, murmurant, ou plutôt criant mon nom. Je tournai la tête à gauche. Il y avait des ombres noires et fines, comme des piliers. Puis à droite. Quelque chose de similaire.

- Lucie ? redit la voix douce et puissante.

Le visage apparut soudain plus nettement et je pus distinguer les yeux rieurs de Frazer.

- Euh, pardon ? chuchotai-je.

- Tu ne te souviens pas ? demanda-t-il, nerveux.

- Pas vraiment. Ca va me revenir, t'inquiet.

Il regarda autour de lui, nerveux. Au fur et à mesure, les événements me revenaient. La noyade, le stress, la fatigue et puis...

- On s'est embrassés, nous déclarâmes exactement au même moment.

- Ouf, tu t'en souviens, dit-il, mal à l'aise. J'hésitai à te le dire.

- Et après ? Je veux dire ?

- Eh bien, après... Tu t'es évanouie.

- Oh ! Quoi ? Rougis-je. Non ! Quoi !

- Je ne sais pas trop comment le prendre en fait...

- Moi non plus.

- Je t'avoue que j'ai vu pas mal de réaction après un baiser, mais s'évanouir, c'était la première.

Il me lança une bourrade sur le dos.

- Félicitations Lucie, rit-il.

- Arrête, c'est gênant. C'était sûrement trop.

Et nous nous mîmes à rire de ces circonstances un peu.. étranges, avant que quelque chose ne vienne me frapper l'esprit comme un morceau de verre qui me fendrait la peau.

- J'ai trahi Théo. Mon dieu. Oh mon dieu. Je t'ai embrassé alors que je sortais avec Théo ! Oh non ! Non non non !

- Eh du calme. Ne commence pas à hyper ventiler. Je suis vraiment désolé, c'est entièrement ma faute. Je n'aurai pas dû. C'était des circonstances particulières et je ne sais pas, je n'ai pas réfléchi...

- Non, ne remet pas tout sur toi ! C'est totalement la mienne aussi ! J'aurai dû t'arrêter ! Pourquoi ne t'ai-je pas arrêter ? Est-ce que je dois le dire à Théo ? Mais attends, pourquoi tu as fait ça ? Ça ne pouvait rien vouloir dire ! Tu avais juste pitié de moi ?

Un ange passa, où Frazer me regardait, semblant me jauger. Il devait me trouver pathétique. Ce baiser ne voulait rien dire pour lui. C'était peut-être sa manière de réconforter les filles en pleurs. Et pour moi ? Non, ce n'était rien non plus. J'étais avec Théo. Mais pourtant... Cette manière qu'il avait de presser sa bouche, ce goût doux et rêche de ses lèvres... Non. Stop.

- Alors, ce n'était rien ? Dis-je, comme pour en être sure.

Il hésita un instant.

- Non. Non, rien du tout. Juste comme ça.

- Si c'était juste comme ça, inutile que je le dise à Théo, soufflai-je.

- Non, bien sûr que non.

- Bon...

Il se releva, gêné, et me tendit la main.

- On devrait aller les rejoindre, proposa-t-il.

- Bonne idée.

Julien et Théo, assis sur des canapés près de la réception, dégoulinant de transpiration et de sueur, parlaient aux standardistes. Nous les rejoignîmes et si Julien nous lança un regard interrogateur et quelque peu soupçonneux, nous fîmes mine de ne rien voir.

- Vous avez bien couru ? m'enquis-je.

- Oui, sourit Théo en m'embrassant sur la joue. Ça faisait du bien, après tant d'agitation. Le personnel était justement en train de nous dire que nous avions fait un boulot remarquable.

Nous sourîmes et après avoir dit au revoir, nous prîmes congés et montâmes dans notre chambre, Frazer et moi insistant lourdement pour que les deux sportifs prennent une douche. Ce n'était pas que leur odeur était désagréable mais... Eh bien si en fait !

- Bon, maugréa Frazer, ce n'était pas les plans que j'avais pour ce soir, mais j'imagine qu'on ne choisit pas toujours ce qui va nous tomber dessus.

Il me lança un petit regard en biais.

- Et quels étaient tes projets ? demanda Théo, sarcastique.

- Tu poses trop de question Théo, se moqua Frazer. Il y a des surprises qu'il vaut mieux ne pas savoir tout de suite !

Voir jamais, pensais-je.

- Eh bien, si tu fais ton mystérieux, ris-je, moi je vais me coucher ! A demain les gars.

Et d'un air que je voulus confiant, je refermai la porte qui séparait leur chambre de la mienne. Pourtant, en m'affalant dans mon lit, c'était comme si le sol se dérobait sous mes pieds. Qu'avais-je fait ce soir ? Etait-ce vraiment une erreur, due à des circonstances hors du commun ? Si je pouvais revenir en arrière, voudrais-je effacer ce baiser ?

Définitivement, non. J'étais dans de beaux draps...

90 jours ensembleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant